Vue sur Créteil (Crédit : CC BY Christophe Pinard/Flickr)

L’un plonge dans un silence buté, l’autre « jure » qu’il a été entraîné dans cette histoire: deux hommes, jugés pour un cambriolage sur fond d’antisémitisme à Créteil en 2014, au cours duquel une jeune femme a été violée, se sont mutuellement accusés devant les assises mardi.

Le jour des faits, trois hommes – l’un est en fuite – s’étaient introduits de force, encagoulés et armés, au domicile d’un homme juif et de sa compagne. Le couple avait été menacé, ligoté, pendant que leurs agresseurs retournaient l’appartement.

« J’étais un petit branleur. Je voyais des gens passer dans le quartier, je pensais qu’ils étaient riches », dit Ladje H., aujourd’hui 23 ans, quand on lui demande comment il a choisi ses cibles, rejetant à nouveau tout antisémitisme.

C’est lui qui avait repéré l’appartement mais ses complices lui ont « chauffé la tête » pour le convaincre d’y aller parce qu’il y avait « de l’argent à se faire », dit-il. Ses réponses sont brèves, marmonnées. « Parlez plus fort », « articulez », répète le président.

Quant au viol, pour lequel il est le seul à être renvoyé, il le nie « à 1 000 % ». Face aux questions insistantes du président qui pointe les variantes dans son récit, il se bute, reste muet.

Les contradictions avec la version du deuxième agresseur présent dans le box ? « C’est un lâche, il veut m’enfoncer ».

« Je préfère être un lâche qu’un violeur », répond lors de son interrogatoire Abdou Salam K. Lui qui « jure » avoir été « engrainé » (entrainé en argot) dans cette histoire assure qu’il n’était au courant de rien.

Le jour des faits, Ladje H. était passé le récupérer pour aller déjeuner. « A 8 heures du matin ? » s’étonne le président. « Oui je mange à toutes les heures ».

Il assure qu’on lui dira ensuite qu’il s’agissait d’ »aller mettre un coup de pression » à un homme qui devait de l’argent à son ami. Pourquoi n’est-il pas parti quand il a compris ce qu’il se passait ? « J’ai eu peur ». Lui aussi « jure » qu’il n’a pas touché la jeune femme.

Cette dernière sait que son violeur est un homme noir (l’homme en fuite ne l’est pas) mais ne l’a pas reconnu formellement : Ladje H. et Abdou Salam K., mêmes tailles et gabarits, avaient le visage dissimulé. Elle assure cependant avoir reconnu la voix d’Abdou Salam K., Sénégalais et qui parle avec un léger accent, comme étant celle de l’homme qui ne l’avait pas violée.

Le verdict est attendu vendredi.

AFP

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