(FILES) In this file photo taken on October 23, 2019 Iraq's Prime Minister Adel Abdel Mahdi speaks during a funeral ceremony in Baghdad. - Iraq's embattled premier announced yesterday he would resign in keeping with the wishes of the country's top cleric, as renewed violence added to a soaring death toll in two months of anti-government protests. (Photo by AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Le Premier ministre irakien travaille discrètement pour maintenir les troupes américaines dans le pays

RÉSUMÉ DE L’ARTICLE
Le Premier ministre intérimaire irakien, quand on l’interroge en privé, ne veut pas que les troupes américaines se retirent, ont déclaré à Al-Monitor plusieurs sources américaines et irakiennes connaissant bien la situation.

Le Premier ministre intérimaire irakien, en son for intérieur, ne veut pas que les troupes américaines se retirent, ont déclaré à Al-Monitor plusieurs sources au courant de la situation, bien qu’Adel Abdul Mahdi ait publiquement soutenu un récent vote parlementaire qui a exhorté l’administration Donald Trump à quitter le pays déchiré par la guerre.

Bien qu’il ait appelé le secrétaire d’État Mike Pompeo à envoyer une délégation américaine en Irak pour négocier le retrait des troupes américaines, d’après le compte-rendu d’un appel de vendredi, Abdul Mahdi tente de trouver un moyen de maintenir une présence américaine dans le pays, tout en tentant, simultanément, de calmer les chefs de milices soutenus par l’Iran, qui veulent forcer 5 200 soldats américains à partir, a indiqué une source ayant connaissance de la situation sur le terrain.

Abdul Mahdi tente de «sauver la face», a déclaré à Al-Monitor un ancien haut responsable de l’administration. «Il ne veut pas que nous partions». En exigeant un départ des États-Unis, l’ancien responsable a déclaré que Abdul Mahdi utilise «[le] seul levier dont il dispose».

Dans une réponse houleuse à la déclaration d’Abdul Mahdi vendredi, le Département d’État a rejeté la demande du dirigeant provisoire, qui exige un plan de sortie des troupes américaines. « Toute délégation envoyée en Irak devrait se consacrer à discuter de la meilleure façon de réengager notre partenariat stratégique – et non pas discuter du retrait des troupes », a déclaré la porte-parole Morgan Ortagus dans un communiqué.

Abdul Mahdi – qui a démissionné en novembre dans le cadre des manifestations anti-gouvernementales en cours – est plus susceptible de demander aux troupes américaines de rester, en endossant un rôle d’entraînement sans règles d’engagement pour le combat, a indiqué la source proche de la situation sur le terrain.

Malgré la résolution parlementaire exhortant le Premier ministre à annuler l’invitation de l’Irak aux forces américaines en 2014, le gouvernement n’a pas officiellement demandé le retrait américain.

Mais le leader irakien doit rejeter la présence américaine pour sauver la face devant les milices soutenues par l’Iran, a déclaré la source, en renvoyant l’empreinte américaine à l’arrière-plan, tout en obtenant le soutien nécessaire à la lutte contre l’État islamique (EI). Abdul Mahdi a équilibré ses relations avec Washington et Téhéran et a été informé à l’avance par chaque partie, avant les frappes sur les bases du Kata’ib Hezbollah fin décembre et sur les bases abritant les forces américaines le 8 janvier.

Plus de 500 personnes sont mortes depuis le début des manifestations en octobre, et des sources américaines et irakiennes ont soulevé la question de savoir si Abdul Mahdi a le pouvoir d’expulser les troupes américaines et si l’Irak peut combattre l’EI par lui-même.

« Il y a beaucoup de pression sur lui », a déclaré Rehan Hanna Ayoub, député au conseil du parlement irakien et membre de la commission des relations étrangères. «Toutes les données et tous les rapports indiquent que l’Irak n’est pas prêt économiquement, financièrement ou militairement à affronter l’EI et les gangs criminels.»

Ayoub, qui représente un district du nord de l’Irak, a déclaré à Al-Monitor que la situation ne devrait pas changer, après qu’une attaque iranienne de missiles balistiques a visé mardi des bases militaires irakiennes à al-Asad et Erbil, qui abritent des troupes américaines et de la coalition.

« Il essaie de calmer [les] milices pour l’instant », a déclaré Sarkawt Shams, un autre membre du parlement irakien. « Il sait que de mauvaises choses se produiront si les États-Unis quittent cette voie », a-t-il ajouté, faisant référence à la possible expulsion forcée des troupes américaines.

Le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, n’a pas parlé à Abdul Mahdi après les attaques iraniennes. « Nous étions justement en train d’organiser un appel rapide, puis je pense que j’étais en ligne avec les membres du Congrès », a déclaré Esper mercredi. Al-Monitor a par la suite appris que le sous-secrétaire à la Défense pour la politique extérieure, John Rood, le troisième fonctionnaire de l’agence, avait appelé à la place d’Esper.

En début de cette semaine, Esper a insisté sur le fait que le vote demandant l’expulsion des forces américaines avait démontré le soutien des Irakiens (à la présence U.S), alors que la plupart des Kurdes et des Sunnites ne se sont pas présentés. Le vote a également été entaché par les agissements des milices soutenues par l’Iran, forçant les blocs chiites à voter «sous la menace de perdre leur propre vie», a déclaré le chef du Pentagone.

Vendredi, alors que des manifestants irakiens descendaient dans la rue, Abdul Mahdi semblait pris entre le besoin de satisfaire les demandes iraniennes et le désir de garder les forces américaines dans le pays, ont déclaré des députés et des sources au courant de la situation.

« J’ai l’impression que sur le plan populaire et politique, presque personne ne veut que les troupes partent et ils vont continuer faire à mener cette danse en public », a déclaré Christine van den Toorn, présidente du Fonds irakien pour l’enseignement supérieur. « Il va y avoir une réorganisation et un va-et-vient et une sorte de remaniement qui puisse satisfaire l’Iran. »

Jack Detsch est le correspondant d’Al-Monitor au Pentagone. Basé à Washington, Detsch examine les relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient dans l’optique du ministère de la Défense. Detsch a précédemment couvert la cybersécurité pour Passcode, le projet du Christian Science Monitor sur la sécurité et la confidentialité à l’ère numérique. Detsch a également été assistant éditorial du magazine The Diplomat et a travaillé pour des stations affiliées à NPR à San Francisco. Sur Twitter:  @JackDetsch_ALM , Courriel: jdetsch@al-monitor.com.

Lire d’autres articles : al-monitor.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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