Les manifestations en Iran annoncent elles la fin du régime des mollahs?

C’est bien la question qui se pose et qui rappelle des événements pas si lointains dans l’histoire de ce pays qui fut jadis une grande puissance respectée.

Des manifestations qui ne sont pas encore des émeutes ne laissent pas de rappeler que la CIA et d’autres services spéciaux essayent depuis belle lurette de susciter des mécontentements internes, des dissensions, des luttes intestines, afin de  fragiliser le régime des Mollahs de l’intérieur.

On se souvient de ce qui était arrivé au Premier Ministre Mossadegh qui souhaitait réformer son pays tout en le rapprochant de l’ancienne URSS, ce que les USA ne pouvaient concevoir.

Mais revenons au présent, à l’actualité brûlante : il était prévisible que les puissances agressées in petto par l’Iran des Mollahs ne resteraient pas les bras croisés : l’Arabie, les USA, Israël et certains pays occidentaux…

Comme les Mollahs sont passés maîtres dans l’art de l’exégèse, de la désinformation (ils nient toute ingérence dans les affaires du Yémen) et de la double vérité ou de la double sincérité, touchant à la duplicité, les puissances concernées ont dû s’appuyer sur des mécontentements intérieurs.

Je veux dire que les manifestations sont authentiques, que les revendications sont légitimes mais qu’une aide extérieure, fort intéressée, n’est pas à exclure, surtout dans un état policier où les Pasdarans, garde prétorienne du régime, dirigent en fait le pays.

Les slogans de ces manifestations sont, si l’on en croit, les médias étrangers, de nature économique et touchent à la vie quotidienne.

Résumons la situation : depuis des années, depuis l’élection truquée et frauduleuse d’Ahmaninedjad, les Iraniens ont dû se serrer la ceinture en raison du terrible embargo pesant sur eux : plus de possibilité de vendre leur pétrole, si ce n’est par des réseaux de contrebande, plus de possibilité d’user des circuits de crédit internationale puisque les banques ne pouvaient pas braver l’interdit, sous peine de fortes amendes, aucune possibilité d’acheter des pièces de rechange pour les avions, les voitures, les machines de l’électro-ménager, etc…

Et tout ceci pourquoi ? Parce que le régime se préoccupe plus de sa propre survie que du bien-être de ses concitoyens. Et de fait, le régime voulait acquérir l’arme nucléaire afin de s’accorder une sorte d’assurance-vie, le mettant à l’abri d’une disparition par la violence. Or, c’est précisément ce qui risque d’arriver.

L’Iranien moyen a dit clairement dans ces manifestations encore embryonnaires ceci : peu lui chaut Israël, peu lui importent la Palestine, l’Irak, la Syrie, le Yémen ou Bahreïn, ce qui compte désormais à ses yeux, ce sont de meilleures conditions de vie, manger à sa fin et cesser cette coûteuse gabegie que sont les interventions armées au Proche Orient (Syrie, Irak, Yémen, Bahreïn)

Comment en est-on arrivé là ? Le seul constat fait par B. Obama et qui tient plus ou moins la route car tout le reste était faux, c’était l’analyse de la société iranienne : la jeunesse y devient prépondérante, les femmes y sont parmi les plus diplômées du monde musulman, et enfin, le régime obscurantiste et autoritaire des Mollahs ne parviendra pas éternellement à faire peser une chape de plomb sur cette jeunesse qui veut vivre et qui sait qu’elle a l’avenir devant elle.

On nous rapporte que les manifestants, tant à Téhéran que dans la deuxième ville du pays, Maschaed, ont conspué le président Rouhani que le guide suprême Kaméney, traité de dictateur. Toutefois, des manœuvres tordues au sein même des cercles dirigeants ne sont pas à exclure.

Les Gardiens de la Révolution, Etat dans l’Etat, statusim statu, considèrent Rouhani comme leur ennemi juré car il dirige le clan des réformateurs (dans la mesure où se terme s’applique à la situation sur place) et menace leur main mise sur le pays. Il n’est pas exclu qu’ils instrumentalisent la contestation pour affaiblir leur adversaire.

Certains spécialistes expliquent ainsi les retards accumulés par l’Iran : les Pasdarans contrôlent tous les secteurs de la vie économique du pays, mais comme ils ne sont pas des spécialistes en la matière, ils optent rarement pour le mieux disant, l’essentiel étant pour eux d’obtenir leur pourcentage, car ils sont les seuls à pouvoir recevoir les autorisations nécessaires pour entreprendre quoi que ce soit dans le pays…

L’Iran est donc placé devant le dilemme suivant : soit il débloque au plus vite la crise économique, le chômage endémique, règle les problèmes de l’approvisionnement, soit il aura à faire à une contestation de plus en plus violente qui finira par l’emporter. Il semble que l’opposition, longtemps anesthésiée et mise au pas, se réveille et veuille canaliser le mécontentement.

Le régime est-il sérieusement menacé ? Pas encore, mais il est clair qu’il ne pourra plus, dans la même mesure, dépenser des millions d’euros, voire plus, pour soutenir le terrorisme du Hamas, la dictature de Bachar et l’attitude agressive envers Israël.

On a souvent parlé des victimes nombreuses dans les rangs du Hezbollah, il ne faut pas sous-estimer les graves pertes iraniennes tant en Syrie qu’en Irak.

Nous sommes à la veille de changements étonnants, même si de telles manifestations de mécontentement étaient largement prévisibles.

Cette même jeunesse iranienne appelle de ses vœux une meilleure intégration de leur pays dans le concert des nations. Ils en ont assez des sanctions, même si certaines ont été levées, alors que d’autres ont été votées par le Congrès des USA.

Mais le plus grave reste à venir ; que va faire ce même Congrès de l’accord sur le nucléaire que le président Trump n’a pas voulu certifier ? Le Congrès, toutes tendances confondues, n’est pas tendre avec l’Iran des Mollahs qui a infligé au pays l’humiliante invasion et destruction de son ambassade à Téhéran, il y a quelques décennies.

Outre ce sinistre souvenir, il y a la main mise de l’Iran sur des pays comme le Liban dont l’actuel Premier Ministre n’a pas hésité à dénoncé l’ingérence dans les affaires de son pays.

Personnellement, je doute que ce régime soit amendable, je doute qu’il vienne un jour à résipiscence. Il poursuit des rêves de puissance et de domination qui s’avèrent comme des chimères.

Songez, pour finir, à l’affrontement de plus en plus affiché avec l’Arabie saoudite, actuelle gardienne des lieux saints de l’islam, un rôle que les Mollahs aimeraient tant jouer…

Une toute dernière remarque : il est étrange que la presse française ne se fasse pas l’écho de ce qui passe présentement dans ce pays.

Maurice-Ruben Hayoun

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage: Franz Rosenzweig (Agora, universpoche, 2015)

Le nouveau cycle de conférences, Aux racines de la culture européennese penche sur l’humus spirituel et les valeurs premières qui gisent au fondement de ce continent. Mais l’Europe n’est pas seulement un continent, c’est aussi et surtout une culture, axée autour de courants spirituels et d’écoles philosophiques, qui passent à juste Titre pour sa constitution théologico-politique ou éthique.

Les réflexions qui seront exposées dans la salle des mariages de la Mairie de notre arrondissement couvrent la critique biblique, la littérature éthique, la philosophie médiévale sous son triple aspect, gréco-arabe, chrétienne et juive au miroir des pères spirituels de l’Europe : Thomas d’Aquin, Maimonide, Averroès et Maître Eckhart.

Salle des Mariages Mairie du 16e Arrondissement – 71, avenue Henri Martin- 75016 Paris

Jeudi 11 janvier -19h
Hannah Arendt, égérie de Martin Heidegger?

Jeudi 8 février – 19h
Le Moïse de Sigmung Freud, selon Y. Yerushalmi

Jeudi 15 mars – 19h
Franz Rosenzweig, la philosophie et la Révélation: le problème de la Vérité

Jeudi 5 avril – 19h
Emmanuel Levinas et Moïse Mainonide

Jeudi 17 mai – 19h
L’historien Marc Bloch et Simone Veil face au Kaddish

Jeudi 7 juin – 19h
La langue judéo-arabe: plaidoyer pour une culture (presque) oubliée

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franck

@abou redwane ya bin sharmuta tu t ennuies

Yéhoudi

Abou Red wine ?? un futur chahid impatient ??

mais un Mounafaq, en attendant! piccoleur de gros rouge