Le soutien d’Estrosi à Israël fait polémique

Le 28 décembre 2016, Christian Estrosi, Président (LR) de la Métropole niçoise a rencontré le Premier Ministre Israélien Benjamin Netanyahu dans le cadre d’un voyage qui a duré 5 jours. Prévue depuis plus d’un mois, la réunion de travail s’est focalisée sur trois points : le renforcement des relations entre Nice et les villes israéliennes, le soutien de la région Paca à la plantation d’arbres dans une région sinistrée par les incendies (notamment, la plantation de 86 arbres à la mémoire des victimes de l’attentat de Nice commis le 14 juillet 1986), enfin, des rendez-vous institutionnels avec des dirigeants israéliens et notamment le Premier Ministre (l’un des premiers à témoigner son soutien, à la suite de l’attentat commis à Nice) L’opposition socialiste au sein de la région Paca n’a pas manqué d’émettre des critiques sur ce voyage. Celles-ci sont, en réalité, purement insensées et ne résistent pas à l’analyse. Précisions.

La point de départ de la critique socialiste est tout d’abord venue du soutien apporté par le Président de la région Provence Alpes Côte d’Azur à Israël, à la suite de la résolution 2234 de Conseil de Sécurité de l’Onu du 23 décembre 2016 qui a demandé « l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie ». En effet, et comme l’a rappelé Christian Estrosi : « il s’agit d’une décision dangereuse qui attaque la seule démocratie dans la région ». Or, cette résolution (inique) qui appelle à « l’arrêt de la colonisation » est la première prise sur ce point depuis 1979, et pour cause. L’arrêt de la colonisation réclamé par le Conseil de Sécurité de l’Onu en 1979 portait sur un autre territoire : il s’agissait de la colonisation de la « Jordanie occupée (depuis le mois de juin 1967) dans sa partie occidentale ». La règle applicable était alors celle de l’interdiction du transfert de population dans un territoire occupé.

La situation géopolitique a changé depuis 1979, rendant caduque la résolution prise sur l’interdiction de coloniser le territoire. En effet, la Jordanie s’est désengagée de la Cisjordanie le 31 juillet 1988, en précisant que ce territoire ne faisait plus partie de sa souveraineté. Dès lors, la Jordanie a cessé d’être occupée à compter de cette date. Rappelons que la situation géopolitique a encore été modifiée avec les accords conclus entre Israël et l’Autorité palestinienne à Oslo, en 1993. Ces accords ont réparti les pouvoirs sur la Cisjordanie, réservant à Israël, 60 % du territoire (la zone C sur lequel il exerce la plénitude des prérogatives civiles, administratives et militaires en vertu des accords israélo palestinien). L’Onu ne peut donc plus qualifier la présence israélienne en zone C de Cisjordanie  « d’occupation » et doit tenir compte des modifications géopolitiques survenues depuis cette date. Dès lors, la résolution 2234 est dépourvue de tout fondement juridique.

S’agissant de l’attentat terroriste commis à Nice le 14 juillet 2016 à l’origine de 86 personnes tuées, Estrosi a confirmé partager avec Israël une vision commune quant à « la lutte à mener contre le terrorisme au niveau international ». Aussi, a-t-il rencontré les maires de villes israéliennes pour évoquer les perspectives de coopération, ce qui n’a pas manqué de courroucer le chef de l’opposition niçois, Patrick Allemand : « rien ne peut justifier le déplacement de Christian Estrosi en Israël au frais de la Métropole Nice Côte d’Azur ». De même, le secrétaire du PS dans les Alpes maritimes Xavier Garcia a condamné cette initiative : « A quel titre un président de Métropole et des élus métropolitains vont-ils soutenir la politique étrangère d’un État condamné par l’Onu ? ».

Il convient, sur ce point, de rappeler une autre aberration de la résolution 2334 : celle-ci indique ne reconnaître aucune modification aux frontières définies le 4 juin 1967, ce qui est parfaitement insensé. En effet, les « soit disant frontières de 1967 » ne sont que les frontières jordaniennes à la suite de l’annexion de la Cisjordanie en avril 1950. Or, comme la Jordanie a indiqué que ces frontières n’étaient plus les siennes depuis 1988, les frontières de 1967 ont naturellement été changée, sans qu’Israël n’intervienne dans cette modification.

Rappelons, en effet, que l’annexion de la Cisjordanie en 1950 par la Jordanie n’a jamais été contestée sur le plan international. Le cas échéant, la Jordanie ne s’appellerait pas « Jordanie » mais « Transjordanie » (le nom du Royaume Hachémite a changé au moment de l’annexion de la Cisjordanie). La communauté internationale ne peut donc, d’une part, valider l’annexion de la Cisjordanie par la Jordanie en 1950, et faire comme si cet épisode n’avait pas existé lorsqu’en 1988, la Jordanie s’est unilatéralement désengagée de la Cisjordanie. D’ailleurs, les « fameuses frontières de 1967 » jordaniennes intègrent « Jérusalem Est », annexée par la Jordanie en 1950. Si la communauté internationale fait fi de cette annexion, elle doit revenir à la résolution 1981 de 1947 prévoyant un statut international pour Jérusalem. Tel n’est pas le cas. En exigeant d’Israël qu’il revienne aux frontières de 1967, elle valide l’annexion de la Cisjordanie et de Jérusalem par la Jordanie, et doit tenir compte du désengagement par l’autorité hachémite sur ce territoire en 1988.

Lors de son déplacement, Mr Estrosi a annoncé un don de 50 000 € de la région Paca pour un projet de reforestation du KKL, ce qu’a critiqué Christophe Castaner, chef de file des socialistes lors des dernières régionales : « il s’agit de clientélisme. Il engage la région pour acheter une clientèle, celle des amis d’Israël » (sic).  Pour lui, « Estrosi conteste l’existence de la Palestine alors que la France et les Etats-Unis préconisent la solution des deux Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité ». Une fois encore, il n’en est rien. La Palestine a été reconnue par l’Onu le 29 novembre 2012 comme Etat non membre, et ce, sans le moindre territoire d’affectation. La Palestine n’est donc qu’un Etat qui reste virtuel, puisque sans territoire particulier (rappelons qu’un Etat suppose l’existence d’un territoire).

La gauche a donc lancé une pétition contre le soutien d’Estrosi à Israël puisqu’il utilise l’argent des contribuables pour « financer des projets illégaux qui piétinent le Droit international et la dignité du peuple palestinien » (sic). Le texte fait sournoisement la comparaison avec la démarche de l’ancien maire de Nice, Jacques Médecin qui avait, le 6 mai 1974, signé un jumelage avec le Cap en Afrique du Sud, c’est-à-dire au lendemain du vote au Conseil de Sécurité de l’Onu qui a qualifié d’apartheid le régime sud africain de crime contre l’humanité (sic). La pétition indique alors « Quelques décennies plus tard les mêmes procédés perdurent. Les noms changent mais l’oppression reste la même. L’impunité politique persiste mais la résistance s’organise » (sic).

Il s’agit bien évidemment d’une thèse fausse qui repose sur des postulats tout aussi mensongers. Israël n’est pas un Etat d’apartheid puisque les palestiniens disposent de territoires sur lesquels ils sont souverains sans partage (la zone A de Cisjordanie et la bande de gaza). Saluons donc le courage de Christian Estrosi qui a parfaitement compris les enjeux de la lutte contre le terrorisme qui frappe les villes démocratiques en vue d’imposer la vision radicale de l’Islam à des populations qui n’en veulent pas.

Dans son rôle d’opposition, la gauche niçoise fustige les choix politiques du responsable de la région Paca mais la question n’est pas politique mais bien philosophique: elle porte sur le mode de vie envisagé pour les générations à venir, dans les pays démocratiques.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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yaakova

Exactement, d’accord avec vous. Je ne comprends pas pourquoi le mot cisjordanie existe encore, il devrait être banni du vocabulaire et remplacé par Judée et Samarie, ainsi que Jérusalem-Est par à l’Est de Jérusalem. Israël devrait être nette dans ces appellations qui trompent les gens qui ne connaissent pas l’histoire d’Israël, ou font semblant de ne pas la connaître. Sur I24news, les journalistes n’arrêtent pas d’employer ces fausses appellations alors qu’ils connaissent bien l’histoire, quelle aberration !

Daniel

Un truc m’échappe .. Depuis quand l’ONU est-elle l’institution de référence concernant le droit international ?
Les journalistes balancent des phrases qui sonnent bien creux et aussi bien faux. Le plus dramatique, c’est lorsqu’elles sont reprises sérieusement par les rangs politique.

alexandra

Merci du fond du coeur à tous les Justes, et par ce bel acte symbolique et son don pour le reboisement des forêts, Mr Estrosi en est un.

alain paul

l’ONU est incapable de faire respecter les décisions,( dont certaines relèvent de l’incompétence totale de l’organisation), qu’elle prend. Jusqu’en 1948 il existe une Transjordanie, découlant des traités internationaux des années 1920, suite au découpage de l’ancien empire ottoman. Lors de la Guerre d’Indépendance d’Israel, en 1948, la partie appelée Cisjordanie n’existait nullement : elle représente en fait l’ultime avancée des troupes de la Légion Arabe, formée, entraînée, surarmée par un état-major anglais dont le chef était Glub Pacha, un anglais converti. L’armistice de Rhodes en 1949, mettant fin aux hostilités, entraîna la prise de controle de la dite région par la Transjordanie qui devient Jordanie. L’émir Abdallah, le chef du pays à l’époque, n’était nullement hostile au jeune Etat,( réunions régulières avec Golda Meier). Assassiné en 1952, l’Emir Abdallah fut remplacé par le Roi Hussein. Ce dernier, après la Guerre de 1967, signa un traité de paix avec Israel et une vingtaine d’années plus tard, se désengagea totalement de la prétendue Cisjordanie. Cette dénomination aurait dû disparaître, puisque la région formait la Palestine Romaine, concédée par Rome aux survivants de l’Etat hébreu. Non seulement les revendications des « palestiniens » ne reposent sur aucun fondement, mais elles sont avivées par les incohérences, les imbécillités, la méconnaissance totale de la vérité historique, les complaisances invraisemblables des gens dits « de gauche » atteints de drôles de défauts visuels. Il convient de s’informer et de prendre ses distances quand on ne sait pas. Et surtout ,comme le prétendent certains »experts » et/ou « spécialistes » du Moyen Orient, se documenter sérieusement avant d’émettre leurs théories fumeuses plus ou moins entachées d’un antisémitisme primaire séculaire. L’enseignement du mépris, dénoncé par l’Historien J. Isaac, n’a pas fini de cheminer sournoisement.

Adam

L’argumentaire juridique est implacable : il n’y a pas de territoires occupés, à la rigueur des territoires disputés ( et encore !), mais en aucun cas d’occupation. Il n’existe pas de « frontières de 1967 », car la ligne verte n’est qu’une ligne d’armisticequi n’a fait l’objet d’aucun traité de paix. De surcrôit la Jordanie a signé un traité de paix sui définit la nouvelle frontière entre les deux pays. N’en déplaise à Obama, Kerry, Holande, Ayrault, Boniface et autres anti-israéliens, la résolution du CSONU est un torchon sans validité.
Une contre-vérité, même répétée un million de fois par un million de personnes, reste toujours et à jamais une contre-vérité. De même, une contre-vérité ne peut devenir vérité par le vote dans une assemblée, car alors on pourrait décider par le vote que l’eau ne mouille pas et que la terre n’est pas ronde.
Reste aux juristes, comme l’auteur de cet article, et aux représentants d’Israel en France et ailleurs dans le monde, à faire le forcing pour être invités dans les émissions qui jasent sur Israël entre anti-israeliens, sans personne pour contre-argumenter. Il faut déclarer la guerre à la faire du bruit pour que les thèses de la vérité soient connus des ignorants.