« On les a condamnés avant même qu’ils ne soient contaminés » : ces résidents d’Ehpad qui ont été privés d’hôpital au plus fort de l’épidémie de Covid-19

Plus d’un tiers des personnes décédées du coronavirus en France sont mortes au sein d’Etablissements pour personnes âgées dépendantes. Les difficultés d’accès aux hôpitaux pour les résidents les plus âgés, au plus fort de l’épidémie, alimentent la polémique sur la gestion de la crise par les autorités.

Juliette Campion Guillemette Jeannot France Télévisions Mis à jour le 
publié le 

 

« On a clairement arbitré : ma grand-mère de 96 ans, en parfaite santé avant d’attraper le Covid, a été placée d’office en soins palliatifs. » Olivia Mokiejewski ne cache pas sa colère. Son aïeule, Hermine, résidente à l’Ehpad Bel Air de Clamart (Hauts-de-Seine), est morte le 4 avril des suites du coronavirus, qui frappe lourdement les personnes âgées. Plus de la moitié des victimes du Covid-19 ont 80 ans et plus. Ce taux monte jusqu’à 93% si la tranche d’âge est élargie aux 60 ans et plus, selon les dernières données de Santé publique France.

Mais pour cette petite-fille endeuillée, la seule explication de l’âge ne suffit pas. « Au-delà du tri opéré par les urgences, qui ne pouvaient pas accueillir tout le monde, les protocoles sanitaires d’urgence n’ont pas été appliqués de la même façon dans tous les Ehpad », estime Olivia Mokiejewski. A la tête du Collectif 9471, en référence au nombre de morts recensés dans les Ehpad le jour de la création de l’association, le 5 mai dernier, elle entend porter la voix des familles meurtries qui veulent connaître la « chaîne des responsabilités » dans le décès de leurs proches. Car pour ces familles comme pour certains professionnels de santé, « des morts auraient pu être évitées », résume Olivia Mokiejewski.

Des critères objectifs pour éviter une discrimination par l’âge

« Les gens de 95 ans sont parfois en bien meilleure forme que ceux de 60 ans. Or, on les a condamnés avant même qu’ils ne soient contaminés. » C’est un constat sans appel pour Olivia Mokiejewski. Selon elle, les résidents des Ehpad seraient morts parce que jugés trop vieux. Cette possible discrimination a été soulevée par l’Académie nationale de médecine. Dès le 18 avril, elle a alerté sur les risques d’un « âgisme », une discrimination du fait de l’âge, dans un contexte épidémique où « la limitation des ressources [dans les hôpitaux] fait le lit de tensions intergénérationnelles ». L’institution recommande « de ne jamais utiliser le critère d’âge pour l’allocation ou la répartition des biens et des ressources » et, s’il doit y avoir un rationnement des moyens thérapeutiques, qu’il soit basé sur « des critères physiologiques, cliniques et fonctionnels ».

De son côté, Olivia Mokiejewski a récemment porté plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui », « non-assistance à personne en danger » et « homicide involontaire ». Une enquête préliminaire est en cours. Selon elle, il y aurait eu des « manquements » dans l’établissement du groupe Korian où résidait sa grand-mère.

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