Tunisie : Ennahdha, son « Candidat présidentiel consensuel » ou la grande imposture de la campagne électorale.

Faut-il rappeler que le Qatar finance à hauteur de milliards cette émanation des Frères Musulmans?
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Envahissant les plateaux télé et les stations Radio, ne ratant aucune occasion pour prêcher la bonne parole et ramener les égarés sur le droit chemin, les pontes d’Ennahdha, le guide spirituel en première ligne, crient sur tous les toits politiques et médiatiques leur choix en faveur d’un candidat consensuel aux élections présidentielles.

Au-delà des lignes rouges que cet appel franchit, sans crier gare et sans analyse ni recul, dont notamment la confiscation du droit des tunisiens de voter et de choisir et de sanctionner aux suffrages universels, la résurrection de l’acte d’allégeance, profondément enraciné dans la culture musulmane de gouvernance que l’histoire a dépassé, la volonté sélective, élitiste et despotique de choisir à la place et au nom du peuple, faisant ainsi le lit de la dictature, séquestration du détenteur de la souveraineté, à savoir le peuple dont la volonté, le cas échéant, serait passée à la trappe de la fourberie politique, l’idée de mobiliser la classe politique derrière un seul candidat consensuel est avant un piège, une appât, un silencieux ou un modérateur de son sur le canon électoral comme sur la tempe de la république.

En réalité, la proposition d’Ennahdha n’est guère une position stratégique au service de l’intérêt national mais une manœuvre tactique au service d’un gain partisan, essentiellement électoraliste. Une opération de communication articulant une campagne électorale beaucoup plus qu’une conviction visant le compromis politique et l’apaisement social. Les leaders d’Ennahdha semblent avoir bien réussi leur coup. Le subterfuge a bien fonctionné. A en juger !

Nombre de candidats aux présidentielles ont troqué leur tunique d’adversaire potentiel pour un habit de possible allié. Ils ont cessé d’être détracteurs pour devenir des cireurs de pompes. Les offensives de charme rivalisent d’arguments de compromission et d’exercices de séduction. Ils n’attaquent plus Ennahdha ni sur son bilan ni sur son programme ni sur son agenda. Bien au contraire, ils ont baissé sinon tu leur voix, les yeux doux et les bras offerts, jouant des coudes et multipliant les témoignages d’inféodation pour se frayer un chemin vers la bénédiction. Un lamentable exercice de mendicité en vue de profiter de la charité toute républicaine d’Ennahdha.

Trois candidats, présumées grandes figures de la scène politique tunisienne, pour ne citer que les plus importants, donc les plus choquants, ont marché à fond dans le sable mouvant et non moins boueux proposé en guise de tremplin vers la magistrature suprême, à savoir Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jâafar et Ahmed Néjib Chebbi, qui ont fait tomber leur dernière feuille de vigne pour tenter de grimper l’arbre nahdhaoui.

Mustapha Ben Jâafer, président de l’ANC et du mouvement Ettakatol, n’a-t-il pas fait part de son honneur d’être désigné comme candidat consensuel ? Ahmed Néjib Chebbi n’a-t-il pas affirmé qu’il est la personne tout désignée si Ennahdha cherche un candidat de consensus ? Quant à Moncef Marzouki , pourtant président en exercice de la république, n’en a-t-il pas fait de même, offrant, sur un plat, ses services et ses cordes vocales aux mentors d’Ennahdha ?

Que ne fera-t-on pas pour investir les coulisses de Carthage ?

Dans leur course à être le premier laquais d’Ennahdha et à bénéficier de sa grâce, chacun croit avoir pris une bonne avance sur tous les autres candidats, sans se rendre compte qu’il se jette, pieds et mains liées, dans la gueule du loup. Ils le comprendront quand ils seront fauchés de leur piédestal et décapités sous la guillotine électorale.

N’importe qui aurait remarqué que depuis, ces trois candidats n’ont pas proféré ne serait-ce un mot critique contre Ennahdha. Et c’est là où se situe tout le plan ourdi par ce parti. En effet, il a fait un double coup : D’une part, il a cloué le bec à trois pointures, et par là à leur formation politique respective, devenues otages de la posture lourdement alignée de leurs chefs. Et d’autre part, il a discrédité encore davantage les trois hommes politiques en question, désormais considérés, plus que jamais, comme des étriers au cheval de bataille nahdhaoui.

Alors, l’idée de candidat présidentiel consensuel n’est, en fait, qu’un attrape-nigaud et un implacable échafaud !

DOSSIERS, NEWS, POLITIQUE, SOCIÉTÉ | JBB | 23 OCTOBRE, 2014 À

[tunisienumerique.com Article original

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