A la veille du 14 Juillet il me parait intéressant de revenir sur l’histoire de l’itinéraire des Juifs de France. Aujourd’hui on lira avec attention ces lignes rédigées par l’historienne franco-israélienne Rina Neher Z’l.

La Révolution Française, en apportant aux Juifs le droit d’accéder à  la Citoyenneté pleine et entière, a radicalement transformé la relation de l’homme chrétien du 18ème siècle face au Juif.
De paria qu’il était, le Juif accède, grâce à  la Révolution française, à  la dignité d’homme libre. On trouve l’expression de cette reconnaissance à  tous les niveaux de la conscience juive.

Une sorte de dicton populaire, courant au début du 20ème siècle, disait que tout Juif a deux patries : la sienne propre et la France.
Henri Graetz écrivait dans les années 1870 : « La Révolution française fut vraiment, selon l’expression du prophète, le jour du Seigneur où les orgueilleux furent abaissés et les humbles relevés' ».

Quittez un vil trafic, renoncez à l’usure,
Aux arts et aux métiers, joignez l’agriculture,
Stellt Wucher und Betrug, und schnödess Scharchern ein,
handwerch, Kunst Acherbau, mus ewer Nahrung sein

livre antisémite de François J.A. de Hell, 1790 – Coll. Dr. André Bernheim

A y regarder de près, le déroulement des événements qui aboutit à  ce fameux décret d’émancipation de septembre 1791 paraît moins idyllique et plus complexe que ne le laissent supposer les formulations citées précédemment.
Il y a eu au sujet des Juifs de violents débats et des conflits très âpres qui n’aboutissent qu’au prix d’immenses efforts à  l’émancipation.

A la veille de la Révolution, les Juifs représentent en France une petite minorité qui compte au maximum quarante mille âmes, dont la présence n’est légalement tolérée que dans les marches frontières. L’ensemble du Royaume reste soumis au décret d’expulsion des Juifs de France, qui remonte au 14ème siècle.

Avant la Révolution

Les Juifs n’ont pas la liberté de résider où bon leur semble à  l’intérieur de la France. Depuis le décret d’expulsion totale du Royaume en 1394, ils n’ont même aucun droit d’habiter en quelque localité que ce soit. Par la suite d’événements politiques divers, des villes ou des provinces de l’Est où habitaient des Juifs ont été rattachées à  la France : l’évêché de Metz d’abord, en 1556; puis l’Alsace en 1648 et la Lorraine en 1766. Les rois de France font pour les Juifs de ces régions une dérogation au décret d’expulsion et les autorisent à  garder leur résidence dans la région annexée.
Dans le Sud-Ouest, des « Marranes », quittant l’Espagne ou le Portugal avec ses menaces d’Inquisition, viennent habiter Bordeaux et sa région et les faubourgs de Bayonne: mais on ne les y tolère que sous la qualité non pas de Juifs, mais de « nouveaux chrétiens ».
Dans le Sud-est, des Juifs habitent dans des régions qui n’appartiendront à  la France qu’à  l’époque de la Révolution: Avignon et le Comtat Venaissin, propriété des Papes, jusqu’en, 1791, et le Comté de Nice, possession de la Maison de Savoie jusqu’en 1792.
Dans chacune de ces régions, les communautés juives offrent des traits démographiques et sociologiques extrêmement différents.

 ( A suivre)

Dr. Rina NEHER-BERNHEIM

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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