Alors que le doute s’installe dans l’opinion publique israélienne sur l’opportunité d’une attaque des bases nucléaires de l’Iran, des informations de source militaire démontrent que, si Israël se prépare à toutes les éventualités, la partie adverse organise sa défense comme si la guerre devait éclater demain. Les israéliens s’inquiètent du double jeu russe qui consiste d’une part, à se joindre mollement aux Etats-Unis pour le vote éventuel de sanctions contre l’Iran et d’autre part, à participer à la modernisation des armées iranienne et syrienne.

Les services de renseignements ont confirmé que des Gardiens de la Révolution islamique iraniens s’entrainaient en secret dans des bases russes au maniement du système missiles-antimissiles S300 pour être prêts lorsque ce matériel parviendra en Iran.

Les russes ne voteront pas de sanctions contraignantes incluant l’interdiction de livraison de ce type de matériel.

Ils ont déjà accepté de fournir des avions de combat Mig-29, des missiles de courte portée Pantsyr, des véhicules blindés et d’autres armes conventionnelles.


Missiles S300

Mises en gardes américaines

Le conseiller nucléaire de Barack Obama avait soulevé le problème en précisant : «Les Etats-Unis ont fait savoir à la Russie que la livraison d’un système avancé de défense aérienne à l’Iran aurait des conséquences graves sur les relations américano-russes» donnant l’impression que les Etats-Unis étaient prêts à vivre une nouvelle guerre froide.

Les russes ont rétorqué «qu’ils n’attendaient pas de conseils en provenance de l’autre côté de l’océan».

Les israéliens suivent avec gravité l’évolution de la situation et s’intéressent surtout à la position des chinois sur l’interdiction du réarmement de l’Iran.

Ces évolutions militaires n’ont pas poussé Barack Obama à revoir sa copie en ce qui concerne ses relations avec Israël, et il se garde de réchauffer ses relations avec Benjamin Netanyahou.

Il a d’ailleurs prouvé son exaspération en refusant de recevoir le premier ministre israélien en visite aux États-Unis ce qui est considéré comme une humiliation politique publique.

L’alibi d’agendas chargés ne tient pas lorsque les sujets à débattre sont si cruciaux.

Le président américain a d’autre part imposé à ses conseillers de cesser de pressuriser Israël pour obtenir de nouvelles concessions en donnant l’impression qu’il craignait le débat sur l’Iran.

Les israéliens espéraient un revirement du président américain avec l’approche des élections américaines nécessitant le soutien total des électeurs juifs au profit des démocrates.

Mais les sondages, qui le donnent déjà gagnant avec plus de 70% des voix juives, ne l’encouragent pas à chercher un consensus.


Romney et les juifs

Les diplomates israéliens savent que malgré l’impasse diplomatique dans le problème de la nucléarisation de l’Iran, les américains sont convaincus qu’Israël reste le seul allié stratégique fiable au Moyen-Orient.

Les évènements anti américains dans différentes capitales arabes changent aujourd’hui la donne.

Netanyahou compte sur cette prise de conscience pour prouver que sa stratégie de confrontation avec les Etats-Unis serait tôt ou tard jugée conforme aux intérêts des deux pays.

Les israéliens espèrent que Barack Obama sera amené à un revirement en faveur de l’État d’Israël.

Les pays arabes ont le don de favoriser des actes dramatiques avec pour résultat le réchauffement des relations entre les deux alliés, alors qu’ils sont au bord de la rupture.

Renforcement des forces navales


USS Stennis

Les israéliens avaient analysé certaines décisions militaires prises pour consolider les forces militaires américaines en Méditerranée et dans le Golfe Persique comme un signe d’un changement de politique du président américain.

Le troisième porte-avions américain, l’USS Stennis, s’est déplacé au large des côtes iraniennes dans le cadre d’un exercice naval du 16 au 27 septembre simulant le déminage du détroit d’Ormuz en cas de blocage par les iraniens.

Le Stennis a rejoint les deux autres porte-avions déjà sur zone l’USS Enterprise et USS Dwight D. Eisenhower en service opérationnel avec leur force de frappe.
Des navires de guerre britanniques et français participent avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à ce grand exercice au large de l’Iran.

Cette opération intervient pour stopper toute éventuelle action militaire israélienne contre l’Iran afin que prouver la détermination des américains de perturber le programme nucléaire iranien.

Elle a aussi pour but de transmettre un message clair de la part des américains aux iraniens sous forme d’avertissement qu’une coalition de grande envergure sous commandement américain pourrait frapper si l’Iran persistait dans ses intentions de poursuivre son programme.


GBU-28

Netanyahou, dérouté par la position ambiguë des américains qui tiennent à sauver les apparences vis-à-vis de certains pays arabes, veut prouver qu’il peut faire cavalier seul pour éradiquer le danger contre Israël.

Il se fonde sur l’attitude d’Obama qui ne veut en aucun cas diminuer la capacité offensive d’Israël.

En effet, il a autorisé la livraison de bombes Gbu-28 de deux tonnes capables de s’enfoncer à six mètres sous une dalle de béton.

Par ailleurs, il a permis à Israël d’obtenir en location-vente une dizaine d’avions-citernes KC-135 pour le ravitaillement des chasseurs en vol leur permettant de parcourir la distance de 3.000kms qui les séparent de l’Iran.

Enfin les services de renseignements français confirment que cette transaction a été accompagnée d’un prêt américain de 70 millions de dollars.


Avions ravitailleurs

Alors que ces manœuvres sont interprétées comme une volonté des américains d’empêcher toute intervention solitaire de Tsahal contre l’Iran, Netanyahou rappelle la doctrine dictée par l’ancien premier ministre Menahem Begin, toujours en vigueur, qui stipule « qu’Israël bloquerait toute tentative de ses adversaires d’acquérir des armes nucléaires ». Par deux fois, le principe a été appliqué à la lettre.

Le 7 juin 1981, seize F-16 et huit F-15 ont rasé le site du réacteur nucléaire Osirak en Irak. En septembre 2007, une opération similaire a détruit un réacteur syrien sur les rives de l’Euphrate.

Cependant les plans de la première attaque avaient été totalement transmis à Ronald Reagan pour qu’il cautionne l’opération. La deuxième attaque, en revanche, n’avait été annoncée aux américains que quelques heures seulement avant son lancement sans attendre leur imprimatur.

Il semble que les militaires israéliens, malgré les informations qu’ils laissent distiller et malgré leurs capacités techniques à exécuter un éventuel ordre de l’échelon politique, ont intégré l’idée qu’ils n’ont pas intérêt à intervenir seuls devant les marques de bonne volonté transmises par les Etats-Unis.

Ils gardent l’espoir que les américains ont compris la nécessité de mettre fin, par la force, au programme nucléaire iranien et ils voient dans ces manœuvres militaires une preuve de soutien à Tsahal.

Le porte-avion Truman a embarqué sept escadrons d’avions de combat F/A-18 Hornet, un escadron d’avions espions et d’alerte rapide E-2 Hawkeye, des Squadron 130 chargés de perturber les systèmes de radar ennemis et plusieurs escadrons d’hélicoptères de combat anti sous-marins.

Toute cette armada a pour but, certes, d’impressionner les iraniens pour qu’ils acceptent de négocier sérieusement, mais aussi, en cas d’échec de la solution politique, de porter assistance aux israéliens s’ils intervenaient avec l’accord américain.

Une nouvelle ligne Maginot

Le Hezbollah se prépare à aider les iraniens en cas d’attaque. Hassan Nasrallah sait que les israéliens seront contraints d’intervenir au moyen de troupes terrestres, seules capables de déloger les rampes de lancement des Scud et des roquettes qui inévitablement seraient lancés du Liban en représailles à une frappe israélienne.

Ils mettent donc les bouchées doubles pour construire, eux-aussi, selon les services de renseignements israéliens, un mur fortifié, sorte de ligne Maginot s’étendant depuis Rachaya Al-Wadi à l’ouest, le long des pentes du Mont Liban, jusqu’à la ville de la Bekaa Aita el-Foukhar.

Cette structure de 22kms de long, longeant la frontière libano-syrienne, a pour but de bloquer toute avance de chars tentant d’investir la capitale syrienne à partir du Liban.


Walid Joumblatt

Cette zone militaire, habitée paradoxalement par des druzes et des chrétiens, serait entièrement sous le contrôle du Hezbollah et de la Syrie.

Ce projet avait été négocié par le leader druze Walid Joublatt qui avait confirmé son allégeance syrienne avant la révolution syrienne.

Ce mur a surtout pour objectif de masquer les transferts d’armement de la Syrie vers son voisin.

Les sources israéliennes semblent savoir que cette zone serait totalement interdite à l’armée libanaise.

Le Hezbollah a du mal à camoufler l’évolution de la construction de ce mur puisque des convois de camions en provenance de Syrie transportent en permanence le ciment nécessaire à sa construction, entrainant ainsi une raréfaction de cette matière première à Damas.

Les israéliens restent cependant sensibles à la manière forte et laissent aux américains le soin de les rejoindre dans leur doctrine.

Ils s’appuient sur le silence des pays arabes modérés comme l’Arabie Saoudite, la Jordanie et les Émirats, et d’une certaine manière l’Égypte, qui semblent cautionner ainsi une action contre un pays dont ils connaissent la capacité de nuisance.

Ils pourraient fermer les yeux si l’aviation israélienne utilisait leur espace aérien pour une action de frappe, a fortiori si les américains donnaient leur feu vert.

Jacques Benillouche/ Temps & Contretemps Article original

copyright © Temps et Contretemps

TAGS : Géopolitique Obama USA Benghazi Tunis Cairo Hezbollah

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