« Le meurtre de Sarah Halimi est un crime antisémite »

Le philosophe et essayiste Alain Finkielkraut, invité d’i24NEWS dimanche soir, est revenu sur le meurtre de Sarah Halimi, dont le caractère antisémite ne fait aucun doute selon lui. (Lire également : Assassinat antisémite de Sarah Halimi : on paie encore Copernic© et Tribune pour que la vérité soit faite sur le meurtre de S.Halimi)

Dans un texte publié jeudi dans Le Figaro, dix-sept intellectuels dont Alain Finkielkraut, Michel Onfray, Jacques Julliard, et Elisabeth Badinter, ont appelé à ce que « toute la lumière soit faite » sur l’assassinat de Sarah Halimi, une juive orthodoxe de 66 ans, retrouvée morte au pied de son immeuble dans le quartier de Belleville à Paris.

« Je n’ai pas voulu tout de suite parler de cette affaire parce que je n’étais pas sûr (du caractère antisémite de cette affaire, ndlr) et même le CRIF nous mettait en garde contre le risque de rependre de fausses rumeurs », a expliqué le philosophe sur i24NEWS.

« Mais j’ai compris que le silence avait trop duré lorsque j’ai vu les faits et là je me suis dit que le refus de qualifier ce crime de crime antisémite par le Parquet frisait le scandale (…) Une des filles de madame Halimi avait été traitée de ‘sale juive’ par la sœur du voisin. Il existe selon moi tout un faisceau d’éléments qui montrent bien qu’il s’agit d’un crime antisémite »,

a-t-il affirmé.

Dans la nuit du 3 au 4 avril, Kada Traoré, un Musulman de 27 ans, est entré à 4 heures du matin chez Mme Halimi par le balcon, l’a torturée, a clamé des sourates du Coran et crié Allah Akbar à plusieurs reprises.

« Nous avons un problème en France, nous avons une forme d’antisémitisme que la bien-pensance adore détester: celui de l’extrême droite. Et un antisémitisme qu’on veut surtout ne pas voir », a-t-il souligné faisant allusion à « nouvel antisémitisme qui dure déjà depuis plus de vingt ans ».

« L’antisémitisme d’hier ne doit pas servir à dissimuler l’antisémitisme d’aujourd’hui. Il faut absolument regarder la réalité en face et voir aussi ce qui se passe aujourd’hui à Belleville (…) Comment s’y sentent les Juifs et comment s’y sentent les Français d’origine française… Tout cela nécessite une analyse et peut être enfin une politique adaptée », a indiqué le philosophe.

« Le terrorisme, musique d’ambiance de l’Europe »

M. Finkielkraut est par ailleurs revenu sur les attaques sanglantes survenues samedi soir à Londres, les troisième en trois mois seulement en Grande-Bretagne.

« J’ai été accablé par la nouvelle de cet attentat mais désespéré d’autant plus que je n’étais pas surpris car l’horreur est devenue routinière, le terrorisme est la musique d’ambiance de l’Europe », a-t-il déclaré.

« Il y avait une période assez récente où les pays anglo-saxons, qu’il s’agisse des Etats-Unis ou de l’Angleterre, regardaient la France un peu de haut en disant que si nous étions aussi attaqués, c’est précisément parce que nous ne savions pas bien intégrer la nouvelle population. Nous étions prisonniers d’un modèle laïc beaucoup trop intransigeant tandis que les Anglo-saxons vantaient leur modèle multiculturel », a-t-il expliqué à i24NEWS.

« Or nous constatons aujourd’hui que les modèles républicains et multiculturels sont aussi démunis l’un que l’autre face à cette violence », a ajouté le philosophe, soulignant que c’est une erreur de penser que « les terroristes prospèrent sur la misère » comme l’avait twitté le président Macron après l’attentat de Manchester.

Suite à l’attentat de Londres, la Première ministre britannique Theresa May a déclaré que le pays faisait désormais face à « une nouvelle forme de menace » terroriste où les attaquants « se copient les uns les autres », sans que les récents attentats, « produits d’une idéologie malfaisante de l’extrémisme islamiste », soient liés les uns aux autres.

« Le mal qui nous frappe aujourd’hui, c’est le djihad mais pas seulement: c’est aussi cette idéologie qui peut s’exprimer d’autres manières. Tout le monde ne bascule pas dans la guerre, dans le djihad et dans le terrorisme mais il y a aussi des phénomènes en France comme en Angleterre de sécessionnisme culturel et territorial dont il faut absolument que nous prenions compte aujourd’hui », a analysé Finkielkraut, ajoutant qu’il « faut en finir avec toute complaisance ».

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Source : I24 News