Accueil International Les milices pro-iraniennes ont-elles assassiné Tara Fares?©

Les milices pro-iraniennes ont-elles assassiné Tara Fares?©

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Les Femmes d’Irak créent une sorte de « #ME TOO » à l’Irakienne, après l’assassinat de plusieurs FEMMES en vue.

Peu nombreuses sont celles qui croient à une amélioration de leur condition

Tara Fares est la dernière victime des attaques contre les femmes qui ont provoqué l’indignation en Irak.

femmes voilées irak

Femmes voilées dans la province septentrionale de Raqqa, en Irak. (crédit photo: REUTERS)

« Tu es la prochaine » : une autre ex-miss Irak menacée de mort

Après la mort de quatre Irakiennes influentes, dont une ex-miss Irak, une autre ancienne reine de beauté a reçu des menaces de mort.

Shimaa Qasim a reçu des menaces de mort. Capture d'écran InstagramPhoto HDShimaa Qasim a reçu des menaces de mort. Capture d’écran Instagram

Shimaa Qasim est une célébrité dans son pays natal. Elue miss Irak en 2015, sa popularité n’a cessé de grandir depuis. Elle est aujourd’hui suivie par 2,7 millions d’abonnés sur son compte Instagram. A 25 ans, elle poste régulièrement des selfies ou des photos où elle pose en jean et tee-shirt, comme n’importe quelle jeune fille de son âge, un peu partout dans le monde…

Mais mardi, lors d’un live Snapchat, elle a fondu en larmes devant sa multitude de followers. Elle a confié avoir reçu des menaces de mort : « Ils m’ont dit Tu es la prochaine. (…) Sommes-nous coupable d’être célèbres et d’apparaître dans les médias ? Nous sommes abattues comme des poulets. (…) Je n’ai pas peur, mais je joue mon âme. Je vais m’éloigner un peu des réseaux sociaux… » a-t-elle confié.

Shimaa Qasim est la deuxième ex-miss Irak a être prise pour cible dans son pays en quelques mois. La première, l’influenceuse et mannequin Tara Farès, a été abattue jeudi dernier en plein Bagdad par deux agresseurs qui se sont enfuis à scooter.

Elle a reçu trois balles tirées à bout portant, deux dans la tête et une dans la poitrine alors qu’elle se trouvait au volant de sa Porsche blanche décapotable aux fauteuils rouges. Elle avait 22 ans.

Suivie par 2,8 millions d’abonnés sur son compte Instagram, l’ex-miss Irak 2014 était engagée pour la cause des femmes dans son pays. Tatouée, indépendante, elle revendiquait son mode de vie « à l’occidentale » qui n’était pas du goût de certains, dans ce pays conservateur déchiré par des années de violence.

Deux jours avant l’exécution de Tara Farès, Souad al-Ali, 46 ans, militante des droits de l’homme et femme d’affaires à Bassorah, au sud du pays, était abattue de plusieurs balles alors qu’elle se trouvait elle aussi dans une voiture.

La police a ouvert une enquête et s’oriente pour l’heure sur la piste de son ex-mari, en fuite, et d’un différend familial.

Avant elles, en août, deux directrices de centre de beauté et de chirurgie plastique ont été retrouvées sans vie à leur domicile dans de mystérieuses circonstances. Rafif al-Yassiri, 32 ans, surnommée la « Barbie d’Irak », et Racha al-Hassan, fondatrice du « Viola beauty center », semblent être les premières victimes d’une série noire qui inquiète de plus en plus les autorités.

« Les femmes que je connais disent que leur tour viendra »

Le Premier ministre Haider al-Abadi a semblé établir un lien entre les événements de Bagdad et de Bassorah, ordonnant à des unités de renseignement d’élite de mener une enquête. Il a cité « des preuves suggérant l’existence d’un plan élaboré par des partis organisés pour saper la sécurité sous le prétexte de lutter contre la dépravation et les manifestations de déviance ».

Tara Farès, Rafif al-Yassiri et Racha al-Hassan sont toutes mortes un jeudi.

Depuis, l’angoisse monte dès que ce jour de la semaine approche… Safaa Nasser, styliste, organisait jusqu’à présent des défilés de mode. Mais dorénavant, elle avoue avoir changé de comportement : « Ces derniers jours, mes filles et moi sortons moins et je reste loin du monde de la mode (…) Il y a des gens qui ne veulent pas que l’Irak se développe ou que les femmes soient visibles. Ils veulent nous faire reculer. (…) Un réseau organisé est à l’origine d’actions préméditées. (…) Les femmes que je connais disent que leur tour viendra ».

L’un de ses derniers posts sur Instagram la montre avec des ailes d’ange vertes, une couronne et des joues rougeoyantes. Tara Fares a été abattue le jeudi 27 septembre alors qu’elle se rendait à Bagdad. La moto de ses agresseurs a filé. «Nous appartenons à Dieu et nous revenons à lui», lit-on dans un article à sa mémoire sur son compte Instagram.

Fares était la dernière en date d’une série de femmes mystérieusement assassinées à Bagdad et dans le sud de l’Irak. Les locaux craignent que cela ne ressemble à une tendance croissante à l’intimidation à l’égard de femmes qui se revendiquent libres. Fares était une mannequin et reine de beauté, mais son impact réel se mesure en ligne, avec ses 2,8 millions d’abonnés sur Instagram. Elle avait également un fan club actif (@tarafaressfans) qui publiait ses photos en ligne.

Certains ont pointé du doigt l’État islamique. Le journal turc Hurriyet a affirmé avoir reçu des menaces de la part de l’Etat islamique. Un article paru sur le réseau de presse kurde Rudaw a noté que la communauté chrétienne irakienne d’origine de Fares « a subi des persécutions répétées pour sa foi, entre les mains de différents régimes irakiens ».

Son assassinat est considéré comme lié aux assassinats ciblés d’autres femmes. Rafeel al-Yaseri et Rasha al-Hassan, impliquées dans l’industrie de la beauté et la chirurgie plastique en Irak, ont été tués en août. Suad al-Ali, militante à Bassorah, a également été assassinée ce mois-ci. L’année dernière, un modèle masculin, Karar Nushi, a également été assassiné à Bagdad.

Fares vivait à Erbil, dans la région du Kurdistan, mais elle allait à Bagdad de temps à autre et a été prise pour cible lors de son plus récent voyage. Erbil est considérée comme plus sûre et de nombreux chrétiens ont fui des zones telles que les plaines de Ninive, pour retrouver la sécurité dans la région kurde.

Rasha al-Aqeedi, qui est originaire de Mossoul et membre de l’Institut de recherche sur les politiques étrangères, a demandé : «À quel point vous devez être désespérés et peu sûrs de vous, pour que Tara représente une menace pour vous!!? La masculinité fragile de ceux qui ont accès aux armes en Irak est stupéfiante. »

Elle a déclaré qu’on pouvait relier ces événements à la récente audition de Brett Kavanaugh aux États-Unis. « Alors que le monde regarde le témoignage courageux de Christine Blasey Ford, une autre actrice des réseaux sociaux en Irak a été abattue », a-t-elle déclaré.

Mais qui tue les femmes? Demandez aux Irakiens. Beaucoup suggèrent en privé qu’il ne s’agit pas d’une histoire simpliste concernant Daesh ou de «fanatiques» obscurs, mais plutôt d’une motivation plus complexe.

« Dans l’une de ses vidéos, elle maudissait un membre du clergé chiite », a déclaré une source. Selon une vidéo postée en ligne après sa mort, elle se serait plainte du clergé chiite qui aurait proposé un «mariage temporaire» et elle aurait affirmé que des hommes politiques en Irak avaient pillé le pays. Le mariage temporaire est souvent utilisé comme un euphémisme pour désigner la prostitution en Iran, et la proposition qui lui était faite démontre qu’elle était harcelée et qu’on ne se gênait pas pour lui faire des propositions éhontées.

Les Irakiens expriment leur pessimisme que ce meurtre puisse conduire à un changement des mentalités. Même si une femme a été nommée à la présidence irakienne cette année, cela n’est pas perçu comme une avancée au beau milieu de l’accumulation des meurtres. Un employé de la télévision Al-Iraqiya, qui travaillait au Conseil supérieur de la magistrature irakien, a qualifié Fares de «putain», ce qui a provoqué un tollé supplémentaire et poussé à réclamer son renvoi.

Au milieu de l’effusion de souvenirs respectueux envers Fares et de la couverture internationale de l’affaire de meurtre, un porte-parole du ministère de l’Intérieur à Bagdad a déclaré que le Premier ministre avait ordonné la création d’un comité spécial chargé de traduire les responsables en justice. Dans un message privé, un homme connaissant Fares a déclaré qu’elle avait vécu près de lui et qu’elle avait été avertie de ne pas se rendre à Bagdad. Il a dit que les gens répandaient des rumeurs selon lesquelles elle travaillait comme prostituée et que «c’est la raison pour laquelle ils l’ont tuée».

Fares est considéré comme une sorte de symbole invitant de nombreux Irakiens à dénoncer le sentiment croissant que les extrémistes conservateurs d’extrême droite visent les femmes. Arayish Barzinjee-Martsch, né à Erbil et qui suit la politique en Irak, a écrit que  cinq femmes avaient été tuées récemment et qu’alors que Bagdad demande une enquête, l’influence de l’Iran pourrait être mise en cause.

« L’Iran tente de transformer Bagdad en une sorte de centre religieux ou quelque chose du genre », a-t-il déclaré. «À mon avis, il se sert des exemples de ces femmes éminentes pour faire taire celles et ceux qui veulent briser le moule.» Il s’agit de faire respecter les normes sociales, plus que de la politique, a-t-il déclaré.

Une autre source du sud de l’Irak pense que l’attaque avait été perpétrée par des membres du groupe Hashd al-Shaabi, des milices chiites financés par l’Iran. Mais il a affirmé que les milices fidèles au clerc irakien Ayatollah Ali al Sistani, à la différence de celles plus proches de Téhéran, n’en auraient probablement pas mené.

«Les partis alignés sur l’Iran ne sont pas satisfaits de l’état des activités de la société civile après les manifestations de Bassorah.» Les manifestations dans la ville de Bassorah ont visé des partis soutenus par l’Iran.

« Ce n’était pas tant qu’elle était chrétienne, mais à cause son comportement, sa consommation d’alcool en public et sa façon de s’habiller », déclare un autre Irakien qui a demandé à rester anonyme.

«C’est ce qui se passe après que des milliers de jeunes hommes sont partis en guerre sous des bannières religieuses et sont revenus dans les villes», a-t-il déclaré, évoquant les milices chiites qui ont combattu le groupe État islamique et sont maintenant rentrées chez elles dans des endroits tels que Bassorah et Bagdad.

En ligne, la discussion s’est transformée en une sorte de «Me Too/(moi aussi»). «Les récents assassinats de personnalités féminines en Irak ont ​​poussé les commentateurs à exprimer leurs préoccupations», écrit une femme qui publiee sur Twitter, sur le compte @ Observer46664. «Les Irakiennes qui vivent ici ont TOUJOURS été douloureusement conscientes de leur vulnérabilité et de leur statut social fragile.» La «fière féministe irakienne» écrit sur Twitter: «Je suis une Irakienne qui a vécu à Bagdad et mon travail me permet de voir des femmes et chaque jour, les filles, les horreurs que je vois et entends se situent au-delà du découragement. « Elle dit qu’il est difficile de « concilier son amour pour le pays avec la culture patriarcale » qui retient en otages les femmes irakiennes « . Et les oppresseurs ne sont pas qu’un petit minorité, mais «sont le produit d’une culture dominante qui donne la priorité aux hommes».

À chaque meurtre, les chances qu’une autre femme prenne la place de la victime et tente de persévérer et de défier le système, diminuent. Avec les protestations à Bassorah et les incertitudes quant au prochain gouvernement de l’Irak, y compris la menace persistante que représente l’Etat islamique, le pays a l’impression de se trouver à un nouveau carrefour. L’assassinat de Fares était symbolique et constituait une nouvelle tentative de faire taire une voix ouverte dans un pays qui cherchait à oublier les jours sombres de l’Etat islamique et à en sortir plus fort. Au lieu de cela, les habitants estiment que les milices et les religieux continueront à exercer leur influence dominatrice. « Les tueries vont continuer, le gouvernement n’a même pas appelé cela de terrorisme», écrit un homme de Mossoul.

PAR SETH J. FRANTZMAN
 30 SEPTEMBRE 2018 13:23

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Élie de Paris

La malheureuse se baladait en porche blanche cabriolet à fauteuil rouge. Comme si on descendait dans la fosse aux lions avec un collier de saucisses autour du cou.
Pas futée… Son pays est le carrefour de la guerre !

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