Les Unités de Protection Kurdes (YPG) exhortent les soldats du régime syrien d’Hassakah à se rendre

A YPG fighter in clashes with Syrian regime forces in Hasakah.
Un combattant kurde des YPG dans des affrontements avec les forces du régime syrien à Hasakah

ERBIL, Région du Kurdistan — Au moins 6 soldats de l’armée d’Assad ont été tués dans la ville d’Hasakah contrôlée par les Kurdes de Rojava, dimanche, alors que les heurts se sont poursuivis tard dans la nuit, entre les Unités de Protection du Peuple Kurde (YPG) et les forces régulières et supplétives du gouvernement Assad, dans la ville.

Les YPG ont annoncé avoir encerclé une base de l’armée dans la ville et exhorté les soldats à déposer les armes et à se rendre aux combattants kurdes. La milice kurde affirme détenir 20 soldats prisonniers depuis le milieu de la journée dimanche et elle a appelé les troupes restantes à abandonner leurs positions.

Les organes de presse proches des YPG ont constaté la mort de six soldats du régime tués dans le quartier de Khweran à Hasakah, à la suite d’un tir de l’artillerie de l’YPG, qui a pulvérisé leur véhicule blindé.  

Des témoins dénoncent aussi la présence de miliciens Iraniens, Afghans et du Hezbollah libanais, parmi les snipers d’Assad qui exécutent froidement les passants, civils, Arabes ou Kurdes, sans se soucier de qui ils sont.

« A tous les miliciens du régime encerclés dans la ville, vous êtes les cibles désignées de nos snipers et de nos canons », peut-on lire sur des flyers lancés aux soldats du régime. « Nos forces vont diriger de gros convois sur la ville et, par conséquent, nous vous conseillons vivement de déposer vos armes et de vous rendre au centre de sécurité le plus proche ».

Le flyer promet aux soldats qu’ils « seront bien traités, avec respect et comme des frères sans quoi, ils peuvent d’ores et déjà se considérer comme morts » s’ils refusent de se rendre.

L’Observatoire syrien des Droits de l’Homme a diffusé un peu plus tôt que près de 43 individus, en majorité des miliciens et soldats fidèles au régime d’Assad, ont été tués entre vendredi et dimanche, depuis que ces affrontements meurtriers ont éclaté dans la ville d’Hasakah vendredi.

 Hasakah, qui héberge une population d’environ 200.000 habitants, est divisée entre les Kurdes, les Arabes, les Assyriens et les Arméniens. Certaines parties de la ville ont été administrées par les Forces de Défense Nationale favorables au régime Assad, qui se trouvent à présent, acculées et que les YPG contraignent à déposer les armes. 

Les Etats-Unis considèrent que les YPG font partie intégrante de la coalition internationale contre les djihadistes de l’Etat Islamique et ils ont averti l’armée syrienne, de ne pas faire d’interférences avec les forces de la coalition et nos partenaires », à la suite de bombardements effectués par l’armée de l’air syrienne sur Hasakah, jeudi dernier.

Les YPG avaient réussi à éviter largement les affrontements avec le régime syrien depuis le début de la guerre civile dans ce pays et le régime a cédé un degré d’autonomie aux zones kurdes, mais les deux camps sont engagés dans des heurts sporadiques, en des occasions assez fréquentes.

D’autre part, il faut mentionner la présence d’un sol riche en pétrole, dans cette région. Si demain, le Rojava devait accéder à l’indépendance, cet atout de ressources stratégiques aurait une importance cruciale.

rudaw.net, le 22 août, 05h 30

Adaptation : Marc Brzustowski : NDLR : il restera à analyser ce qu’Assad a voulu démontrer, au moment où Vladimir Poutine recevait, il y a peu, Recep Tayyip Erdogan à Moscou, afin de trouver un terrain d’entente.

a) Erdogan et Assad semblent avoir pris les Kurdes pour cible, en tenaille, dans une tentative de rapprochement où, de toute évidence, les Russes ne sont intervenus que pour tenter une médiation, qui a échoué, entre les Syriens et les plus farouches combattants contre l’ennemi ultime : Daesh. On a appris qu’un adjoint d’Hakan Fidan, le Monsieur Iran de la Sécurité turque (M.I.T), s’est rendu à Damas, dimanche, pour discuter du sort des Kurdes et de leur percée dans la région frontalière nord entre Turquie et Syrie (Manbij, Jarabulus- Al Bab). Tout ce qu’Erdogan a récolté, pour le moment, sur cette « question », c’est un attentat commis par un jeune islamikaze de Daesh de moins de 14 ans contre un mariage (à majorité kurde) à Gazientep, le même jour, se soldant par la mort de 51 personnes…

b) Assad a tenté de poignarder les Kurdes dans le dos, au moment même où ils libéraient Manbij de Daesh. Ceci démontre bien, en plus de l’étendue de sa faiblesse, qu’il a bien plus besoin, tout comme Erdogan, des islamistes que des Kurdes pour justifier sa position et se maintenir au pouvoir par le chantage et l’aide de la Russie et de l’Iran théocratique. Le couple complémentaire tyrans-islamistes est fonction de la pression des structures traditionnelles autoritaires contre toute aspiration à la démocratie et à l’autonomie des peuples (en particulier les minorités : Kurdes, Druzes, Assyriens, Chrétiens…). 

c) Assad reste une partie du problème, notamment contre ceux qui se battent de manière acharnée contre Daesh, et non « la solution » (ou un « allié »)…

d) Alors que les avions américains n’ont pas hésité à décoller pour servir de bouclier aux YPG kurdes, l’armée russe est, au mieux, restée « l’arme au pied » comme face au soulèvement de Varsovie, ou « neutre » dans ce conflit, au moment où Russes et Américains sont censés trouver aussi un autre terrain d’entente, concernant les enjeux majeurs d’Alep, Raqqa et Mossoul, dont leurs différents alliés se disputent le rôle de fer de lance dans les différentes offensives à mener (en désordre complet jusqu’à présent, meilleure « chance » de maintien d’un territoire occupé par Daesh).

e) Les Kurdes savent qu’aucun des alliés des Russes ne veut d’autonomie ni d’indépendance kurde (Iran, Syrie, Turquie). 

f) Si, une fois de plus, Assad ne marque pas de points dans la reprise éventuelle de zones connaissant une certaine autonomie, on s’achemine de facto, vers un découpage du pays selon des zones d’influence communautaires.

g) Assad risque aussi fort de piétiner à Alep, malgré les bombardements russes indiscriminés, dans la ville détenue pour moitié, par des groupes islamistes. Les quartiers kurdes d’Alep sont directement sous la menace des Islamistes  ET des troupes supplétives du régime… 

Les régimes autoritaires arabes, perses et turcs font donc exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire, car en réprimant les aspirations des peuples, ils créent aussi une force d’attraction pour les recruteurs comme Daesh. Les Kurdes sont, là, une exception historique dans cette région du monde, à l’instar d’Israël : 

a suivre…

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