La SG affirme avoir arrêté la journaliste Nada Homsi pour avoir séjourné en Israël

Une carte israélienne, des munitions de guerre et de la drogue ont été saisies chez la journaliste américaine, selon la Sûreté générale libanaise.

Deux jours après la libération de la journaliste américaine d’origine syrienne basée à Beyrouth Nada Homsi, détenue pendant trois semaines, arbitrairement selon des ONG, la Sûreté générale libanaise a affirmé vendredi qu’elle a été arrêtée pour avoir séjourné en Israël, un pays avec lequel le Liban est techniquement en état de guerre.

Dans un communiqué, les services responsables expliquent avoir procédé à une perquisition, arrêté puis décidé de déporter Nada Homsi après avoir « confirmé qu’elle détient un second passeport attestant qu’elle est entrée et a séjourné en Israël ». Selon la SG, la journaliste a « caché l’existence de ce second passeport aux autorités compétentes ».

Munitions et fumigènes

« Sur ordre du parquet général militaire », la Sûreté générale explique avoir perquisitionné le domicile de Mme Homsi et y avoir trouvé « un livret israélien contenant une carte israélienne, des billets israéliens, des munitions de guerre, 41 sachets, deux bombes fumigènes vides et une quantité de haschich ».

Le service de sécurité explique que la journaliste a été libérée sous caution d’élection de domicile. Le directeur général de la SG a décidé, par la suite, qu’elle doit être « expulsée du territoire libanais, surtout que les lois libanaises interdisent à des étrangers d’origine libanaise d’entrer dans le pays s’ils se sont déjà rendus en Israël ou s’ils y ont séjourné ». Réagissant à cette décision, Mme Homsi, qui a refusé de quitter le pays, a présenté un recours contre son expulsion. Sa déportation a été suspendue jusqu’à ce que son recours soit examiné. Entre-temps elle a été libérée, et ses documents lui ont été rendus, explique la SG.

Contactée mercredi par L’Orient-Le Jour suite à sa libération, la journaliste avait affirmé ne pas connaître les raisons pour lesquelles elle avait été arrêtée. « Le 16 novembre, les service de renseignements, les Forces de sécurité intérieure (FSI) et le moukhtar sont entrés chez moi. Ils ont commencé à fouiller mon appartement sans aucun mandat de perquisition. Je n’ai pas compris pourquoi, parce qu’aucune plainte n’a été déposée contre moi », raconte-t-elle. Elle avait toutefois suspecté que cette arrestation soit « en lien avec la Palestine », envers laquelle elle ne cache pas son engagement.

Versions contradictoires quant à sa détention

Les ONG HRW et Amnesty international avaient indiqué que « les agents de la SG ont interdit à Nada Homsi de contacter sa famille ou un avocat pendant six jours après sa détention et qu’ils l’ont également interrogée en l’absence d’un avocat, en violation de l’article 47 du Code de procédure pénale ». L’avocate de la journaliste, Diala Chehadé, avait confie à L’Orient-Le Jour que lorsque Nada Homsi « a insisté sur son droit à un avocat, on lui a dit que ces droits ne s’appliquent pas à la SG ».

Toutefois, le service de sécurité a réfuté ces accusations, en affirmant que la journaliste « a été informée, lors de l’investigation, de tous ses droits et a signé les deux procès verbaux émis à son encontre, sans contrainte ».

Selon la loi libanaise, une personne peut être détenue pendant un maximum de 96 heures sans poursuites à son encontre, après quoi elle doit être libérée, rappellent HRW et Amnesty.

Selon le rapport annuel publié par Reporters sans frontières (RSF), le Liban occupe la 107e place sur 180 en matière de liberté de la presse, perdant ainsi cinq places par rapport au classement 2020. Une régression qualifiée d’inquiétante par les observateurs.

Gaby SIOUFI 16 h 31, le 11 décembre 2021  OLJ

La journaliste américaine Nada Homsi, détenue par le Sûreté générale libanaise pendant trois semaines. Photo Facebook/Nada Homsi

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires