<> on October 23, 2012 in New York City.

La mort d’Eli Broad, homme d’affaires, mécène et collectionneur d’art américain.

Eli Broad est né le 6 juin 1933, dans le Bronx, New York City, le seul enfant de parents immigrés juifs lituaniens qui se sont rencontrés à New York. Son père travaillait comme peintre en bâtiment et sa mère a travaillé comme couturière. Sa famille a déménagé à Detroit, Michigan quand il avait six ans. À Detroit, son père était un organisateur syndical et possédait des magasins à cinq sous. Broad a fréquenté les écoles publiques de Detroit et a obtenu son diplôme du lycée central de Detroit en 1951.

 

Cofondateur de l’empire immobilier Kaufman & Broad, il avait réuni une immense collection d’art contemporain et régné sur la vie artistique de Los Angeles où il avait construit son propre musée. Il s’est éteint le 30 avril, à l’âge de 87 ans.

Eli Broad portait bien son nom. Son patronyme, qui signifie « large » en anglais, s’étale, en effet, partout dans Los Angeles : au Museum of Contemporary Art (MOCA), dont il fut le cofondateur et, longtemps, un des principaux donateurs, au Los Angeles County Museum of Art (LACMA) aussi, qui compte en son sein le Broad Contemporary Art Museum, et à l’université UCLA, dotée depuis 2006 d’un Broad Art Center. Sans oublier son musée privé, simplement baptisé « The Broad », ouvert en 2015.

Durant cinq décennies, le cofondateur du groupe immobilier Kaufman & Broad a fait la pluie et le beau temps sur la scène artistique de Los Angeles, avec une fortune estimée par le magazine Forbes à 6,9 milliards de dollars (environ 5,7 milliards d’euros). Le collectionneur et mécène américain est mort le 30 avril dans sa ville de cœur à l’âge de 87 ans.

Né à New York le 6 juin 1933, Eli Broad fut un bâtisseur, dans tous les sens du terme, incarnation du rêve américain. S’arrachant à son destin, ce fils unique d’un père immigrant lituanien, peintre en bâtiment, et d’une mère couturière, était devenu, avant ses 30 ans, l’un des plus grands promoteurs du pays, spécialiste de l’immobilier résidentiel.

« Je n’aime pas les statu quo »

Diplômé en comptabilité de l’université de Michigan, il rencontre à Detroit Donald Kaufman, avec lequel il lance en 1957 Kaufman & Broad, qui développe un standard de maisons individuelles bon marché mais de qualité, conçu pour les primo-acquérants. Très vite, c’est le succès. En 1963, le jeune millionnaire déménage la société à Los Angeles. En tension perpétuelle, Eli Broad monte un empire de services financiers en achetant notamment la compagnie d’assurances Sun Life, qu’il revendra en 1998 pour près de 18 milliards de dollars.

Découvrant l’art avec sa femme Edythe, Eli Broad s’impose rapidement dans le monde comme un très grand collectionneur. Le couple achète sa première œuvre en 1972, un dessin de Van Gogh pour 95 000 dollars, puis Henri Matisse, Amedeo Modigliani et Joan Miro, avant de bifurquer vers le Pop Art, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Jasper Johns. C’est surtout l’art américain de son temps qu’il accompagnera en collectionnant Cy Twombly, Cindy Sherman, dont il possède une centaine de photos, Jeff Koons ou Jean-Michel Basquiat. En quarante ans, il monte une collection pléthorique de plus de 2 000 œuvres de 200 artistes, tous devenus de grandes figures du marché.

A la fin des années 1970, il cofonde le MOCA dans le quartier délaissé de Downtown, parallèlement à ses actions en faveur de la recherche médicale. En phase avec la tradition américaine du « give back », au point de se montrer favorable à une taxe spéciale pour les 1 % les plus riches, il n’en déclare pas moins au Los Angeles Times « Je n’aime pas les statu quo, et je ne suis pas là pour signer seulement des chèques. » Comme nombre de puissants mécènes, Eli Broad a un gros ego, cherchant à peser sur le choix des établissements qu’il finance et s’en détournant dès que la ligne lui déplaît.

Création de son propre musée privé

En 2010, profitant de sa position dominante au sein du conseil d’administration du MOCA, il pousse au recrutement controversé d’un galeriste new-yorkais, Jeffrey Deitch, au poste de directeur. Deux ans plus tard, Paul Schimmel, le conservateur en chef, présente sa démission en dénonçant la dérive vers le divertissement et la culture populaire du nouveau directeur, entraînant plusieurs artistes dans sa protestation. Membres du conseil, Ed Ruscha, John Baldessari, Barbara Kruger et Catherine Opie tirent alors leur révérence. La controverse n’émeut pas Eli Broad : en 2013, il annonce qu’il ne reconduira pas sa donation quinquennale de 15 millions de dollars au MOCA. Un coup dur pour une institution fragilisée.

En 2008 déjà, il avait pris le monde de l’art de court, annulant sa promesse de donner ses œuvres au LACMA, dont il avait pourtant financé, à hauteur de 56 millions de dollars, une extension à son nom. C’est qu’entre-temps, il s’était résolu à créer son propre musée privé, toujours dans l’ancien cœur historique de Los Angeles, juste en face du MOCA. « La collection a été sans murs, avec des entrepôts dans six endroits différents, nous a, un jour, confié le magnat californien. Nous avons pensé qu’il était temps de bâtir des cimaises. Nous ne voulions rien d’ordinaire. C’était toute la difficulté : comment imaginer construire quelque chose qui ne blêmirait pas à côté du [Walt Disney] Concert Hall de [l’architecte américano-canadien Frank] Gehry ? »

Son choix pourtant se porte sur un bâtiment sobre de 12 000 m2, construit tout de même pour la coquette somme de 140 millions de dollars par le cabinet d’architectes Diller Scofidio + Renfro. Un parallélépipède enveloppé d’une résille de fibre de verre et béton, contrepied au grand geste architectural de Frank Gehry. Et parce qu’Eli Broad avait du civisme, il tenait à ce que son musée soit gratuit et accessible au plus grand nombre, reproduisant un schéma qui avait fait son succès dans l’immobilier.

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