Jean-Michel Fauvergue, Les hommes en noir. Servir ou faillir. Plon, 2023.

Les hommes en noirs - Servir ou faillir - broché - Jean-Michel Fauvergue - Achat Livre ou ebook | fnac

Il s’agit ici d’un roman qui vous tiendra en haleine, du début à la fin. Mais ce n’est pas n’importe quel roman puisqu’il a pour auteur l’ancien patron du RAID, l’unité d’élite de la police nationale et que son récit s’inspire de faits réels. Sous la supervision active de l’auteur qui commanda cette unité d’élite de la police antiterroriste, un groupe qui fut mis à contribution lors des sanglants attentats de Paris, Mais l’aspect romancé ne porte nullement atteinte au caractère palpitant de cette lecture. On a l’impression de lire les ordres et les réactions des hommes engagés dans la répression de ces terroristes fanatisés, prêts à activer leur ceinture d’explosifs et qui tirent dans une foule désarmée comme au stand de tir…

Le titre, les hommes en noir, renvoie à l’habit de combat de cette troupe d’élite qui se distingue des autres corps de la police nationale par cette couleur. Mais le roman ne se joue pas seulement en France ou dans la capitale, on va bien plus loin, très loin des frontières de l’Hexagone car ceux qui trament ce type d’attentats se trouvent souvent dans le désert malien ou dans les frontières d’un pays, le Pakistan, qui a joué double jeu dans la lutte antiterroriste…

La ressemblance avec les faits vécus par la France durant toutes ces années tragiques saute aux yeux. On commence par le commencement, à savoir la vie quotidienne de ces officiers d’élite qui doivent répondre présents à toute heure du jour et de la nuit. Soumis à des entraînements intensifs, ils sont les mieux équipés pour mener leurs missions à bien. Cela va sans dire. Et le livre raconte dans le détail leur armement, la constitution et la progression des colonnes formées pour donner l’assaut et neutraliser les agresseurs. A bien des moments, en cours de lecture, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait non point d’un récit romancé mais de descriptions de faits réels.

L’auteur pousse le réalisme jusqu’à décrie l’amoncellement des cadavres gisant pêle-mêle sur le sol, dans une mare de sang. Certains téléphones portables des morts sonnent, probablement des familles qui appellent pour avoir des nouvelles de leurs proches… Or, les morts se comptaient par dizaines. Nul, autre que ces hommes aguerris, n’aurait pu supporter de telles visions d’horreur, sans que son ardeur au combat n’en fût affectée, diminuée. Le chef donne ses ordres à son adjoint qui les transmet à ses homme lesquels savent quelle est la mission précise qu’ils doivent effectuer.

Ce bain de sang doit être déconseillé à des âmes sensibles. De leur poste d’observation, le chef de l’intervention et certains de ses hommes scrutent le théâtre pour neutraliser les terroristes qui ont suffisamment de munitions pour poursuivre ce massacre. Au passage, le chef du Raid égratigne un peu la haute hiérarchie policière qui n’est pas au rendez-vous car de tels fait n’ont jamais été commis auparavant. Faute de mieux, les policiers en poste à l’extérieur se rabattent sur les chaines d’information en continu pour avoir une vue globale de la situation. Ils apprennent alors que plusieurs lieux d’attentats sont recensés dans Paris, que l’attaque est hélas bien coordonnée et que les terroristes sont déterminés à y laisser leur peau, afin de faire le plus de victimes possible. Leur propre vie compte peu ou pas du tout, convaincus qu’ils sont d’aller au paradis où des douceurs les attendent…

Même si le roman n’aborde pas franchement la question, on peut s’étonner de l’ignorance de tels préparatifs par les autorités et par les services de sécurité. Les s hautes sphères du pouvoir ont été prises au dépourvu et cela nous a coûté des centaines de morts. Il est étonnant que le ministère de l’intérieur n’ait rien vu venir… La même appréciation vaut pour le pays voisin qui servit de base arrière aux tueurs.

Mais tous ces événements, si tragiques fussent-ils, allaient faire place à un combat d’une tout autre dimension : le djihad est international et c’est ce qui va retenir l’attention de l’auteur dans la suite de son roman. Il est intéressant de voir ce qu’il dit des ingrédients de cette lutte qui partit d’Afghanistan pour venir s’installer au Nord-Mali en Afrique du Nord, notamment à la frontière entre l’Algérie et l état africain en déliquescence. Les combattants de l’indépendance, notamment algérienne, furent progressivement marginalisés par des chefs corrompus qui rêvaient de gouverner tout seuls et dé détourner à leur profit exclusivement toutes les richesses du pays. Soumis à rude épreuve, ces combattants déçus et spoliés migrèrent vers d’autres champs de bataille, aux confins du Pakistan et de l’Afghanistan. On connait la suite. Un certain Oussama Ben Laden donna à ses soldats perdus de nouvelles raisons d’espérer et de se refaire une santé.

En même temps qu’ils se renforçait et qu’il s’internationalisait, ce nouveau conflit asymétrique devenait civilisationnel, les puissance européennes, au premier rang desquelles la France, ne comprenaient toujours pas la nature du danger : ces guérilleros entamaient une guerre implacable contre les valeurs du monde occidental et judéo-chrétien. Impossible de trouver avec ces fanatiques un terrain d’entente. On ne combat pas des idées théologiques avec des armes à feu. La confrontation doctrinale requiert d’autres armes… On a fini par l’apprendre à ses dépens.

Ce roman peut même avoir un effet de catharsis car il expose de manière accessible à tous, ce qui attend l’Europe dans ce type de conflit asymétrique, où des armées bien constituées affrontent des ombres insalissables , des francs-tireurs qui enjambent les frontières et ont aussi, sur place, des ramifications au sein des pays européens eux-mêmes. C’est un type de confrontation absolument nouveau. Si je voulais risquer une comparaison portant sur cette nouvelle guerre, je dirais que les drones ont presque rendu obsolètes les combats aériens. Or, les terroristes peuvent se procurer ce type d’armes partout dans le monde. On ne peut plus parler de champ de bataille bien circonscrit…

Lisez ce roman et vous apprendrez tant de choses qui vont changer notre vie dans les décennies à venir…

Maurice-Ruben HAYOUN
Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève.  Son dernier ouvrage: La pratique religieuse juive, Éditions Geuthner, Paris / Beyrouth 2020 Regard de la tradition juive sur le monde. Genève, Slatkine, 2020

 

Reprise des conférences du professeur Maurice-Ruben HAYOUN à la mairie du XVIe arrondissement, 71 avenue Henri Martin 75116, salle des mariages : 

Le jeudi 23 mars à 19 heures 

Contactez: Raymonde au 0611342874

 

 

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires