Harcèlement scolaire: signes, conséquences, contacts, que faire ?

La journée internationale contre le harcèlement scolaire a lieu ce jeudi 5 novembre. La psychologue Hélène Romano nous explique comment détecter un cas de harcèlement, comment réagir et quelles sont les conséquences psychologiques pour l’enfant.

Ce jeudi 5 novembre, à l’occasion de la Journée internationale contre le harcèlement scolaire, la France et l’UNESCO organisent la première conférence internationale de lutte contre le harcèlement. Cette année, il sera aussi question de la place des réseaux sociaux dans le harcèlement scolaire et du cyberharcèlement.

Jean-Michel Blanquer lancera aussi un appel pour une éthique des réseaux sociaux. Enfin, une nouvelle campagne de sensibilisation est lancée en cette journée de lutte contre le harcèlement à l’école.

Des enfants de tout âge racontent leur calvaire « j’ai pas compris tout de suite ce qui était en train de m’arriver. Mais ça a recommencé, tous les jours, au bureau, à la cantine… Je voulais juste ne plus jamais devoir y retourner. Ils étaient tous contre moi, mais quand j’ai enfin trouvé le courage d’en parler, ils ont dit que ça allait passer, que c’était des chamailleries entre copains d’école. J’en peux plus. J’ai peur que ça ne passe pas ». Un enfant conclut : « ce n’est pas parce qu’on est petit qu’on a de petits problèmes ».

Harcèlement scolaire : comment le détecter ?

Peu d’adultes parviennent à voir le mal-être d’un enfant harcelé à l’école. En effet, il n’est pas facile pour un adulte de reconnaître qu’un enfant est victime ou de faire la part des choses entre harcèlement scolaire et « petites disputes de récré ».

La victime pense parfois pouvoir régler ses problèmes seule, cherchant la plupart du temps à cacher son mal-être à ses parents par peur de les décevoir. Ou par crainte, tout simplement, de représailles plus virulentes encore, de la part de ses harceleurs. Et même si les adultes remarquent que l’enfant se sent mal, ils estiment parfois que c’est normal, l’enfance et l’adolescence étant des périodes faites de hauts et de bas… Quelles sont les conséquences sur la vie de l’enfant harcelé ? Comment réagir et qui contacter en cas de harcèlement scolaire ? On fait le point avec Hélène Romano*, psychologue et auteure des livres « L’école face au traumatisme et à la violence » et « La santé à l’école ».

Harcèlement scolaire : comment reconnaître les signes ?

De manière générale, il faut être attentif à tout changement de comportement, sans dramatiser, mais sans non plus minimiser les faits. En cas de doute, il est important d’en discuter avec son enfant et l’inciter à se confier. Voici quelques repères :

 

1 – L’enfant ne veut plus aller à l’école

Le harcèlement scolaire a des conséquences sur la vie quotidienne de l’enfant. « Un élève, qui soudain, n’a plus envie d’aller en classe, ou traîne les pieds, n’est pas un tire-au-flanc », explique Nora Fraisse dans son guide « Stop au Harcèlement ! »

Il faut en effet porter attention à ce mal-être qui peut se caractériser par une difficulté à se lever le matin, un rejet de l’école, l’envie de rester à la maison, la crainte de prendre l’autobus scolaire, des retards ou des demandes d’argent.

Votre enfant peut ainsi vous demander de l’accompagner, exceptionnellement, devant la porte de l’école, jusqu’à ce que les grilles s’ouvrent. Ou de venir le chercher à la sortie le soir.

2 – L’enfant est marqué de bleus, son matériel détérioré

Il a beau vous répéter qu’il est tombé sans faire exprès, votre enfant n’est pas à ce point maladroit. Son matériel est régulièrement vandalisé, il vous demande une nouvelle trousse car la sienne a pris l’eau (accidentellement), il perd ses cahiers, son manteau, il rentre à la maison avec des tâches de boues ou des blessures…

3 – L’enfant est épuisé et présente des troubles

Sa peur de se rendre en classe et d’affronter de nouveau ces élèves qui le maltraitent peut se transformer par des angoisses, des maux de ventre, des pleurs, des énurésies ou des nausées. Il doit constamment rester sur ses gardes, être vigilant à son environnement et cela l’épuise.

« Il peut également faire des cauchemars, développer de l’eczéma, perdre ses cheveux, avoir des dérèglements hormonaux, notamment pour les filles (retard de règles par exemple), voire un retard de croissance », expliquait la psychologue Hélène Romano lors d’une précédente interview.

A la maison, il peut aussi paraître absent et soucieux, être agité, se plaindre, avoir une perte d’appétit ou encore devenir irritable et agressif.

4 – L’enfant est isolé

Un enfant victime de harcèlement se retrouve seul face à ses harceleurs. « Il n’est pas invité aux anniversaires de ses petits camarades, et n’a les coordonnées de personne. D’ailleurs, s’il manque un cours et qu’il souhaite le rattraper, il ne saura pas qui contacter », précise Hélène Romano.

Il aura tendance à jouer seul et à se mettre en retrait, parfois même à se cacher dans les toilettes ou au CDI pendant la récréation, à manger en vitesse à la cantine pour mieux se réfugier ensuite.

Il tâchera d’éviter les endroits fréquentés par ses camarades de classe, et ne voudra pas fêter son anniversaire à la maison.

5 – L’enfant est en échec scolaire

La victime peut aussi avoir des difficultés à se concentrer en classe. L’école, censé être l’endroit où l’enfant se sent protégé devient alors dangereux pour lui. Perturbé par ce qu’il se passe autour de lui, par les mauvaises nuits passées et par sa crainte constante… l’enfant a du mal à rester attentif.

Il décroche, et cela se ressent dans ses résultats scolaires. Lorsqu’il est en âge de le faire, il ira jusqu’à sécher les cours, sans avertir personne. En attendant, il tentera d’éviter ses agresseurs en étant systématiquement en retard ou absent.

120 propositions pour lutter contre le harcèlement à l’école

Un rapport « Comprendre et combattre le harcèlement scolaire », remis ce 13 octobre 2020 au Premier ministre, propose des solutions pour prévenir et lutter contre le harcèlement.

En prévention, le rapport préconise des espaces de paroles pour permettre aux parents et aux professeurs de discuter de la situation, et des groupes de soutien destinés aux adolescents.

Le député du Finistère Erwan Balanant recommande par ailleurs une meilleure formation des adultes et un renforcement du nombre de psychologues à l’école, une sensibilisation des enfants pour développer leur empathie et la tolérance, ou encore un programme clé en main « non au harcèlement ».

Le rapport recommande également de créer un délit spécifique en cas de harcèlement scolaire (passible de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende intégrant explicitement le cyberharcèlement.  Lire la suite dans journaldesfemmes.fr

Lire aussi Le cyber-harcèlement scolaire en hausse pendant le confinement

Extrait

Les élèves de 3e les plus exposés

Selon une étude commandée par l’ex-Premier ministre Edouard Philippe au député Modem du Finistère Erwan Balanant, les élèves de 3e sont les plus exposés aux risques de cyber-harcèlement en raison d’un taux d’équipement plus élevé à cette tranche d’âge.

Ainsi, la moitié d’entre eux (53 %) envoient plus de 100 SMS par jour, dont un quart plus de 200. Et 32% avouent passer quotidiennement plus de trois heures sur internet. Le rapport note que les enfants sont équipés de plus en plus tôt par leurs parents de supports numériques. En 2013, 12,1% des élèves avaient leur premier portable à 10 ans, contre 15,9% en 2016. Ils étaient 31,6% à l’obtenir à 11 ans en 2013, contre 38,2% en 2016.

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