Indépendamment du politiquement correct, le monde évolue

Décolonisation et guerre froide

Il y a 80 ans s’amplifiait un large mouvement de décolonisation qui a amené de nombreux pays à prendre leur indépendance d’empires occidentaux dominateurs. Quelques années plus tard, en 1947, sous la pression de l’Empire soviétique qui promouvait un ordre communiste mondial, était créé l’OTAN contre le pacte de Varsovie. Les États-Unis, redoutant que si un pays devenait communiste d’autres suivent (théorie des dominos), se mirent à organiser des alliances avec les pays qui entouraient l’URSS, pour empêcher la propagation du communisme. Par exemple, ils fournirent une aide militaire et financière à la Grèce et à la Turquie, pour les empêcher de tomber dans la sphère soviétique.

La guerre froide était une lutte des deux blocs pour le contrôle de l’ordre international. Dans ce contexte, les différents pays du monde étaient sommés de se positionner par rapport aux blocs aux super pouvoirs, sachant que dans de nombreux pays démocratiques occidentaux les partis communistes soutenaient sans retenue les ambitions planétaires de Staline, par exemple en France où le PC récoltait alors 25 % des voix des électeurs.

Conférence de Bandung et mouvements des non-alignés

C’est dans le contexte de la guerre froide que s’est tenue en 1955 la conférence de Bandung qui a révélé la volonté de 29 pays asiatiques et africains de rejeter un ordre international imposé par les blocs. Cependant, il faudra attendre 1961 pour que soit formé par 25 pays le mouvement des non-alignés représentant des pays de tous les continents et reprenant entre autres les objectifs énoncés par Nerhu à Bandung : paix et désarmement ; autodétermination ; égalité économique ; égalité culturelle ; multilatéralisme grâce à un soutien solide de l’ONU où dans les années 60/70 des pays faisant partie du tiers monde ont utilisé leur vote majoritaire aux Nations Unies pour détourner les discussions et l’attention de la guerre froide au profit des besoins de leurs pays. En 1970 les non-alignés étaient 70 auxquels il fallait ajouter 9 pays observateurs ; en 2022 ils sont 120 avec 17 pays observateurs à rapprocher des 193 pays de l’ONU et des 324 pays différents dans le monde.

Les non-alignés n’ont pas arrêté les pays Occidentaux, en particulier les États-Unis et l’Union Européenne, d’imposer au monde entier leurs volontés économiques, techniques, morales… que de nombreux pays, des organisations internationales dénoncent, pas forcément à tort, comme un néocolonialisme.

Cette pression occidentale a fait naître en 2011 un nouveau mouvement d’opposition, le groupe BRICS qui regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Ils représentent 42 % de la population mondiale. On notera qu’à l’occasion de la guerre d’Ukraine, ce groupe à refuser de suivre les Occidentaux dans leur boycott de la Russie et qu’à l’assemblée générale de l’ONU si 93 pays ont voté pour la suspension de la Russie du Conseil des Droits de l’Homme, 58 pays se sont abstenus, 24 ont voté contre.

Impérialisme et propagande occidentale

Depuis la chute de l’empire soviétique, la mentalité occidentale est toujours accrochée à l’idée qu’il ne devrait y avoir qu’un seul ordre international et que les puissances occidentales savent ce qui est bien pour le reste du monde. Étant donné que le monde bascule vers l’Asie, cet impérialisme est de plus en plus mal vécu à travers la planète qui à l’occasion de la guerre d’Ukraine a pu constater et parfois dénoncer, le deux poids deux mesures des occidentaux en matière d’aide militaire et économique, d’accueil des réfugiés, de boycott, de désinformation… en particulier par comparaison à d’autres conflits (Serbie, Irak, Syrie, Libye…).

L’universalisme occidental n’apprécie pas d’être relativisé et accepte mal que le monde soit plus divers qu’il le conçoit. Il ne veut pas voir que ses leçons de morale ne sont plus entendues par la planète, que la pression écologique qu’il met sur les pays émergents de moins exploiter certaines ressources (charbon, pétrole…), est très mal vécue par des pays qui ne veulent pas rester pauvres pour que les occidentaux puissent continuer à maintenir leur train de vie.

Démondialisation, nouveaux non-alignements et police de la pensée

Le COVID a montré des inconvénients et mis un frein à la globalisation planétaire de l’économie ; la guerre d’Ukraine a montré les limites du commerce international comme source de pacifisme (le commerce évite les guerres). Ce contexte exacerbe la grande partie géopolitique qui se joue depuis quelques années sur le continent africain qui n’est plus la chasse gardée des anciens coloniaux européens et des États-Unis, mais est fortement travaillé concurremment par différents grands pays (Chine, Russie, Inde, Turquie…). Ici, il faut aussi tenir compte du fait que le continent africain veut prendre toute sa place dans le concert international et que l’Iran, très bientôt muni de l’arme atomique, va faire évoluer les équilibres au Moyen-Orient.

Dans ce contexte général, on ne peut être qu’abasourdi par l’aveuglement routinier de notre presse nationale qui n’évoque pas vraiment bien ces sujets, qui survit grâce à des subventions, n’effectue pas son travail de recherche, d’éclairage, passe son temps à faire la police de la pensée, à promouvoir le politiquement correct dans tous les domaines de la vie, se perd dans la politique politicienne de nos politiques déconnectés du pays et se complaît à relater des affaires dénichées en lorgnant par les trous des serrures.

Grâce à nos politiques adeptes de la courte vue de leur réélection et d’une presse achetée, les Français, peu férus de géographie, peuvent dormir tranquillement sur leurs deux oreilles et les dirigeants se faire réélire pour gérer une France encore assez riche pour couler lentement :

– Le matelot : Mon capitaine, des passagers s’inquiètent de voir le bateau s’enfoncer dans la mer.
– Le capitaine : Faites-leur croire le plus longtemps possible que le bateau est un sous-marin !

Source : mabatim.info par Michel Bruley

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