Résultats publiés en avance, interview de Mélenchon au 13 heures, Joly coupée pendant son discours : la journée électorale a été agitée.La journée électorale de dimanche a été le théâtre de plusieurs bourdes, dont certaines graves .
Les interdictions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), à savoir faire parler les candidats et publier les résultats avant 20 heures, ont été largement contournées.
Dès 13 heures, France 2 ouvre les hostilités en interrogeant Jean-Luc Mélenchon en direct dans le journal de Marie Drucker.
Si le journaliste qui tient le micro dans un restaurant de Paris précise au candidat du Front de gauche qu’il ne doit pas parler de politique, celui-ci s’exprime néanmoins une dizaine de secondes et affiche sa sérénité.
Une entorse que les partis concurrents dénoncent, alors que leurs champions n’avaient – eux non plus – pas le droit de s’exprimer le jour du vote.
Dès la fin d’après-midi et au moment où les premières estimations sont envoyées aux entourages des candidats, les internautes s’en donnent à coeur joie, sur les réseaux sociaux notamment.
Twitter est, comme prévu, le meilleur moyen de contourner le CSA.
Des images sont publiées pour illustrer les premiers résultats, connus de certains, mais non publiables.
Des cartes météo affirment qu’il fera 28 degrés à Tulle, comme les 28 % prévus pour François Hollande.
D’autres préfèrent illustrer le classement sous forme plus ludique (photo), les couleurs correspondant à celles des partis politiques.
Toutes les indiscrétions sont réunies sous le hashtag #RadioLondres, clin d’oeil aux informations envoyées illégalement à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.
Juste avant la divulgation des résultats, c’est l’Agence France-Presse qui craque.
Le géant français des médias, qui fournit des informations aux rédactions du monde entier, mais aussi à quelques clients particuliers, décide de diffuser les premières estimations avant 20 heures.
Dans une note à ses clients à 18 h 48, l’AFP précise qu’elle va transmettre des chiffres, « plusieurs médias étrangers ayant diffusé des estimations basées sur les premiers dépouillements ».
« La diffusion de ces informations auprès du grand public est de la seule responsabilité des clients », prévient l’AFP.
À 18 h 50, les chiffres tombent : l’agence crédite François Hollande de « 28 à 29 % des voix », et Nicolas Sarkozy de « 25 à 26 % ».
Elle place Marine Le Pen en troisième position, évoquant des « sources concordantes ».
Interrogée par Le Point.fr, l’AFP répond aux critiques.
« La direction justifie la divulgation anticipée des sondages en raison de l’importance des clients étrangers de l’agence française qui ne peuvent, quant à eux, se laisser enfermer par le débat franco-français », explique-t-il.
Le statut international de l’agence, troisième mondiale, l’exonère, de fait, des contingences hexagonales aussi louables soient-elles.
Enfin, quelques minutes après la publication des résultats provisoires à 20 heures, la candidate écologiste Eva Joly est coupée en plein discours et avant même d’avoir pu donner ses consignes de vote.
France 2 préfère en effet donner la parole à Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front national, qui réagit aux bons résultats de sa fille Marine.
La chaîne publique, qui a battu TF1 en termes d’audience, enchaîne directement en donnant la parole à Gilbert Collard, le président du comité de soutien à Marine Le Pen, sans revenir à la déclaration d’Eva Joly.
Les partisans d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) hurlent au scandale, même si quelques voix rappellent sur Twitter que le FN a obtenu huit fois le score du parti vert…
GUERRIC PONCET (AVEC EMMANUEL BERRETTA)/ Le Point.fr Article original
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