Emmanuel Macron a-t-il rencontré un espion chinois ?

Emmanuel Macron, en compagnie de Jacques Sun, président du Conseil représentatif des associations asiatiques de France (CRAAF), à gauche du candidat (avec des lunettes).

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Vendredi, à son QG de campagne, le candidat d’En marche  ! a rencontré à huis clos la famille de Shaoyao Liu, un Chinois de 56 ans, tué par la police, le 26 mars. Mais aussi un homme identifié par la DGSI comme un agent de Pékin.

En recevant à huis clos, vendredi après-midi, les représentants de la communauté asiatique en France, Emmanuel Macron a-t-il aussi rencontré un homme identifié par les services français comme un agent à la solde de Pékin ?

Vendredi en fin d’après-midi, le candidat d’En Marche ! a accepté de recevoir à son QG de campagne la famille de Shaoyao Liu, un père de famille de 56 ans tué par un policier de la BAC à son domicile parisien, le 26 mars. La mort de ce ressortissant chinois a suscité plusieurs rassemblements de la communauté, par ailleurs régulièrement la cible d’agressions violentes. Du côté de la police, on évoque la légitime défense mais les proches de la victime restent persuadés qu’il s’agit d’une « bavure ».

Dans un premier temps, l’entourage d’Emmanuel Macron a fait preuve d’une grande discrétion sur la tenue de ce rendez-vous, expliquant qu’il était déplacé. Or il a bel et bien eu lieu. La mèche a été vendue par des journalistes chinois qui, après s’être glissés dans la délégation, selon un témoin asiatique, ont publié la photo de la rencontre à laquelle ont également pris part une vingtaine d’associations, selon l’entourage du candidat à la présidentielle. On voit le candidat au côté de Jacques Sun, l’homme de Pékin, selon la DGSI. Ce dernier préside depuis 2014 le Conseil représentatif des associations asiatiques de France (CRAAF). A ce titre, il a d’ailleurs rencontré d’autres hommes politiques de premier plan, Bernard Cazeneuve en septembre dernier ou encore Alain Juppé en octobre.

Soupçonné de rendre compte directement à Pékin

Mais ce qui rend l’homme aujourd’hui controversé, c’est une note de la DGSI, dont nous révélions l’existence jeudi dans laquelle les services français mettaient en avant l’influence directe de Pékin dans la mobilisation parisienne. Jacques Sun est aujourd’hui présenté comme un agent chinois. Le contre-espionnage s’inquiète du fait que des décideurs puissent rencontrer un homme assimilé à un agent d’influence. Un personnage, selon ces mêmes sources, susceptible de rendre « compte immédiatement du contenu des entretiens » à ses relais auprès des autorités chinoises. Sur le site du CRAAF, Jacques Sun est présenté comme un « chef d’entreprise […] fortement impliqué dans la vie associative » et « déterminé à aller plus loin que le soutien aux manifestations culturelles et traditionnelles », en intervenant « délibérément dans le champ social, médiatique et institutionnel ».

Interrogé sur les réserves de la DGSI, l’entourage de Macron nous indique être « au courant des soupçons» mais assumer la démarche : «On n’a pas à se prononcer sur les controverses qui entourent ce personnage. Dans son statut aujourd’hui, il représente une communauté, il porte une voix et représente quelque chose. C’est à ce titre qu’on l’a vu. On ne peut pas renoncer à écouter cette communauté sous prétexte que celui qui la représente est l’objet de soupçons. D’autant qu’il y avait aussi un conseiller du XIIIe arrondissement de Paris. Aucune des associations présente n’a vu un inconvénient à apparaître en présence de Jacques Sun».

Espion ? «Jamais, c’est n’importe quoi», nous confie l’intéressé

Selon Jackie Troy, vice-présidente de l’association, Jacques Sun avait pris l’initiative de joindre les différents candidats à l’élection présidentielle française pour les alerter sur les difficultés de la communauté asiatique. Seul Emmanuel Macron aurait donné suite, son équipe appelant le CRAAF « il y a deux ou trois jours ». « Pour des raisons d’agenda, M. Macron devait partir le soir à Marseille, il nous a demandé de passer à son QG [vendredi] vers 18h30 », indique Jackie Troy.

Le CRAAF conteste formellement les affirmations contenues dans la note de la DGSI : « Et ce d’autant plus que cette note a mis le feu aux poudres en suscitant de vives réactions, poursuit la vice-présidente. Nous sommes totalement opposés à la violence. Nous nous sommes là pour venir en aide à une famille très choquée comme vous pouvez l’imaginer.»

Juste avant son départ demain pour la Chine, Jacques Sun, joint par Le Parisien par téléphone dément catégoriquement un quelconque rôle politique. Un espion ? « Jamais ! C’est n’importe quoi, répond-t-il. Dans la situation actuelle, toutes les rumeurs circulent mais je suis un chef d’entreprise qui préside une association loi 1901. Moi qui ai grandi en France j’en suis l’un des membres fondateurs. Totalement bénévole et apolitique.»

>JEAN-MICHEL DECUGIS ET ERIC PELLETIER (AVEC SEBASTIEN LERNOULD ET PAULINE THEVENIAUD)|01 avril 2017, 20h00 | MAJ : 02 avril 2017, 10h01|

  leparisien.fr

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