Des changements politiques en Turquie peuvent marquer un dénouement favorable des discussions avec Israël.

 

Le chef des renseignements turcs, Hakan Fidan, considéré comme un « agent » de l’Iran et, par conséquent, un obstacle aux pourparlers de réconciliation avec Jérusalem, est remplacé ; le sous-secrétaire aux Affaires étrangères, Feridun Hadi Sinirlioğlu, qui menait les discussions avec Israël, a aussi été limogé de son poste.

Deux évolutions politiques récentes en Turquie peuvent être le signal d’un dénouement favorable des discussions de rapprochement entre Ankara et Israël.

Le Président turc Recep Tayyip Erdoğan a récemment décidé de limoger Hakan Fidan, le chef des renseignements turcs de son poste et de plutôt faire de lui l’Ambassadeur d’Ankara au Japon. Au même moment, le Président turc a aussi décidé que le Sous-Secrétaire turc aux affaires étrangères, Feridun Hadi Sinirlioğlu, sera nommé Ambassadeur d’Ankara aux Nations-Unies.

Israël et la Turquie tiennent des discussions visant à la normalisation de leurs relations 2010 le raid de Tsahal le 31 mai 2010, sur le Mavi Marmara, navire-amiral de la flottille visant à briser le blocus de la Bande de Gaza, qui s’était soldé par la mort de 9 djihadistes armés turcs.

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Le Président turc Erdogan (Photo: AP)

 

Pour Israël, l’éviction de Fidan des services de renseignements turcs, le MIT, au bout de six ans, représente une évolution positive, alors que le retrait de Sinirlioğlu, le négociateur en chef en vue de cette réconciliation avec Israël, du Ministère des Affaires étrangères turc est perçu comme une mesure négative.

Fidan, une figure de l’ombre, est l’homme de confiance d’ Erdoğan. Les responsables israéliens le perçoivent comme un « agent » travaillant pour le compte de l’Iran et il y a beaucoup qui le considèrent comme le principal obstacle à la normalisation avec la Turquie.

En juin 2013, on a mentionné que Fidan a rencontré son homologue, le chef du Mossad à l’époque, Tamir Pardo, à Ankara afin de discuter des menaces posées par l’Iran et Daesh. En octobre 2013, pendant le même temps, le Washington Post révélait que Fidan avait transmis des renseignements aux Iraniens à propos d’un réseau d’espionnage israélien (10 hommes, vraisemblablement des Kurdes d’Iran) opérant au cœur de la République Islamique.

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Hakan Fidan (Photo: AFP)

Les diplomates qui sont impliqués dans le processus de rapprochement israélo-turc affirment que le renvoi de Fidan de ce poste crucial ne peut qu’être un signe positif qui semble indiquer le désir de normalisation d’Erdoğan avec Israël.

Les médias turcs laissent transpirer qu’Erdoğan projette de remplacer Fidan par l’ancien colonel Mustafa Levent Göktaş, une nomination surprenante, puisque Göktas a passé cinq ans en prison à la suite de la vague d’arrestations d’officiers supérieurs de l’armée turque, conduite par Erdoğan en personne.

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L’affaire Ergenekon est le nom d’un présumé réseau criminel turc qui serait composé de 300 militants de l’extrême droite ainsi que de la gauche républicaine, d’officiers de l’armée et de la gendarmerie, de magistrats, de mafieux, d’universitaires et de journalistes. Nombreux sont ceux qui ont, à cette occasion, accusé Erdoğan de chercher à se débarrasser de tous ses adversaires politiques à travers un coup de filet tous azimuts. 275 accusés, soit, la plupart, ont étrangement été grâciés en 2014, après la condamnation à la prison à vie de 19 d’entre eux.

Göktaş a pris part en 1999, à l’opération visant à capturer le dirigeant kurde Abdullah Öcalan, au Kenya (où Israël est influent) et a récemment dit, lors d’une interview télévisée que s’il prenait la tête des renseignements turcs, il éliminerait les « 5ème colonnes » kurdes et de Daesh dans le pays en moins d’un an.

 Le limogeage du garant modéré de Turquie, Feridun Hadi Sinirlioğlu, est, au moins aussi surprenant. Sinirlioğlu est le diplomate le plus haut titré qui ait servi en tant qu’ambassadeur en Israël par le passé, ce qui faisait de lui un choix naturel pour mener les négociations de réconciliation avec Jérusalem. Sinirlioğlu a aussi fait fonction de Ministre des Affaires étrangères en activité au court du récent remaniement du cabinet en Turquie.

Certains commentateurs remarquent que la décision d’envoyer Sinirlioğlu à l’ONU pourrait marquer la fin des négociations de réconciliation entre la Turquie et Israël. Ces négociations étaient le « bébé » de Sinirlioğlu et il est probable qu’Erdoğan, qui a récemment exprimé son désir de normaliser les relations avec Israël, en plusieurs occasions, n’aurait pas révoqué de son poste l’homme qui menait les discussions avec Jérusalem, sans être certain que ces discussions aient abouti.

Ce limogeage des deux hommes de leurs postes pourrait aussi être en lien avec le fait qu’ils étaient perçus comme des fidèles de l’ancien Premier Ministre turc Ahmet Davutoğlu, qui a dû démissionner récemment après s’être affronté à Erdoğan [qui lui a progressivement retiré tout pouvoir].

 

 

Par Itamar Eichner

Publié le : 04. 06.16, 14:41 / Israel News

 

ynetnews.com

Adaptation : Marc Brzustowski

 

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