Le Roi Salomon, fils du Roi David, possédait une si grande et admirable sagesse qu’il fut célèbre non seulement dans le monde d’alors mais encore aujourd’hui. Il avait une connaissance des sciences et des langues parlées en cette époque mais il comprenait aussi le langage des oiseaux et des bêtes.

Il fut célèbre aussi parce qu’il eut l’immense mérite de construire le Temple de Jérusalem que son père aurait tant aimé réaliser. Mais il fut tristement célèbre aussi par le nombre de femmes qu’il épousa ce qui le poussa à commettre de grosses erreurs.

Salomon possédait ce qui s’appelle le « rouah hakodesh » ou un esprit saint et prophétique alors, comment expliquer que ce personnage éminent ait pu composer une œuvre comme le cantique des cantiques qui entre dans la composition du canon biblique et à propos duquel Rabbi Akiba a dit : « chaque cantique du Tanakh est SAINT mais le CANTIQUE DES CANTIQUES est PLUS SAINT QUE SAINT ».

Or, on serait en droit de s’étonner qu’une telle dialectique très charnelle et sensuelle, ait trouvé sa place dans le Tanakh. Aussi, les Sages d’Israël mettent-ils en garde le fidèle qui ne lirait ce texte, tout en ne lui donnant qu’un sens littéral.

Dans certaines synagogues, on lit le Cantique des Cantiques le vendredi avant l’office du soir du Shabbat (vendredi soir) et, il existe aussi une ségoula selon laquelle, il est recommandé de lire ce texte 40 jours de suite pour demander qu’une personne qui a des difficultés à se marier trouve enfin l’élu/e de son cœur.

Nous avons coutume de dire que la Torah ou les autres textes sacrés peuvent se commenter de 70 façons différentes mais on dit qu’il y a aussi 4 degrés de compréhension et, si l’on multipliait ces 70 façons d’interpréter par les 4 degrés de compréhension nous atteindrons 280 possibilités de commenter. C’est la raison pour laquelle il existe une littérature immense, incommensurable sur les écrits et les matières saintes.

En conséquence, les secrets renfermés par ce texte du Cantique des Cantiques sont nombreux et empreints d’un mystère que nous ne pouvons comprendre que lorsque nous recevons des indications. Dans cet article, nous aborderons les clichés le plus souvent employés au long des huit chapitres de cette œuvre et de cette manière, il sera plus aisé de comprendre l’esprit de cette composition poétique.

Rappelons que sur le plan historique, Salomon a vécu au dixième siècle de l’ère vulgaire soit de l’an -970 à l’an -931 et si l’auteur du cantique des cantiques se réfère à l’histoire – passée – du peuple d’Israël, il prévoit aussi, l’avenir du peuple dans certaines figures de style.

Il use de paraboles et d’allégories tout au long du texte :
L’action se déroule à Jérusalem. Le jeune roi est HaShem, et la jeune fille est Israël, les « benot Yéroushalayim » sont les nations auxquelles HaShem a proposé la Torah avant la promulgation de la Torah au Mont Sinaï. Cet acte de donner la Torah à Israël consiste, d’un point de vue mystique, à un mariage : HaShem est l’Epoux, Israël la Fiancée et la Ketouba est la Torah.
Le roi cherche à se marier et, il cherche la partenaire idéale parmi les nations (benoth Yéroushalayim) . De son côté, la jeune-fille recherche un époux parfait dont elle est déjà éprise. Et, voici que le roi opère un choix parmi les nations et reconnaît en Israël l’épouse digne de Lui. Néanmoins, la jeune-femme, bien qu’éprise ne se conduit pas comme il eût sied à l’épouse d’un souverain parfait qui plus est, mais il lui pardonne et l’emmène en son Palais et la fait pénétrer dans les salles les plus reculées où personne n’a accès (le sens caché de la Torah).

Le roi envoie à son épouse des messagers chargés d’encouragements mais aussi d’avertissements mais, malheureusement, elle est trop volage et prend les choses trop à la légère pour comprendre qu’elle doit se reprendre et ce qui devait arriver arriva : il divorce d’elle (prophétie de l’exil de Babylone).

Éperdue, elle parcourt les rues de Jérusalem. C’est alors qu’elle raconte aux nations (benot Yéroushalayim) qu’elle a été répudiée et combien est immense son amour pour Lui ! Elle exprime ses regrets et son espoir de pouvoir revenir vers Lui.

La jeune femme confie aux nations combien elle regrette sa conduite passée prouvant qu’elle était si aimée que son fiancé l’avait faite entrer dans les secrets de son palais.

Le mot « dodayikh » vient du mot « dod » qui est un oncle et dont l’une des fonctions est de gâter ses neveux par amour et donc, ce mot signifie amour (amours au pluriel).

Les senteurs, les parfums ont une large place dans ce cantique. Et les figures poétiques des troupeaux venant s’abreuver sont celles d’un peuple cherchant l’eau vive de la Torah. Lorsqu’il est conseillé à la jeune-femme d’observer les brebis des troupeaux c’est pour lui enseigner qu’il faut savoir prendre l’exemple sur les Anciens de manière à savoir comment élever les jeunes enfants tout comme pour comprendre comment réparer les erreurs et revenir en arrière.

Malgré cela, le Roi reprend « im lo téd’î lakh hayafa banashim » il exprime ainsi son amour pour elle (HaShem pour Israël) elle est tout de même la plus belle d’entre toutes les femmes…… et il assure que si cette « femme » revient vers Lui (si elle amorce le retour) Lui, reviendra vers elle tout-à-fait.

Lorsque la jeune-femme invoque le fait qu’elle est « noire » et que c’est le soleil qui l’a bronzée, le sens caché est ceci : je ne suis pas entièrement mauvaise : j’ai fait quelques erreurs mais ce n’est qu’extérieur, en fait je suis encore pure de l’intérieur. Tout comme si on trouve une pierre sale mais en la lavant on s’apercevra que cette pierre est un diamant en réalité !
Le texte fait un saut en arrière : il retourne au moment de la sortie d’Egypte où HaShem a « enjambé » tous les obstacles pour libérer Son peuple (mekapets âl héharim, medaleg âl haguevaôth).

Autre expression qui est une superbe allégorie : « ênayikh yonim » (tes yeux sont des colombes) il s’agit ici des talmidé hakhamim (tous les Sages) qui ont tous commenté la Torah (vision prophétique) et qui permettent ainsi au peuple de savoir se diriger – en effet, les yeux sont sur la tête` [en tête, à la tête] – .

La femme esseulée se confie aux filles de Jérusalem et confesse qu’au temps des épousailles, elle n’a pas hésité à Le tromper (allusion au veau d’or). Et, malgré cela, IL lui a pardonné et donné le mishkan dans lequel se trouvent deux protubérances (tsror hamor dodi li beyn shedey yaline) il y avait dans le arone haêdouth (armoire du témoignage) deux tissus formant une sorte de protubérance et IL est entré (tsimtsoum ou brisure des vases) pour être avec moi (peuple d’Israël).

Une autre figure de style très poétique attire l’attention : « kéfélah harimon rakatekh » il faudrait traduire : tes tempes sont comme une tranche de grenade le sens en est beaucoup plus poétique : le mot tempe en hébreu se dit « raka » qui, phonétiquement ressemble au mot « reyk » vide tandis que le mot raka en réalité signifie que cet endroit du corps humain est tendre et fragile. La grenade est le symbole d’un « plein » de mérites et le sens de cette allégorie est que bien que tu fasses des fautes, tu es pleine de mérites comme la grenade.

A deux reprises il est écrit de manière on ne peut plus claire : son bras gauche est sous ma tête et son bras droit m’étreint « semolo tahat leroshi vyemino yehabkéni » le bras gauche et le bras droit ne sont autres que les nuées qui ont entouré le peuple jour et nuit pour préserver le peuple pendant les 40 ans de la traversée du désert !!

Le cantique se termine par une parabole peu ordinaire et que l’on pourrait avoir de grosses difficultés à comprendre : il est écrit en effet : « ahoténou ketana veshadayim eyn la…. » Notre sœur est petite et elle n’a pas encore de poitrine mais que sera-t-il d’elle lorsqu’elle grandira etc.. ceci est un saut en arrière et un retour vers Abraham Avinou lorsqu’il découvrit HaShem il fut si fort dans sa croyance qu’il se renforça encore d’avantage et c’est pour cela qu’il est écrit « nivné âléha tirat kassef » tandis que si elle est hésitante comme une porte qui s’ouvre et se ferme « nassim âléha louah erez » on posera sur elle une planche de cèdre qui ne pourra la protéger en cas de fournaise comme celle dans laquelle Abraham fut jeté.

Il est évident que ne sont évoqués ici que quelques figures et que le choix a été difficile à opérer

Caroline Elishéva REBOUH

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habibi

La « mesure »de la sagesse n’est ni dans l’érudition, ni dans les commentaires, plus ou moins savants, des textes dits sacrés, mais dans l’ état d’être au quotidien et l’essence intégrée des oeuvres d’une vie.