Le gouvernement israélien a toujours été, traditionnellement, dirigé par l’un des deux principaux blocs rivaux, le Likoud de centre-droit ou le Parti Travailliste de centre-gauche, excepté durant les gouvernements d’unité nationale en temps de crise et un cas de poste de Premier Ministre tournant. Aucun des deux blocs n’a jamais atteint la majorité en formant un cabinet sans l’aide extérieure de petites factions fragmentées.

Selon des sources politiques de Debkafile, on pourrait, cette fois, parvenir à une configuration différente. Les échantillons des sondages d’opinion menés par les stratèges des partis indiquent une compétition serrée, au cours des prochaines élections générales du 17 mars, entre le Likoud de Binyamin Netanyahu et le parti travailliste d’opposition d’Yitzhak Herzog, depuis qu’il a formé un partenariat avec Tzipi Livni et son petit parti Hatnuah : le Likoud reste en tête, mais avec une faible marge de 23/24 sièges (sur 120 à la Knesset), en comparaison des 20-22 sièges du parti travailliste.

Plutôt que de s’engager dans ces petits marchandages au coup par coup, en vue de former un gouvernement de coalition, après ces élections, avec un florilège de petites factions, Netanyahu et Herzog semblent tentés de trouver un terrain d’entente commun sur les grandes lignes d’un partenariat visant à partager le pouvoir.

De façon très significative, ce partenariat leur permettrait de priver d’autonomie le parti « Foyer Juif » radical de Naftali Bennett (16-17 sièges), Yisraël Beitenu d’Avigdor Lieberman ( qui plonge à 7 à 10 sièges), le nouveau parti Kulanu de Kahlon (8-9) et le parti de l’Avenir de Yaïr Lapid (qui plonge à 6-7). Cela réduirait également la capacité de marchandage du bloc réputé ultra-religieux.

Netanyahu a avoué son ambition de réduire cette fragmentation de la scène politique d’Israël autour des blocs principaux. Les négociations de coulisse entre le Premier Ministre et le dirigeant de l’opposition ne se font pas en face-à-face, mais par l’entremise d’un « go-between » qui dispose de toute la confiance des deux hommes, ce que révèle ici Debkafile : il s’agit du frère du leader d’Avoda, le Général de Brigade (de réserve) Michaël Herzog.

Au début des années 2000, Mike Herzog était le chef de la section stratégique de la Division de la Planification de Tsahal. Au cours de sa carrière, il a été l’aide de camp de Shaul Mofaz, alors Ministre de la Défense et chef de l’équipe resserrée autour de l’ancien dirigeant du Parti Travailliste, Ehud Barak, qui a ensuite été premier ministre.

Entre mai 2009 et mars 2010, M. Herzog a agi en tant qu’envoyé spécial, attaché aux efforts du Premier Ministre Netanyahu et du Ministre de la Défense Barak, afin de ranimer les négociations avec les Palestiniens. Le Premier Ministre l’a aussi affecté comme envoyé personnel auprès d’Yitzhak Molcho, et de l’équipe américaine qui a tenu des discussions avec la Syrie, entre décembre 2010 et le début de la guerre civile en mars 2011.

Le frère du dirigeant travailliste est actuellement chercheur permanent auprès de deux Think Tank américains : L’Institut Politique du Peuple Juif et le Washington Institute for Near East Policy, par lesquels passent la plupart des responsables majeurs des renseignements et de la sécurité d’Israël, à un moment ou à un autre. Par conséquent, il s’agit d’une personnalité familière des cercles qui comptent au sein des capitales américaine et israélienne.

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Le Général de Brigade, Mike Herzog.

Jusqu’à la fin de l’an dernier, quand Netanyahu a forgé sa décision d’appeler à des élections anticipées, a ajouté, à nouveau, Mike Herzog en tant qu’envoyé spécial au cours des contacts informels de Molcho avec les Américains et les Palestiniens. Il a aussi été impliqué dans la diplomatie, comme représentant du Premier Ministre sur d’autres sujets stratégiques, dont le problème nucléaire iranien.

Au cours des toutes dernières semaines, Mike Herzog a redoublé d’efforts, en vue d’établir un pont entre son frère et le chef du Likoud et il a réalisé quelques percées dans trois sphères différentes :

1. La semaine dernière, Netanyahu et Herzog ont lancé une initiative conjointe plutôt rare, qui consiste à rappeler la Knesset, autour d’un projet de loi pour relever le salaire minimum dans les secteurs public et privé.

2. Ces deux chefs de file ont cessé de s’échanger des insultes à caractère personnel. Livni a gardé pour elle une offensive aiguë qu’elle destinait à Netanyahu et à la liste élue du Likoud, à l’issue des primaires, cette semaine. Les cercles rapprochés autour d’eux ont commenté : « Nul doute. Elle va bientôt se rattraper ».

3. Le Premier Ministre a accepté l’arrivée d’un nouveau membre coopté au Parti Travaillsite, l’économiste respecté, le Prof. Manuel Trachtenberg, 64 ans, en tant que probable Ministre des Finances, au sein d’un éventuel gouvernement d’union, après les élections. Né en Argentine, le Professeur dispose d’un Doctorat en Economie d’Harvard et c’est un spécialiste de l’innovation technologique. En tant que fervent partisan de l’économie de marché, il s’oppose aux cartels et aux oligopoles [largement issus du système travailliste dominant, à l’Indépenbdance de l’Etat »>Article original. En 2011, le gouvernement l’avait désigné comme responsable d’une équipe ayant pour mission de résoudre les causes de troubles sociaux croissants, s’agissant des écarts de revenus et il s’est avéré à l’écoute des revendications des protestataires.

La liste du Likoud, retenue lors des primaires du parti, a exclu les radicaux aux positions les plus dures et elle présentera aux électeurs un panel de candidats relativement modérés de centre-droit, sans doute prépositionnés en vue d’obtenir leurs futurs portefeuilles, dans le cadre d’un éventuel gouvernement d’unité.

Les mesures prises, jusqu’à présent, en vue d’un éventuel accord de partenariat n’en restent qu’au stade de la tentative et des préliminaires. Il subsiste encore bien des obstacles à surmonter, à commencer, essentiellement, par le résultat réel de ces élections : quel parti décroche la pôle-position et par combien de suffrages d’avances? Le Likoud se maintient fermement en tête, jusqu’à présent, mais encore faudrait-il que Netanyahu exige des sacrifices de la part de ses fidèles, pour qu’ils acceptent de laisser tomber des ministères importants, de façon à consacrer un gouvernement d’unité nationale avec le Parti Travailliste.

Ainsi, les revendications du Ministère de la Défense, par Naftali Bennett, celui des Finances par Yisraël Katz, et du Logement, par Miri Regev (la seule voix vraiment critique à l’encontre de Netanyahu, parmi les cinq de la tête de liste sortie des primaires) s’avèrent prématurée. Un arrangement entre les deux blocs pourrait contraindre à l’acceptation d’une rotation du poste de Premier Ministre, entre ces deux dirigeants – deux ans chacun. Ensuite, seraient entamées les négociations pour savoir qui commence à occuper le poste.

Mais dans ce Moyen-Orient particulièrement volatile et s’agissant des partis politiques israéliens plutôt turbulents, dix semaines de compétition sont bien suffisants pour retourner complètement ce type de processus et voir un tel scénario finir à la corbeille.

[DEBKAfileArticle original Analyse Exclusive 3 janvier 2015, 12:06 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski.

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