France: les peintres juifs de « l’Ecole de Paris » imposent leur génie dans un musée parisien

De l’Empire russe et d’Europe centrale, les artistes juifs affluaient dans les années 1910 à Paris: une exposition rend hommage à leur créativité et à leur fort attachement à la France, malgré un climat parfois hostile à leur encontre.

Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Mahj) a regroupé maints chefs d’œuvre connus et moins connus dans l’exposition « Chagall, Modigliani, Soutine…Paris pour école » (1905/1940) », retardée depuis l’an dernier par la crise sanitaire.

Elle raconte magistralement l’histoire des talents divers de ceux qu’on a regroupés dans l' »Ecole de Paris », qui à la fois épouseront et impulseront les différents courants artistiques du début du XXe siècle: cubisme, expressionnisme, abstraction.

En 1925, huit ans avant l’accession au pouvoir de Hitler, le critique d’art français André Warnod défendait ces artistes, marginalisés, au Salon des Indépendants.

Face à la méfiance antisémite du milieu de l’art parisien qui voulait les classer comme étrangers, Warnod affirmait: « l’Ecole de Paris existe. Peut-on considérer comme indésirable l’artiste pour qui Paris est la terre promise ».

Au départ, beaucoup de ces artistes, notamment russes, « sont poussés par leurs maîtres à chercher à Paris un complément à leur formation, à rencontrer les maîtres, à rejoindre des académies libres. Ils vont s’engouffrer dans la modernité », explique la commissaire Pascale Samuel.

Si les Juifs russes fuient l’oppression sous le régime tsariste, d’autres viennent d’Europe centrale et d’ailleurs.

Ils participeront à l’effervescence de Montparnasse, par exemple dans les célèbres ateliers de la Ruche, comme en témoignent les photos d’époque.

Certains resteront célèbres comme Marc Chagall, Chaïm Soutine, d’autres le seront moins comme Jules Pascin, Jacques Lipchitz, Louis Marcoussis, Chana Orloff, Ossip Zadkine, et d’autres encore seront largement oubliés.

À travers 130 œuvres et de nombreux documents, l’exposition renouvelle le regard sur cette génération arrivée à Paris entre 1900 et 1914, qui fréquentera Apollinaire, Braque, Picasso et d’autres grandes figures, et dont beaucoup s’engageront en 1914 pour la France, notamment dans la Légion étrangère.

Toute aussi passionnante est l’exposition « Hersh Fenster et le Shtetl disparu de Montparnasse » présentée simultanément: elle fait découvrir l’immense et étonnant travail solitaire d’un journaliste juif enquêteur, qui n’avait pas oublié ses amis disparus dans la Shoah: après guerre, Hersh Fenster travaillera pendant cinq ans pour écrire un livre qui garde présente la mémoire des 84 artistes juifs de cette Ecole victimes du nazisme.

Christophe SIMON (AFP)Un visiteur visite l’exposition « Du noir et blanc à la couleur » dédiée à Marc Chagall à Aix-en-Provence, le 29 octobre 2018 / image d’illustration

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