Les Forces Démocratiques Syriennes prennent le contrôle des puits de pétrole d’Omar, le champ d’hydrocarbures le plus vaste de Syrie

 

SDF Commander Rojda Felat celebrates victory over ISIS in central Raqqa on Tuesday. The SDF held a victory ceremony in the city on Friday. Photo: Bulent Kilic/AFP
La Commandante Rojda Felat des FDS fête la victoire sur Daesh, dans le centre de Raqqa, mardi 18 octobre. Photo: Bulent Kilic/AFP

 

ERBIL, Région du Kurdistan – Les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) ont pris le champ pétrolier d’Omar des mains de Daesh, ont annoncé ces forces dimanche 22 octobre.

Après une puissante opération militaire, les FDS ont chassé Daesh de ces puits de pétrole « en subissant très peu de dommages », selon Laila al-Abdullah, porte-parole de la campagne de Deir Ez Zor pour les FDS.

Le champ de pétrole d’Omar est situé sur les rives du Fleuve de l’Euphrate, près de Mayadin, qui est sous le contrôle du régime syrien.

Les FDS affrontent actuellement les derniers combattants de Daesh terrés dans le complexe d’hébergement des employés près du puits de pétrole, a t-elle ajouté.

L’Observatoire syrien des Droits de l’Homme a mentionné vendredi que les forces du régime progressaient vers le champ de pétrole, le plus grand de toute la Syrie et que Daesh s’était retiré de ces puits de pétrole après l’avoir lourdement miné.

L’armée syrienne , avec ses milices alliées et essentiellement le Hezbollah à la tête des groupes chiites pro-iraniens, et le soutien russe, et d’autre part, les FDS appuyées par les Etats-Unis, mènent « chacune pour soi » des offensives simultanées dans la province de Deir Ez Zor. Leurs colonnes sont juste séparées par le Fleuve de l’Euphrate, qui traverse la Province et la sépare en deux rives, alors qu’elles combattent toutes deux concurremment pour vaincre Daesh et prendre le contrôle de la province riche en ressources du sous-sol, bordant l’Irak.

La Russie et les Etats-Unis ont constitué une ligne de déconfliction, bien que les deux camps soient occasionnellement entrés en conflit.

Alors qu’ils perdaient leur emprise sur les centres urbains d’Irak et de Syrie, notamment Mossoul et Raqqa, les djihadistes de Daesh se sont regroupés dans la Vallée de l’Euphrate qui s’étend entre Deir-Ez-Zor et la frontière irakienne, vers la province d’Anbar.

En septembre, les FDS ont revendiqué la conquête d’un autre énorme puits de pétrole en Syrie, Koniko, toujours dans la province de Deir Ez Zor.

Quand il était encore aux mains de Daesh, ce champ de pétrole sortait de terrre  plus de 10.000 barils par jour et il est capable d’en produire plus de 40.000 pj. S’il est réparé et amené à son niveau maximal, il peut potentiellement aller jusqu’à 120.000 barils/ par jour.

Cependant, le site israélien Debkafile donne à cette prise de guerre majeure un sens qui nous semble presque trop beau pour être vrai. Alors, pourquoi pas, on peut s’accorder le droit de rêver un peu, mais le réveil risque d’être au moins aussi périlleux et douloureux qu’à Kirkouk dernièrement… Du moins, l’avertissement, au Kurdistan d’Irak, devra t-il tenir lieu d’appel à la vigilance constante.

Les puits de pétrole de Deir Ez Zor

La prise de ce champ pétrolier par les Kurdes a précédé l’emprise sur les mêmes lieux d’une force mixte de contingents de l’armée syrienne et du Hezbollah, appuyée par les Russes, qui s’est arrêtée à 6 kms avant de parvenir à Omar.

Il s’avérerait, à présent, qu’un ordre secret émanant du commandement russe, adressé aux forces du Hezbollah et de la Syrie, leur intimant d’arrêter où ils se trouvaient après avoir conquis Mayadin, dans l’Est de la Syrie – et de ne plus avancer à marche forcée vers le puits de pétrole – serait le résultat de pourparlers, qui n’ont été divulgué par aucun média (excepté Debkafile), entre les officiers russes et américains dans ce secteur.

Ces officiers, d’après ce rapport, seraient parvenus à un accord sur les dispositions à prendre concernant ces puits de pétrole. Dans le cadre de cet accord, ils auraient décidé d’offrir à la milice kurde des YPG de Rojava, le puits de pétrole le plus important de Syrie, pour prix de leur rôle dans la conduite des FDS vers la victoire sur Daesh, à Raqqa, sa capitale de facto.

Les sources de Debkafile ajoutent que Washington sentait que les Kurdes, en tant qu’ethnie transfrontalière, méritaient aussi une compensation pour la perte de la ville pétrolière de Kirkouk par leurs frères Irakiens, au profit des forces de l’Etat fédéral d’Irak appuyé par les milices pro-iraniennes. La perte de Kirkouk au profit de Bagdad et Téhéran prive le Gouvernement Régional Kurde d’un revenu de 600.000 barils de pétrole par jour. Même si le champ pétrolier d’al-Omar produit une quantité moindre de pétrole, on peut imaginer, s’il reste entre les mains des Kurdes, que les revenus de ces sous-sols pourraient largement contribuer au démarrage d’une entité autonome. Et, pourquoi, pas, come le siggère Debkafile, renflouer le GRK, privé d’une grande partie de ses ressources assurant son Indépendance… Mais il ne faut pas perdre de vue que les deux entités kurdes, de Syrie et d’Irak, sont très distinctes sur le plan politique et certainement pas à la veille de se réunifier au détriment de deux pays arabes, même toujours en conflit et proches de la faillite étatique… D’autre part, on oublierait ici que la stratégie iranienne consiste précisément à envoyer ses milices irakiennes chiites tenter de contrôler la frontière irako-syrienne près de Rabiah, en cherchant ainsi à couper potentiellement la région du Kurdistan d’Irak de la région kurde de Syrie (Rojava). C’est précisément ce qui s’est passé au petit matin du 24 octobre 2017, quand les milices FMP ou Ashd al-Shaabi ont lancé l’assaut contre un village proche de Rabiah pour s’emparer des lignes frontalières et du contrôle routier entre les deux pays.

Les sources à Damas sont très mécontentes de cette transmission d’al-Omar aux Kurdes et accusent les tribus arabes syriennes qui combattent à Raqqa d’appuer les revendications de la milice kurde concernant ce puits de pétrole. Ils suggèrent également que Daesh aurait opté pour la reddition de ce puits de pétrole aux Kurdes sunnites, plutôt que de le laisser tomber entre les mains du régime alaouite d’Assad.

Néanmoins, on a déjà vu ailleurs que, provisoirement, en tout cas, par l’entremise russe, le régime Assad qui ne se sent pas encore en mesure de reprendre en main toutes les infrastructures du pays, acceptait de sous-traiter avec les Kurdes, qui à partager jusqu’à 20% des bénéfices pétroliers avec eux, en l’échange de la défense de ses puits de pétrole. Une ébauche d’Etat central remis sur pied, il pourrait alors changer son fusil d’épaules, dans quelques mois ou années, toute la question étant axé sur le contenu des transactions…

Le consentement (provisoire?) de la Russie à cette transmission aux Kurdes pro-Américains, du plus grand puits de pétrole de toute la Syrie aurait été calculé pour trouver un statu-quo avec Washington et obtenir son soutien à la prise de contrôle par le géant pétrolier russe Rosneft du pipeline pétrolier kurde entre le GRK et la Méditerranée, par la Turquie.

Jeudi dernier, la compagnie Rosneft détenue par l’Etat russe a mentionné l’existence d’un accord avec le GRK pour la prise de contrôle de 60% dans la réalisation de ce projet de pipeline.

Quand le gouvernement irakien a exigé des clarifications de la part de Rosneft, l’entreprise russe a, rapidement, expliqué n’en être qu’au stade des pourparlers et que rien de concret n’avait avancé. Une façon de faire comprendre que, quiconque sera propriétaire du sous-sol obteindra la bénédiction de Moscou et qu’un contrat présigné avec les Kurdes n’équivalait pas à un engagement politique.

ParDebkafile, Rudaw,  le 22 octobre

Adaptation : Marc Brzustowski

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