Le terrorisme n’a pas que gagné du terrain dans les banlieues islamisées, mais bien partout en France. Il n’a pas que gagné du terrain partout en France, mais il a aussi gagné les cerveaux des jeunes. Il n’a pas que gagné les cerveaux des jeunes, mais il a aussi gagné l’appui de citoyens français qui remettent en cause la laïcité. Il n’a pas que gagné l’appui de citoyens français qui œuvrent en idiots utiles contre la France, il a aussi gagné en apeurant une population qui se sent impuissante, tant la gouvernance est paralysée elle aussi par l’impuissance. Il n’a pas gagné uniquement en paralysant la gouvernance française, mais il a gagné en la rendant servile face à un terrorisme islamiste dont il est devenu incorrect de dire le nom. On veut nous faire croire que cette lutte, pour notre vie, obligerait à enfreindre les droits de l’Homme, en faisant par avance le procès d’une réaction salutaire. Cet homme qui n’a plus de libre arbitre puisqu’il devient petit à petit l’esclave aveugle d’une pensée barbare. La jeunesse avec une partie de cette classe stupide qui se prétend être l’intelligentsia s’est corrompue avec l’aide démoniaque d’une gauche islamofasciste qui a inversé toutes les valeurs, par une rhétorique anti-occidentale. L’école de la peur est devenue l’école de la terreur.

Cent trente collèges et lycées ont été visés par des menaces d’attentat en une semaine. Un climat inquiétant qui fait écho au rapport de deux sénateurs : les insultes, intimidations et agressions sont en hausse dans les établissements scolaires.

Aucun territoire de la République n’est épargné, comme l’explique Iannis Roder, professeur en Seine-Saint-Denis. Le rejet de la laïcité suit la même pente. 50 % des jeunes des 18-24 ans la voient comme un facteur de discrimination. Dans ce climat d’insécurité, le « pas de vagues » gagne du terrain et une partie des enseignants préfère s’autocensurer pour éviter tout dérapage.

Un fossé générationnel, instrumentalisé par certains syndicats de la gauche radicale, qui pousse le gouvernement à afficher sa fermeté. La laïcité est aujourd’hui plus que jamais menacée », a déclaré Gabriel Attal dans un entretien à l’AFP le 13 mars. En l’espace d’une semaine, le Premier ministre et le Sénat ont exprimé leurs vives inquiétudes face à ce que vit l’école.

Les faits divers au cours desquels les personnels de l’Éducation nationale sont mis en danger, médiatisés ou non, se multiplient. Le 28 février, c’est le proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel qui s’est retrouvé accusé d’avoir giflé une jeune fille après avoir demandé à cette élève de BTS d’ôter son voile à l’intérieur du lycée. Une accusation fausse qui a néanmoins entraîné sur les réseaux sociaux un emballement, devenu tristement classique, aboutissant à des menaces de mort à l’encontre du chef d’établissement.

Sa collègue de François-Villon, à Paris 14 , a également été menacée de mort en février par le père d’une élève venu le lui signifier au sein même du lycée. La proviseure, traumatisée, ne parvient plus à aller « chercher le pain » et est obligée de « se déplacer en voiture, la peur au ventre ».

Le 1 mars, Olivier G., prof dans un collège de la banlieue nord de Paris, a déposé plainte au commissariat pour menace à l’intégrité physique par un parent d’élève. Son tort ? « J’ai voulu le prévenir que son fils dysfonctionnait », racontet-il. En retour, « le père a menacé de venir me trouver pour me faire une BFMTV… Je suis sous le choc », conclu-t-il.

Le 14 mars, c’est la principale d’un collège de Chenôve, dans la banlieue de Dijon, qui se voit menacée par un élève de 15 ans brandissant un couteau.

Cette violence est au cœur du rapport rendu public le 6 mars par les sénateurs Laurent Lafon (Union centriste) et François-Noël Buffet (Les Républicains), membres de la commission sénatoriale d’enquête sur les menaces et agressions contre les enseignants. Devant une assistance fournie, les élus ont insisté sur le constat «empreint d’une certaine gravité» qu’« il ne faut surtout pas sous-estimer et minimiser ». « Le phénomène touche pratiquement tous les établissements, tous les territoires », alerte Laurent Lafon, quand son collègue juge que «l’exception française que constitue la laïcité à la française est en grand péril de dilution ou d’effacement». De fait, le rapport ne peut qu’inquiéter : la violence se manifeste par les insultes, menaces, pressions et agressions, lesquelles « constituent désormais le quotidien des enseignants et de l’ensemble du personnel ».

Les chiffres avancés font froid dans le dos. Sur une année scolaire, ce sont 58 500 enseignants menacés et 17 200 bousculés ou violentés. Plus grave encore, ils ont été 900 à être menacés d’une arme, soit 6 par jour d’école ouvrable.

Des données autrement impressionnantes que les 0,2 % rapportés par les services du ministère. Une violence que les sénateurs lient à des « contestations généralisées des valeurs de la République », à un « principe de laïcité méconnu et lui aussi contesté », le tout actant une « fracture générationnelle » à l’œuvre dans le pays…

Le sondage CSA présenté le même soir enfonce le clou : 50 % des jeunes de 18 à 24 ans considèrent que la laïcité est une source de discrimination (contre 36 % des Français), 45 % disent être attachés au principe de laïcité (contre 70 % des Français) et ils sont 49 % à penser que l’interdiction du port des signes religieux visibles à l’école est une atteinte à la liberté de religion (contre 29 % des Français).

À en juger par les propos de Gabriel Attal Premier ministre, parlant donc de cette « laïcité plus que jamais menacée » et s’alarmant « qu’on assiste à une augmentation du nombre de signalements pour contestation d’enseignement », cette réalité semble aujourd’hui reconnue au plus haut niveau de l’État. En témoigne également son déplacement, le 11 décembre dernier, en tant que ministre de l’Éducation nationale, au collège Jacques-Cartier, à Issou (Yvelines), où une professeure de français a été mise en cause par des élèves de sixième pour avoir montré en classe le tableau du début du XVII siècle Diane et Actéon, du peintre Cavalier d’Arpin. Le problème? Certains d’entre eux n’ont pas supporté la vue de représentations de femmes dénudées, jugées « impudiques ». Les parents de ces chers bambins, à l’unisson de leur progéniture, avaient protesté contre les méthodes pédagogiques de l’enseignante.

Un phénomène décrit aussi par le professeur de lettres Grégory Le Floch dans une récente tribune publiée par L’Obs. Ses élèves, explique-t-il, sont porteurs d’« une morale rabougrie et aveugle » qui les fait réagir au nom de considérations religieuses contre les enseignements qu’il propose.

LA LAÏCITÉ, CET ÉPOUVANTAIL COMMUN

Bien naïfs étaient ceux qui, en 1989 et après, pensaient, que « le jean l’emporterait sur le tchador », comme on pouvait le lire dans La Croix. La réalité de ces professeurs, de plus en plus nombreux à devoir supporter les remarques de jeunes sur lesquels l’école ne semble pas agir, leur oppose un immense démenti. Ainsi de ce professeur de philosophie d’un lycée du Val-d’Oise qui, le 20 janvier, explique dans un tweet les réponses effarantes reçues en séance de vie de classe. Quand il demande à ses élèves de citer une croyance surnaturelle, il se voit répondre : « L’homme descend du singe, c’est surnaturel, alors qu’en fait on vient d’Adam et Ève.» Une autre élève ajoutant : «Le singe, c’est la croyance des athées. » Les revendications religieuses ne sont pas l’apanage des élèves musulmans.

Delphine Girard, de l’association d’enseignants Vigilance Collèges Lycées, créée après l’assassinat de Samuel Paty, explique que les remises en cause du savoir sont légion, quels que soient le milieu social et les origines de la population scolaire. Quand elle analyse les mythes fondateurs comme des métaphores et qu’elle explique à ses élèves qu’« il est aussi invraisemblable scientifiquement que Zeus ait coupé le sexe de son père Chronos, que Mahomet soit monté à cheval pour voir Allah et que Jésus ait marché sur l’eau », elle dit avoir aujourd’hui les mêmes réactions dans son établissement de banlieue plutôt bourgeoise que dans le collège sensible où elle a enseigné pendant huit ans.

En outre, elle remarque une extension regrettable de la susceptibilité, certains élèves refusant l’idée qu’on choque leurs camarades croyants : « C’est encore plus délétère que lorsque ce sont des gamins qui se récrient parce qu’ils pensent que tu offenses leur croyance », se désole-telle. « L’épisode du tableau d’Issou [Diane et Actéon] n’est une surprise que pour les gens qui n’ont jamais enseigné. Cela arrive tous les jours », assure Delphine Girard.

Inquiète, elle observe qu’« on est dans un double étau où des jeunes d’extraction sociologique a priori antagonistes finissent par se rejoindre sur un épouvantail commun, la laïcité ». Un constat qui corrobore l’alerte du sénateur Buffet, pour qui « ce serait une grave erreur de se limiter au seul facteur religieux, car la laïcité a contre elle l’évolution même de nos sociétés ».

Un autre phénomène concourt à sa dévaluation. Les actes de violences, verbales et plus encore physiques, ont pour première conséquence le sentiment d’insécurité. Qui aboutit logiquement à l’autocensure, en véritable inflation, selon le rapport du Sénat. Deux sondages, réalisés en 2018 et 2022, indiquent que la part d’enseignants reconnaissant s’autocensurer est passée de 36 % à 56 % en quatre ans.

Éluder un sujet, c’est éviter le risque de dérapage quand « les contestations d’enseignement touchent la quasi-totalité des matières » et que « le passage à l’acte à la suite d’une menace verbale est désormais perçu comme une éventualité » par les personnels, indique le rapport, direction incluse.

Carole Zerbib, du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN), principal syndicat des chefs d’établissement, déclarait ainsi au micro de RMC que « des parents d’élèves, des élèves s’autorisent à menacer les personnels dans l’école ». Et indiquait avoir déjà eu à vivre des expériences de violences à son encontre. La manifestation inédite de plusieurs dizaines de personnels de direction de l’académie de Paris, sur la place de la Sorbonne, le 4 mars, en dit long sur les inquiétudes de ce corps pourtant habituellement si discret. Pendant de trop nombreuses années, le refus du réel par une frange du monde enseignant a accompagné le laisser-faire de l’institution. Elle préférait, à l’image de François Fillon, ministre de l’Éducation nationale qui enterra le rapport de l’inspecteur général JeanPierre Obin, ne pas faire de vagues…

Le réveil remonte à octobre 2018. À la suite de l’agression violente dont est victime, dans sa classe, une professeure de l’académie de Créteil, des professeurs créent le hashtag #PasDeVague. Cette initiative entraîne une libération de la parole et l’afflux en quelques jours de 40 000 témoignages sur les violences subies par les enseignants, lesquels se plaignent du manque de réactivité de l’institution scolaire, et notamment de la hiérarchie immédiate.

Le SNES, principal syndicat enseignant du secondaire, tente alors de rattraper le mouvement de protestation en menant une enquête auprès de ses adhérents. Il en ressort que «9 répondants sur 10 affirment avoir déjà été confrontés à des situations d’incivilité ou de violence. Trois quarts d’entre eux jugent la réponse apportée par l’administration inadaptée. Faits minimisés, affaire étouffée, reproches à la suite d’un dépôt de plainte… ».

Les témoignages recueillis par le SNES-FSU dans le cadre de son enquête #PasDeVague expriment sans fard le malaise des enseignants. Mais l’enquête du syndicat ne permet pas de comprendre les motivations des violences : actes gratuits ? contestations de cours ?

EFFACEMENT DU RÉEL

Si, depuis vingt ans, mais surtout depuis l’assassinat de Samuel Paty, la prise en compte des problèmes s’est améliorée, les vieux réflexes ont la vie dure. Ils resurgissent ici ou là, par peur de la publicisation ou par compassion pour les élèves, car « parfois la bienveillance peut l’emporter sur les exigences que nous devons avoir », reconnaît Carole Zerbib. Nous ne sommes plus dans les années 2000, nier la réalité devient de plus en plus compliqué, mais la tentation de fuir le réel perdure chez une partie du monde enseignant, gênée par la question des violences subies par les personnels.

Un responsable syndical explique ainsi que « localement, il peut exister un déni », car les auteurs de contestations et de violences sont plus nombreux dans les espaces de relégation sociale, et la défense des opprimés peut prendre le pas sur la dénonciation des actes répréhensibles. D’autre part, cette incapacité à nommer les choses tient à « la peur de l’instrumentalisation » par la droite et l’extrême droite, ajoute le responsable syndical. On peut penser que c’est cette peur qui a poussé la FSU, centrale syndicale de la fonction publique, à ne pas spécifier l’origine politique de l’assassin de Samuel Paty dans son communiqué après le drame.

Dans les années 2000 et 2010, la montée du communautarisme, poussée par les islamistes, avait déjà été largement ignorée par les syndicats. La FSU récidive dans son communiqué du 13 octobre 2023 pour dénoncer « l’attaque terroriste qui a coûté la vie à Dominique Bernard ». Pas d’islamisme donc…

Grégory Le Floch, pourtant auteur de la tribune publiée dans L’Obs sur la pudibonderie de ses élèves, justifie au micro de France Culture de ne pas nommer l’origine de ces conflits par un souhait de rester audible et lu. Un constat qui en dit long. Il faudrait donc effacer une partie du réel et le rendre de fait incompréhensible pour être entendu. C’est parfois le positionnement politique de certains enseignants qui compromettent la défense de la laïcité.

Valérie D., enseignante dans la métropole lilloise, raconte que ses « propres élèves signalent des entorses à la neutralité de la part de collègues, notamment en termes politiques». Une réalité rapportée par de nombreux professeurs.

Tous connaissent un ou des collègues qui, politiquement, ont du mal à respecter leur statut de fonctionnaire et la neutralité qu’il implique. Cet engagement peut déboucher sur des positions très problématiques. C’est le cas en pleine polémique sur l’abaya, lorsque des enseignants du lycée Maurice-Utrillo de Stains, en Seine-Saint-Denis, distribuent aux parents et aux élèves devant le lycée des tracts, signés « l’AG de lutte du lycée Utrillo », les appelant à manifester « pour dire non à la politique islamophobe du gouvernement».

Un autre, émanant cette fois des principales sections syndicales du 93 (SUD, SNES, SGEN-CFDT, FO, CGT) tonne contre ces « politiques qui organisent le manque de moyens, de financement et de personnel» et « s’accompagnent de politiques racistes ». Un autre encore, de SUD 93, demande le 14 mars « l’abrogation de la loi de 2004 qui a permis trop de circulaires islamophobes », « loi “raciste et sexiste” » et appelle à « soutenir les collègues qui dénoncent les formations réactionnaires sur la laïcité et qui défendent les élèves ».

Comprendre : qui refusent de faire appliquer la loi. Sylvie F., enseignante au lycée Jean-Macé de Rennes, raconte qu’une banderole « Touche pas à mon abaya » a été accrochée par des fonctionnaires à la même période sur les grilles de l’établissement… Des positions à rebours du discours, très clair, de la secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay au micro de France Info le 12 décembre : « On peut mourir d’enseigner en France. » Si une part du monde syndical enseignant abandonne le combat laïque républicain, c’est souvent en raison de sa proximité avec cette gauche qui, à l’image de LFI, a basculé dans un autre agenda.

C’est par exemple Danièle Obono dénonçant à propos de l’interdiction de l’abaya une décision « anti-laïque et sexiste » ou Manuel Bompard qui, dans Sud Ouest le 6 septembre, estime que cette interdiction « ouvre la voie à l’arbitraire » et à « des situations de discrimination en raison d’une pratique religieuse, donc à de l’islamophobie ». C’est encore Danielle Simonnet, qui, à propos de l’affaire du lycée Maurice-Ravel, demande : « Le proviseur a-t-il frappé l’élève ? Le respect du non-port du voile ne justifie aucune violence physique », mettant en doute le professionnalisme du chef d’établissement et donnant crédit au discours de la jeune fille.

On est loin du Jean-Luc Mélenchon de 2010 qui estimait que « le voile est une pratique répugnante et obscène ». On peut mourir d’enseigner en France.”

DURCIR LE TON EN INTERNE

L’Éducation nationale a besoin de cohésion et de cohérence pour faire face. Les pouvoirs politiques ont pris conscience de l’étendue des dégâts…

Il s’agit maintenant de parvenir à mettre l’institution en ordre de bataille pour lui faire remporter «la victoire de l’école qui sonnera le glas de l’obscurantisme » appelée par Gabriel Attal. Les mesures annoncées ou proposées par le Premier ministre et le Sénat viendront compléter les dispositifs mis en place depuis les attentats de 2015, puis avec l’assassinat de Samuel Paty (équipes valeurs de la République, Conseil des sages de la laïcité, référent laïcité, grand plan de formation, cellule radicalisation, etc.).

L’Éducation nationale a besoin de cohésion et de cohérence, mais si elle veut que les discours et mesures portent, elle devra durcir le ton contre ceux qui, notamment en interne, la fragilisent et, avec elle, la République.

La récente décision du tribunal administratif de Montreuil, qui annule la sanction disciplinaire prononcée par le rectorat de Créteil à l’encontre d’un professeur militant, représentant syndical, qui avait publiquement moqué des inspecteurs de l’Éducation nationale venus faire une formation laïcité dans son lycée de Pantin est, pour le coup, un mauvais signal… ■

PAR Iannis Roder, x@franctireurmag & JForum.fr

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires