La parachath Terouma, dans laquelle sont énumérés certains détails de la construction du Tabernacle, est placée sous le signe de la présence de Hachem parmi les enfants d’Israël : « Ils me feront un sanctuaire, et Je résiderai au milieu d’eux » (Chemoth 25, 8), promesse qui sera suivie plus loin de : « Je résiderai au milieu des enfants d’Israël… » (Chemoth 29, 45).
La pérennité de cette présence divine est affirmée à plusieurs reprises dans les textes bibliques :
– « Exulte et réjouis-toi, fille de Sion ! Car voici, J’arrive pour résider au milieu de toi, dit Hachem » (Zacharie 2, 14).
– « Je demeurerai au milieu des enfants d’Israël, et Je n’abandonnerai pas mon peuple Israël » (I Rois 6,13).
– « Je demeurerai au milieu d’eux pour toujours » (Ezéchiel 43, 9).
Cette idée est mise en valeur dans la Guemara : « Un Sadducéen a dit à Rabbi ‘Hanina : “Vous êtes maintenant (depuis la destruction du Temple) indiscutablement impurs, car il est écrit : Son impureté est attachée aux pans de sa robe (Eikha 1, 9).” Rabbi ‘Hanina lui a répondu : “Vois ce qui est écrit à notre sujet : Qui réside avec eux, au milieu de leurs impuretés (Wayiqra 16, 16). »
Ainsi que le rappelle Rabbeinou Be‘hayé (ad loc.), la présence divine réside parmi nous même dans l’impureté de notre exil.
Voilà qui contredit les thèses, comme celle des Sadducéens, qui affirment la caducité de l’élection du peuple juif.
Les sept derniers versets de cette haftara (Isaïe 66, 18 à 24) contiennent une révélation eschatologique évidente, puisqu’ils évoquent la fin des temps, mais cette révélation comporte des aspects inquiétants : Les nations se rassembleront, apparemment pour se faire la guerre (verset 19). Après quoi tous les peuples seront considérés comme dignes de servir Hachem (verset 21), tandis que les méchants subiront un châtiment éternel et effroyable (verset 24).
L’image de la fin de temps présentée ici est difficile à comprendre, car si elle veut dire que la justice finira par triompher et que Hachem sera universellement reconnu, elle annonce en même temps des événements cataclysmiques.
Selon Rambam/Maïmonide, « personne ne saura vraiment comment ces choses arriveront, car elles resteront mystérieuses jusqu’à l’époque où elles auront lieu, même pour les prophètes et les Sages. Leurs détails ne sont pas essentiels pour la foi, et il est inutile de vouloir approfondir les midrachim sur ces questions. L’important est d’attendre et de croire » (Hilkhoth Melakhim 12, 2).
Rambam semble bien conscient que ces visions sont, au moins en partie, pure spéculation théologique que les êtres humains sont encore incapables de décrire, et encore moins de comprendre. Et il n’éprouve que de la méfiance envers ceux qui se livrent à de telles spéculations, tant elles sont menaçantes à la fois spirituellement et moralement.
Jacques KOHN.
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