La mort du leader palestinien fait, depuis huit ans, l’objet de nombreuses hypothèses et autres théories du complot. Les révélations récentes de la chaîne satellitaire Al-Jazira font naître de nouveaux doutes, au point que l’Autorité palestinienne a décidé d’exhumer le corps de l’ancien président.En affirmant que Yasser Arafat décédé en 2004″>Article original, l’ancien président de l’Autorité palestinienne (AP), a été victime d’un empoisonnement dû à une substance radioactive, l’enquête d’Al-Jazira diffusée le 3 juillet »>Article original ne laisse pas d’impressionner. Il s’agit ici de journalisme d’investigation « à l’ancienne », pas d’un tweet négligemment envoyé, mais de toute une équipe de reporters s’acharnant à obtenir des documents classifiés, les effets personnels d’Arafat, un accès à tout ce qui a rapport de près ou de loin au sujet, et à retourner toutes les pierres pour dénicher la vérité. Ainsi, grâce à Al-Jazira, nous disposerions enfin de vrais indices débouchant sur une conclusion sensationnelle.

En 2005, alors que nous menions nos investigations en vue de la deuxième édition de notre livre “Ha-Milhama Ha-Shviit” La Septième Guerre, paru en hébreu aux éditions Yediot Aharonot »>Article original consacré à l’Intifada d’Al-Aqsa 2000-2005″>Article original, nous avions mis la main sur le rapport confidentiel réalisé post mortem à l’hôpital Percy à Clamart, en région parisienne »>Article original, où Yasser Arafat était soigné. Le déchiffrer ne fut pas une mince affaire. Premièrement, ce rapport était rédigé en français. Deuxièmement, il était écrit dans un tel jargon médical qu’il nous fallut dénicher un médecin anglophone parlant hébreu et français. Il est alors apparu que ce document alignait les contradictions et les points d’interrogation sur plus d’une centaine de pages.

A titre d’exemple, le rapport explique que des échantillons sanguins prélevés alors qu’Arafat était encore à Ramallah et envoyés à un laboratoire de Tunis, avaient disparu. Or, il ne s’agit pas ici de prises de sang de John Smith ou de Moïshe Moïshe, mais de Yasser Arafat en personne… Autre exemple, le médecin personnel de Yasser Arafat, Ashraf Al-Kourdi, dépêché auprès de son illustre patient seulement le 27 octobre 2004 (c’est-à-dire quinze jours après que ce dernier est tombé malade), nous expliqua alors que Percy avait détecté le virus VIH dans le sang d’Arafat. Or, le rapport français n’en fait aucune mention, pas plus d’ailleurs de la réalisation d’examens de détection du sida, alors qu’Arafat présentait des symptomes propres aux malades atteints du sida. À l’époque, Al-Kourdi n’hésita pourtant pas à affirmer que c’était le Mossad qui avait infecté Arafat avec le VIH…

Le rapport français souligne quant à lui que la veuve d’Arafat, Souha, qui vient d’accorder une interview larmoyante à Al-Jazira, a catégoriquement refusé qu’une biopsie du foie de son mari soit effectuée, quelques jours avant son décès. Ce qui est pour le moins incompréhensible. Tous les hauts responsables de l’OLP interrogés durant notre enquête affirmaient à l’époque qu’Israël avait empoisonné Arafat. Vu ses implications politiques, cette assertion mérite de toute évidence un examen attentif. Cependant, tous les responsables israéliens que nous avons approchés ont toujours catégoriquement rejeté ces accusations et ce sans un sourire ou un demi-sourire en coin. Et de rappeler deux éléments. Tout d’abord, en novembre 2004, Arafat était assiégé à Ramallah. Affaibli politiquement et isolé, il avait en outre perdu l’attention de la communauté internationale. Il est donc inimaginable qu’Israël ait pris le risque de le liquider. Ensuite, selon un ancien officiel israélien parlant sous couvert d’anonymat, Ariel Sharon avait livré à Washington des garanties fermes selon lesquelles Israël n’avait aucune intention de faire d’Arafat un martyr.

À ce jour, les examens toxicologiques menés à Paris n’ont débouché sur rien. Le rapport français livre les résultats des analyses de sang réalisées sur un patient du nom d’Etienne Louvet en réalité, Arafat »>Article original ; il liste nominalement chacun des différents poisons ayant fait l’objet d’une enquête spécifique, mais le Polonium 210, qu’Al-Jazira affirme avoir découvert sur les effets personnels d’Arafat, ne figure pas sur la liste dressée par le laboratoire français. Or, les proches et collègues de Yasser Arafat continuent d’affirmer qu’il a été empoisonné par Israël.

Aujourd’hui, huit ans après son décès, personne n’est encore parvenu à trouver le moindre indice permettant d’appuyer cette assertion. Pour fournir la preuve irréfutable qu’Arafat aurait été victime d’un empoisonnement radioactif, il faut exhumer sa dépouille, enterrée à Ramallah. L’Autorité palestinienne est maintenant au pied du mur.

Amos Harel & Avi Issacharoff | Ha’Aretz – Courrier International Article original

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