Consistoire et post-Consistoire 

Evelyne Gougenheim le 07.07.2020

En l’absence de réunions, assemblée générale et comptes, tous éléments  qui rendent compte de la vie d’une association, quelles informations sont aujourd’hui disponibles, fiables, vérifiées. Quel est le point d’étape aujourd’hui, à l’issue du troisième et dernier mandat statutaire et à l’aube du post-Consistoire.

Ethique et Finances

Les statuts du Consistoire Central limitent la Présidence à trois mandats de 4 ans. Le troisième mandat a pris fin le 30 juin 2020.

Après un vote négatif du Conseil d’Administration pour une prolongation de son dernier mandat, le Président a fini par obtenir une prolongation contraire aux statuts et sans élection, grâce à une  cuisine interne, cachère  – ou pas – et un désagréable arrière-goût de charia. On progresse. Non, on régresse.

Nous sommes dans l’abus de pouvoir caractérisé.

D’autant plus qu’il y a confusion totale le Président étant à la fois président du Consistoire Central, de l’ACIP (Consistoire de Paris) du CEJ (Centre du XVIIème dit du Judaïsme-sans-Rabbin), du CEMJ (la troisième association non-consistoriale qui détient 19% des parts de la SCI, en toute discrétion). Sans parler des innombrables structures toutes variantes de C-E-J-M-H , pour un maximum de confusion, toutes avec le même président et des administrateurs, passifs et complices.

Les décisions prises n’ont plus aucun caractère démocratique : la légitimité est nulle, la représentativité également. Les dommages tant éthiques que financiers sont de plus en plus visibles

Exemple : La vente du 19 rue Saint Georges transforme le Consistoire Central de propriétaire percevant des loyers à locataire débiteur du CEJ. Le loyer sera débattu entre le gérant du CEJ dit le propriétaire ou bailleur, qui n’est autre que le président du Consistoire Central, devenu locataire. Conflits d’intérêts illimités d’autant plus que le président n’a plus ni légitimité ni mandat de son Conseil d’Administration. Par ailleurs, le trésorier du Consistoire de Paris avec ses déficits en séries, flairant l’arrivée des fonds liés à la vente du 19 rue St Georges, a déjà demandé l’aide du Consistoire Central. Ne doutons pas, dans un élan fort de complicité, d’une belle générosité à venir. Bref, le fromage coule. Il serait temps que l’on connaisse l’affectation des 13, 14 ou 15 millions d’euros résultant de la vente du 19 rue Saint Georges, bien qui fut acquis grâce à des dons, et vendu à on ne sait toujours qui.

Rappelons quelques règles de bonne gestion des associations cultuelles

« Il faut cependant veiller à éviter tout transfert de fonds entre associations » et notamment qu’« elles n’aient pas les mêmes Conseils d’Administration ». Donc, les transferts vers une SCI…Mais lorsqu’on bafoue les statuts, on se croit au-dessus des lois, n’est-il pas ! Pour conjurer ce sinistre état des lieux, on récitera en toute occasion la Prière pour la République sorte de poudre jetée aux yeux de ceux qui continuent à détourner le regard.

Enfin, par cette vente, le Consistoire Central, détenteur aujourd’hui de 30% des parts de la SCI, aurait pu devenir propriétaire à 100% de la SCI tout en renflouant le Consistoire de Paris par le rachat de ses  51%  de parts et en faisant sortir du jeu cette troisième association non-consistoriale, bien trop discrète mais détenant 19% des parts.

Rien de tel :  le Consistoire Central va, pour satisfaire aux intérêts du gérant ( oups) et du président de la troisième association (re-oups), se retrouver dépouillé, dans le silence gêné de ceux qui , « pour le Chalom » préfèrent se taire par crainte d’éventuels dommages collatéraux, comme si les dommages n’étaient pas déjà là.

Petites Communautés ou grandes : vos difficultés n’intéressent personne.

Qu’il n’ y ait plus de Rabbin à Nancy ou à Grenoble depuis des mois, qu’une synagogue ferme à Vitry/Seine, en catimini, cela n’a aucune importance. L’essentiel est ailleurs.  Dans ce Consistoire qui permet de bénéficier de dispositions fiscales tout en utilisant la SCI comme base immobilière pour compléter les différentes structures immobilières familiales.

Une belle affaire. Il était important que le-dit trésorier du Consistoire soit en position éligible sur une liste municipale dans le XVIIème – mais quel hasard! – en se présentant non comme Trésorier mais comme Vice-Président du Consistoire Central, (quelle laïcité ?). On se demande pourquoi il ne s’est pas plutôt présenté comme Trésorier du Consistoire de Paris : 1,3 millions/an de déficits cela démontre bien ses capacités. Bref, le concept de conflits d’intérêts est inconnu du Consistoire. Bien sûr, si, malgré la diffusion de plus en grande de ces informations, des subventions continuaient à être versées dans ces associations dont l’opacité cause de graves préjudices à l’ensemble de la Communauté, notamment en privant d’autres associations de ressources, nous serions en droit de nous interroger sur les raisons et les intérêts qui prévalent dans le maintien de telles subventions.

Le post-Consistoire

Ainsi depuis le 1er juillet, nous sommes entrés dans l’ère post-Consistoire, c’est-à dire une ère où les missions initiales du Consistoire, au service de tous, sont remplacées par d’autres missions, au service de certains.

Des problématiques en déshérence

  1. la Cacheroute : suite à la diffusion d’un reportage où des personnes travaillant dans des abattoirs témoignent, la question de la souffrance animale est une nouvelle fois posée avec acuité. Des mots terribles sont dits sur l’abattage rituel. Ne rien anticiper c’est aller à la catastrophe. Mais quelle importance pour un gérant de SCI. ( Annexe 1)
  2. Guett et accord pré-nuptial – destiné à apporter une solution aux femmes Agunot, enchaînées – adopté par les Beth Din orthodoxes d’Israël et des USA, ici aucune évolution.  Aucune campagne de sensibilisation ni d’information. Pourquoi interrompre un système qui, s’il bloque et détruit des vies de femmes, permet régulièrement de ponctionner des fonds, pour de grandes causes, certainement
  3. Quant à la soirée Zoom pour le Covid, son but n’est-il pas  d’éluder définitivement la question de la surreprésentation de la Communauté. Un seul et unique chiffre a été annoncé malgré plus de trois mois d’épidémie, sans aucune autre précision. Il est largement contredit par de nombreuses sources (Voir annexes). La dissimulation, même là. De quel droit pour un représentant sans mandat statutaire? Enfin, en organisant une « multi diffusion » qui réduit à néant l’attachement à une Communauté en le transformant en Zoom, s’annonce ce que nous voyons déjà dans le Centre du XVIIème : le judaïsme-sans-Rabbin. Vive le show! A quoi bon  l’Etude des Textes, la transmission, les valeurs du judaïsme alors que l’avenir post-consistorial s’incarne dans le….béton .(Annexe 2: quelques articles parus dans la presse début mai)
  4. Cimetières parisiens ou de Sarre-Union,                                        Après des années d’attente, vingt-neuf sépultures exhumées du cimetière de Thiais ont été transférées au cimetière de Metz. le Consistoire s’en félicite. En oubliant les centaines de sépultures et d’ossuaires qui attendent toujours au Père-Lachaise, et sans souligner que ce transfert a été financé grâce à une levée de fonds lors d’un dîner de gala à Créteil et non grâce aux fonds collectés par  la Fondation du Patrimoine juif de France et supposés servir au « Respect dû à nos défunts ». Sans surprise. Quant à Sarre-Union…

Nous sommes prisonniers d’un système sclérosé sans représentativité, ni légitimité, qui étouffe toute la Communauté. Quelles solutions ? Comment sauver cette institution qui ne sait plus que produire « Panem et circenses », si loin des valeurs dites du judaïsme ou faut-il abandonner l’institution à sa mort programmée. Le scandale est à nos portes, la honte suinte des murs, l’opprobre nous guette. Le respect dû à ceux qui, de génération en génération, ont construit le judaïsme de France dans la dignité nous oblige. Le respect dû à ceux à qui nous devrions transmettre autre chose que de l’opacité et des déficits, nous oblige aussi. Un Mynian suffit pour ouvrir toutes les portes.

En espérant que les nouvelles actuellement inquiétantes d’Israël vont aller en s’améliorant par une maîtrise rapide de l’épidémie et la réouverture tant souhaitée de Ben Gurion.

Evelyne Gougenheim

 

 

 

 

Annexes

1. Abattoirs et abattage rituel 

https://www.france.tv/la1ere/guyane/infrarouge/1786009-les-damnes-des-ouvriers-en-abattoir.html

2.  Coronavirus

https://ejpress.org/at-least-1300-jews-died-from-covid-19-in-france/

( article du 10 mai 2020)

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SARAH

Constat dramatique et inquiétant d’une communauté confisquée depuis des décennies par quelques uns qui y trouvent leur compte en pouvoir et honneurs. Tout cela au mépris de ce qu’ils sont précisément sensés défendre, à savoir la mémoire et l’avenir du judaïsme français. Pourquoi tant de silence des gens qui savent et laissent faire ? A quoi bon tant de piété en façade, si c’est pour piétiner ouvertement les principes les plus élémentaires ?
BASTA.