Les Kurdes, grands absents de la stratégie géopolitique de la France face à Daesh

 

6637-100238104Invité ce 19 novembre de France Inter, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères a expliqué la stratégie géopolitique de la France face à Daesh. Dans les propos du numéro deux du gouvernement, nulle trace de la composante kurde qui reste pourtant l’une des forces militaires et politiques essentielles face au proto-Etat islamique.

Tragique oubli. Laurent Fabius était l’invité ce matin de Patrick Cohen sur les ondes de France Inter pour expliquer la stratégie de la France dans sa lutte contre Daesh. S’il s’est bien gardé de l’avouer, le numéro 2 du gouvernement a bel et bien enterré , en entérinant le rapprochement avec Vladimir Poutine. « Je vais être clair : en ce qui concerne les frappes contre Daesh nous n’infléchissons pas notre politique », s’est-il défendu tout en concédant que « là où on peut dire qu’il y a une adaptation, c’est que nous continuons à dire qu’il faut une transition politique, mais nous ne disons pas qu’elle doit être la transition politique au début. » En clair, la question de Bachar El-Assad n’est plus la priorité du moment. Passons… Mais parmi les lignes stratégiques défendues par notre ministre des Affaires étrangères, pas un mot sur la question kurde. Un oubli coupable.

Car les Kurdes dans leur diversité, Kurdes irakiens, syriens et turcs, se battent sur le terrain et obtiennent de nombreuses victoires militaires. Dans le nord-est de la Syrie par exemple,d’une zone équivalant à 1400 kilomètres carrés comme l’affirmait lundi son porte-parole. Une coalition qui regroupe principalement les Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale milice kurde syrienne, le groupe majoritairement arabe Burkan al-Furat (le volcan de l’Euphrate), des tribus arabes et des chrétiens syriaques, et qui a été créée le 12 octobre avec le soutien des Etats-Unis et bénéficie de l’appui de l’aviation américaine lors de ses opérations.

Gérard Chaliand, géopolitologue, spécialiste des conflits internationaux, auteur de La question kurde à l’heure de Daech rappelait notamment dans un entretien accordé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) en juillet dernier que « s’il est exclu qu’ils puissent dépasser le périmètre qu’ils contrôlent aujourd’hui en Irak [du fait qu’ils soient kurdes et non arabes] ils représentent un rempart. »

Quant aux Kurdes de Syrie « qui se sont auto-organisés en proto-Etat, avec parlement, représentation de minorités (…) et qui se présentent aujourd’hui comme la force la mieux organisée du point de vue militaire de l’ensemble kurde. Kobané a été à cet égard emblématique (…) ces Kurdes de Syrie ont renversé le rapport des forces au nord de la région et ont mis en échec les forces de Daesh », expliquait-il.

Des victoires militaires qui permettent donc de prendre en étau les forces de Daesh et de leur couper certaines routes très précieuses pour la contrebande.

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Alors pourquoi les Kurdes n’apparaissent-ils pas dans les radars de Laurent Fabius ? Tout simplement parce qu’un appui trop prononcé à ces « alliés objectifs », et notamment au YPG, la branche armée du PKK, risquerait de mettre sérieusement en rogne Recep Tayyip Erdoğan, le Président de la République de Turquie qui refuse toute forme d’autonomie des Kurdes de Turquie. Un Erdogan qui entretient pourtant , et qui selon de nombreux observateurs, fermeraient les yeux sur le marché noir et les circulations des djihadistes de l’EI.

Mais à l’heure où l’EI vient de frapper la France au cœur de sa capitale, il serait temps que la France décide enfin de clarifier ses relations diplomatiques et militaires pour mettre en œuvre tout ce qui est en son pouvoir pour lutter efficacement contre Daesh.

Bruno Rieth

Source:   marianne.net

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André

Pourtant s’il y a in peuple dans cette région qui mérite un Etat souverain c’est le peuple kurde. Bien plus que le soit disant « peuple palestinien ancestral » né en 1964…