Et si l’impasse politique en Israël était porteuse d’espoir ? (par Asher Zelmati)

La situation politique est toujours au point mort en Israël. Aucun des deux grands blocs (droite, Bleu et Blanc) ne peut former de gouvernement. Chacun rejette sur l’autre la responsabilité de cette impasse.

Les partis de à Benny Gantz et d’Avigdor Lieberman reprochent à Benyamin Netanyahou d’imposer la droite religieuse et sioniste et de s’accrocher au pouvoir alors qu’il est sous le joug d’une « possible inculpation ».

La droite unifiée reproche à Gantz et à Lieberman d’exclure les partis religieux et sionistes.

Évidemment, il est très probable que de nouvelles élections amèneront exactement aux mêmes résultats.

Pour sortir de l’impasse, de nombreux députés proposent un suffrage direct sans congé pour réduire les coûts. Le nouveau Premier ministre serait élu pour quatre ans et devrait former une coalition. Tous les partis seraient contraints de s’entendre ou de se « soumettre » au vainqueur.

Or Israël a déjà tenu des élections directes pour le poste de Premier ministre : en 1996, 1999 et 2001. On constate donc que le pays tend à revenir spontanément à son système électoral antérieur en raison des difficultés à former et à maintenir des coalitions dans le nouveau système. Mais les élections directes avaient elles-mêmes conduit à l’impasse.

Tous les partis reconnaissent que les conséquences sont très graves pour notre pays, sans majorité pour voter et appliquer les lois, les décisions politiques. Les États-Unis attendent de publier leur plan de paix, dans l’expectative comme de nombreux États. Une partie de la Planète est paralysée du fait de la position stratégique et centrale d’Israël dans les affaires du monde.

Doit-on sombrer dans le pessimisme ?

Voici des décennies que nous sommes divisés entre droite et gauche. On retrouve d’ailleurs à peu de chose près cette configuration dans la plupart des pays. Nous passons d’élection en élection. Les partis se succèdent, les problèmes aussi. Tout recommence, rien ne change sous le Soleil.

C’est le drame humain où tout est division : le bien et le mal, le pour et le contre… qui se finalisent dans le dualisme des philosophies et des religions. Une des solutions reste la dictature, qui impose une ligne de conduite et se termine dans un bain de sang. Une autre est la démocratie (du grec dêmos, peuple et cratos, pouvoir), pouvoir du peuple qui se traduit par la domination du plus fort au détriment du plus faible.

La démocratie (Platon, La République, livre XIII), décuplant les discordes et les dissensions, mène à la tyrannie. Le peuple confie en dernière instance le pouvoir à un tyran pour empêcher la guerre civile. Il semble qu’il y ait une sorte de fatalité : le rêve de la Révolution française, authentique, conduisit à la Terreur et à l’empire de Napoléon. La révolution d’Octobre, avec ses idéologues de l’universel, bascula dans la dictature stalinienne. Et notre temps n’est pas épargné. L’humanité, à la recherche de son unité, sombre régulièrement dans l’impérialisme.

Reste-t-il un espoir ?

Il existe deux stratégies pour retrouver cette unité perdue : celle des nations, celle d’Israël.

« L’épisode de la tour de Babel dans la Torah montre qu’il y avait un temps d’unité des langages suivi d’un temps de la confusion des langues et de la dispersion des nations : dor ha-pelagah, la génération de la division. L’unité humaine a éclaté en 70 nations de base et, parmi ces 70 nations de base, il n’y a pas Israël… Il y a une nostalgie de l’unité perdue qui travaille très profondément dans la conscience humaine » (Yehuda Askénazi Manitou, « Beréchit, Création et évolution »).

La Torah dès sa première lettre indique l’origine de la dualité dans le monde : il existe un décalage entre le projet du Créateur, qui ne se réalisera que dans le Olam ha-ba, le monde à venir (littéralement « le monde qui vient »), et la réalité de notre monde.

Or « Les Hébreux ont eu la révélation, l’intuition, la certitude de l’existence d’un univers (uni-vers), c’est-à-dire une unité du divers : que le monde est un, que Dieu est Un, que Celui qui a voulu le monde et que Celui qui l’a créé, c’est le même. C’est le judaïsme » (Yehuda Askénazi Manitou, « Beréchit, Création et évolution »).

« Au cœur de la civilisation occidentale, il y a l’intuition qui rejoint l’enseignement biblique que l’humanité est une. C’est l’intuition de l’universel humain » (Yehuda Askénazi Manitou, « Noah », 1992). La science moderne a réunifié le projet de vérité du monde (les mathématiques) et la réalité physique : nous avons des avions qui volent, des bateaux qui naviguent, des simulations informatiques conformes à la réalité, etc. Le développement des institutions à vocation universelle prouve l’intense aspiration des hommes à l’unité. Mais, à l’image de l’Onu, c’est la division, les intérêts des pays qui dominent. Et, paradoxalement, l’obsession à vouloir condamner Israël.

Il me semble que l’impasse politique en Israël est cependant porteuse d’espoir. Comme par hasard, elle oblige nos dirigeants à former l’unité dans notre pays.

Enfin, Israël fait face à sa vocation de ramener l’unité dans le monde. Grâce à la Torah et surtout au rassemblement des Juifs des quatre coins du monde, ce rêve est possible. C’est un devoir. Et l’occasion idéale d’en terminer avec les déchirements et les divisions droite-gauche, religieux-non-religieux…

Nous n’avons (grâce à Dieu) pas d’autre choix que l’unité politique en attendant celle des citoyens. Cela implique le respect et l’inclusion de TOUTES les composantes du pays. Il est inadmissible que Benny Gantz ou qu’Avigdor Lieberman refusent aux religieux et à la droite sioniste toute participation à un gouvernement.

 Il est tout aussi choquant qu’un parti composé en majorité d’ex-chefs d’état-major de l’armée israélienne soit en discussion avec le parti arabe, qui ne cache pas son support au terrorisme. 

De même qu’il est intolérable que certains partis religieux refusent de partager les devoirs incombant à tous les citoyens, pour ne citer que les principaux : l’armée et le travail.

L’unité humaine, qui existait avant la tour de Babel, n’est pas qu’un idéal. Elle est réelle, concrète, accessible de nos jours. L’unité que les Nations-« Unies » n’arrivent pas à instaurer est possible en Israël.

Pourtant, ne dit-on pas « deux Juifs, trois opinions » ? La société juive a toujours été divisée, ce qui a conduit à la destruction des 2 Temples de Jérusalem. Aujourd’hui, c’est pire car 2 000 ans ont passé et chacun porte en lui le pays dont il est originaire : le Juif français, le Juif américain, russe, argentin, australien, marocain… Autant de visages, autant de différences.

Jusqu’à ce jour, Israël s’est construit au gré des forces qui avaient le pouvoir en Israël. Le judéo-européo-arabe du temps de Shimon Perès, qui alla jusqu’à demander qu’Israël fasse partie de la ligue arabe ! Le judéo-russe pour Lieberman, qui aimerait promouvoir cette identité.

Le temps est venu pour notre peuple d’être enfin Israël, juste Israël, avec ses différentes composantes. Les événements contemporains nous poussent à cela.

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