Les forces spéciales israéliennes ont mené une opération audacieuse pour sauver la dernière famille juive dans la ville syrienne d’Alep, sous contrôle des djihadistes de l’Etat islamique.

L’incroyable opération de sauvetage des derniers Juifs d’Alep en Syrie

Le Jewish Chronicle rapporte que la préparation de la mission a commencé de longs mois en amont de l’opération. Tout d’abord, un homme d’affaires israélo-américain nommé Moti Kahana a envoyé un message à la famille, dont le nom n’a pas été divulgué, pour leur annoncer qu’il voulait les faire sortir d’une Syrie déchirée par la guerre. La famille avait apparemment trop peur d’entreprendre une fuite par ses propres moyens.

Kahana, qui a de nombreuses connexions avec les forces rebelles syriennes, a eu vent que l’État islamique se rapprochait dangereusement de la famille juive et a décidé de les faire évacuer.

Une fois le moment venu, trois soldats de Tsahal ont frappé à la porte de la famille. La matriarche de 88 ans a alors répondu en craignant que les soldats d’Assad étaient venus les chercher. Au lieu de cela, les soldats ont ordonné aux sept personnes présentes de prendre leurs affaires en vitesse afin de rejoindre un minibus.

Le véhicule a été arrêté à un poste de contrôle d’ISIS, mais la famille a réussi à convaincre les djihadistes qu’ils étaient des réfugiés qui tentaient d’échapper à Assad.

Il leur a fallu 36 heures pour traverser les centaines de kilomètres de la frontière turque. Une fois hors de Syrie, ils ont été conduit dans une maison louée à Istanbul, où Kahana les attendait.

Toutefois, leurs problèmes ne sont pas encore terminés…

Une femme, qui est désignée sous le nom de Gilda, s’était mariée à un homme musulman et s’était aussi convertie à l’islam. Alors que le reste de la famille a rapidement reçu des cartes d’identités israéliennes et a été rapatriée à Ashkelon, l’Agence Juive a informé Gilda que les gens qui se convertissent volontairement à une religion autre que le judaïsme perdaient leur droit au retour.

Selon Kahana, Gilda et son mari ont choisi de retourner en Syrie plutôt que de rester dans un camp de réfugiés syriens à l’intérieur de la Turquie.

«Je suis tellement frustré avec l’Agence juive, » a-t-il déclaré. Un représentant de l’Agence juive a confirmé que Gilda et son mari ne pouvaient pas faire leur aliya en raison de cette conversion à l’islam, et que le ministère de l’Intérieur avait tranché en leur défaveur…

coolamnews

Le bijoutier d’Alep Par Daniel Horowitz pour le Monde

Alep est une ville en Syrie située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière turque et à trois cents kilomètres de Damas. Elle a survécu depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours malgré les vicissitudes et les envahisseurs successifs, ce qui en fait l’une des cités les plus anciennes au monde encore en activité.

Peu de régions ont connu une présence juive aussi longue et aussi continue qu’Alep. La Bible mentionne déjà la ville dans le Livre de Samuel et dans les Psaumes, et la première grande immigration juive  eut lieu en 586 av. J.-C. suite à la destruction du Temple de Jérusalem.

Au Moyen-âge il y eut une courte période où Alep fut relativement indépendante, au cours de laquelle les juifs jouèrent un rôle important dans la Cité. Mais au treizième siècle les Mamelouks s’en emparèrent et décrétèrent des lois limitant les droits des juifs pour leur barrer l’accès à la vie publique. La synagogue principale fut transformée en mosquée, et les juifs devinrent des Dhimmis, citoyens de seconde zone au statut incertain qui devaient s’acquitter d’un impôt spécial du simple fait de ne pas être musulman.

Au 15ème siècle Alep fut conquise par les Mongols. Beaucoup de juifs furent exterminés et d’autres prirent la fuite. Mais quelque temps après les ottomans s’emparèrent de la région et virent la présence juive d’un œil plutôt favorable parce qu’ils la considéraient comme une valeur ajoutée pour l’impérialisme turc en plein épanouissement. La communauté reprit de la vigueur, prospéra et changea même de physionomie suite à l’afflux des juifs expulsés d’Espagne  et parlant ladino, qui après avoir traversé l’Europe de part en part étaient parvenus en Turquie.

Un manuscrit datant du 10ème siècle est depuis près d’un millénaire la référence absolue pour le texte, la cantillation et l’orthographe de la Bible hébraïque. Maïmonide, philosophe et  guide spirituel du judaïsme en Égypte, s’en est servi pour déterminer la mise en page des rouleaux de la Thora telle qu’on la connaît aujourd’hui. Mais bien qu’ayant été produit à Tibériade, ce manuscrit est connu sous le nom de « Codex d’Alep » parce qu’après de nombreuses péripéties il fut remis aux soins de la communauté d’Alep pour y demeurer six cents ans d’affilée sans que jamais de duplicata ne fût réalisé.

Les juifs comptent parmi les plus anciens habitants d’Alep, mais après y avoir vécu sans interruption pendant près de 2500 ans,  il n’y en a plus depuis six décennies. La communauté est disséminée dans le monde entier, mais les anciens en gardent un souvenir ému. Cette nostalgie les conduit à entretenir dans leur mémoire un Alep virtuel et à conserver entre eux des liens privilégiés.

Qu’a-t-il bien pu se passer pour que cette communauté immémoriale, si profondément enracinée en Syrie depuis Babylone, ait pu se volatiliser aussi radicalement ?

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations-Unies votait le partage de la Palestine en deux États, l’un arabe et l’autre juif. Dès le lendemain de violentes émeutes éclataient à Alep et une foule déchaînée criait « mort aux juifs », mettant à sac tout ce qui pouvait leur être associé sans que les autorités s’en mêlent. Un ancien d’Alep raconte qu’au cours de la nuit qui suivit, son père entreprit de se rendre discrètement dans sa bijouterie, et, à la lueur d’une bougie, mit son stock dans un sac pour le déposer ensuite en lieu sûr. En rentrant chez lui il relata son équipée à son fils en prononçant ces mots qui s’imprimèrent  à jamais dans sa mémoire : « cette nuit, j’ai cambriolé mon propre magasin ». Quarante-huit heures plus tard, la communauté juive se muait en cohorte de réfugiés et quittait Alep pour toujours.

Les tout premiers réfugiés du conflit israélo-palestinien furent donc les juifs d’Alep, et non les Arabes de Palestine, et ceci avant même la création de l’État d’Israël. Ce  fut le prélude à ce que peu après plus de 800.000 juifs du monde arabe furent persécutés, spoliés et finalement chassés des terres d’Islam.  Aucun d’entre eux n’eut jamais  droit au statut de réfugié de l’ONU. Le Codex d’Alep disparut de la circulation à la faveur des évènements et ressurgit en Israël, une décennie plus tard, en partie détruit et dans des conditions restées obscures.

Ces temps-ci la Syrie est en proie à la guerre civile, et la bataille fait rage à Alep. La vieille ville, classée patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, est une ligne de front  entre des rebelles douteux et une armée irrégulière, et la ville se désintègre.

Le fils du bijoutier d’Alep est aujourd’hui un grand-père heureux qui coule des jours paisibles en Israël,  l’État juif.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires