« écrire pour rebâtir les ruines qui sont en moi », Aharon Appelfeld za »l
“Mon rôle dans ce monde est d’écrire, d’écrire, après avoir été témoin d’une telle destruction, d’écrire pour rebâtir les ruines qui sont en moi », Aharon Appelfeld za »l, disparu à l’âge de 85 ans, il y a 4 ans jour pour jour, l’un des plus grands romanciers et poètes israéliens, prix Médicis étranger en 2004 pour sa magnifique Histoire d’une vie dans laquelle il raconte comment il s’est caché pour survivre dans les forêts ukrainiennes après s’être évadé d’un camp de déportation.
« Plus de cinquante ans ont passé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le cœur a beaucoup oublié, principalement des lieux, des dates, des noms de gens, et pourtant je ressens ces jours-là dans tout mon corps. Chaque fois qu’il pleut, qu’il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m’ont abrité longtemps. La mémoire, s’avère-t-il, a des racines profondément ancrées dans le corps. Il suffit parfois de l’odeur de la paille pourrie ou du cri d’un oiseau pour me transporter loin et à l’intérieur. » y confie-t-il.
Dans son dernier livre «Des jours d’une stupéfiante clarté », il se demande, au fil des pages, en en filigrane, comment survivre, vivre et aimer après la shoah, sans toutefois y apporter de réponses. Bien que la majorité de son œuvre décrit l’avant et l’après l’holocauste, il se défendait d’être un écrivain de la shoah, mais celui des Juifs…za”l
Nathalie Sosna-Ofir