Quelques rares gains militaires pour l’Azerbaïdjan – malgré ses forts avantages par rapport à l’Arménie

Les forces arméniennes se battent à la mi-octobre pour chasser les forces azéries de la seule terre qu’elles avaient capturée au cours d’une offensive d’un mois, lors du conflit précédent : les poches nord et sud du Haut-Karabakh contesté.

Le riche Azerbaïdjan fait des réserves depuis des années sur des systèmes d’armes avancés de Russie, de Turquie et d’Israël, tandis que l’Arménie, bien qu’alliée de la Russie, a reçu du matériel pour l’essentiel dépassé. La Turquie a livré un lot de drones Bayraktar TB2 à l’Azerbaïdjan en juin dans le cadre d’un pacte de défense entre eux. Déployés par la Turquie précédemment en Libye et en Syrie, ces drones sont activement utilisés au Haut-Karabakh contre le régime séparatiste.

Et lorsque l’Azerbaïdjan a lancé son offensive contre les séparatistes le 27 septembre, il était également en possession d’avions de combat turcs F-16 abandonnés cinq jours plus tôt après des manœuvres conjointes. Ankara aurait en outre déployé auprès de son allié caucasien au moins 1500 combattants, en majorité turkmènes, de l’armée nationale syrienne pro-turque – ce qu’Ankara nie.

Il n’est pas évident de savoir si les avantages technologiques et numériques de l’Azerbaïdjan seront le facteur décisif du conflit actuel. Les Arméniens le perçoivent comme plus existentiel plutôt que soumis l’influence régionale (de la Turquie, en particulier), conservant en mémoire le souvenir du meurtre de masse de l’Empire ottoman et de l’expulsion de 1,5 million de leurs frères après la Première Guerre mondiale. Ils se battent donc avec acharnement, soutenus par leurs communautés diasporiques mondiales, pour conserver chaque centimètre carré du Karabakh.

Pourtant, l’issue du conflit dépendra beaucoup des intentions de leurs sponsors internationaux respectifs, la Turquie et la Russie.

Le turc Recep Erdogan cherche à utiliser ce bras-de-fer pour étendre son influence dans le Caucase voisin, en particulier après des revers dans une série d’entreprises au Moyen-Orient. Il a l’intention d’utiliser l’Azerbaïdjan comme tremplin vers des pâturages convoités et d’agir rapidement tant que le président russe Vladimir Poutine se retiendra de soutenir pleinement l’Arménie.

Poutine a, pour sa part, opté pour un rôle diplomatique dans la résolution du conflit. Bien que la tentative de Moscou la semaine dernière de négocier un cessez-le-feu pour mettre fin aux hostilités ait sombré en quelques heures, Poutine a l’intention de garder la main sur tout processus politique éventuel.

Pour l’instant, sa position est ambivalente. Le dirigeant russe se retient de fournir un soutien militaire total aux Arméniens afin d’éviter de pousser l’Azerbaïdjan complètement dans les bras de la Turquie. Mais au bout du compte, Moscou devra s’aligner avec Erevan à cause de deux contraintes : pour Poutine, l’Arménie et sa grande base militaire russe, il doit y avoir un contrepoids à la volonté expansionniste de la Turquie dans le Caucase et au-delà, y compris le délestage, pour la Russie, du fief turc d’Idlib en Syrie.

Deuxièmement, permettre à l’Arménie de céder un contrôle total sur le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan et à la Turquie reviendrait à porter gravement atteinte à l’influence de Moscou sur d’autres anciennes régions soviétiques.

Le Kremlin préférerait intégrer l’Azerbaïdjan dans les organismes de sécurité et économiques russes dont l’Arménie est membre. Le président de Bakou, Ilham Aliyev, n’est cependant dans la poche de personne. Comme Erdogan l’a découvert, c’est un décideur plus indépendant que certains de ses anciens partenaires.

L’Azerbaïdjan n’a, jusqu’à présent, pas capturé suffisamment de territoire pour prendre une part ferme dans les négociations ou pour demander aux forces arméniennes de se retirer de la région à population arménienne intégrée à son territoire. Bakou est en outre inhibée par des facteurs supplémentaires : les forces arméniennes tiennent les hauteurs du Karabakh montagneux. Une campagne hivernale entraînerait de lourdes pertes, des pertes militaires et civiles importantes. Déjà, les pertes civiles s’accumulent à une échelle désastreuse. En outre, un conflit prolongé entraînerait une intervention internationale indésirable et compromettrait le commerce énergétique de l’Azerbaïdjan.

Cependant, l’Azerbaïdjan musulman est plus grand, plus fort et plus riche que l’Arménie chrétienne, et Bakou compte sur la possibilité qu’Erevan, sans le soutien total de la Russie, commence à baisser les bras en premier.

Sparse military gains for Azerbaijan – despite its strong advantages over Armenia

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yves FELIX

Israel que nous aimons et soutenons, Comment peux tu assumer ton choix de soutenir et ravitailler l’Azerbaidjan contre l’Armenie chrétienne. Souviens toi de ce peuple qui comme toi
a subit les pires atrocités d’un génocide. Israel, tu commets une énorme faute morale, et comme chrétien un doute à ton sujet est pret de s’installer…..Ne le laisse pas s’installer…
Yves Félix.

Miraël

Israël vend des armes à l’Azerbaïdjan depuis des années. Notamment les fameux drones suicides. C’était à l’époque l’un de ses seuls alliés musulman. L’accord militaire concerne la possibilité pour Israël d’accéder au territoire de l’Azerbaïdjan pour surveiller et éventuellement se défendre contre l’Iran.
Israël n’a jamais vendu spécifiquement d’armes à l’Azerbaïdjan pour se battre contre l’Arménie qui est également son allié pour des raisons historiques et culturels.

François

La vente d’armes israéliennes à l’Azerbaïdjan a quelque chose d’obscène, le pétrole du Sinaï ne revient surement pas plus cher, on pourrait à tout le moins attendre une Paix juste…Israël pourrait aider à une médiation mais avec cette coalition lapin-carpe aux manettes, aucune décision sérieuse ne peut être prise!