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Il s’agit d’un conte sur l’épreuve (hébreu = nisah) à laquelle Dieu soumit Abraham, le premier des patriarches d’Israël, en lui ordonnant de sacrifier son fils bien-aimé, Isaac. Au moment où Abraham s’apprête à exécuter ce terrible ordre, un ange lui demande d’arrêter,  » je sais maintenant que tu crains Dieu, car tu ne m’as pas refusé ton seul fils. » (Genèse 22: 12).

Le public, cependant, a été informé dès le début de l’histoire que Dieu veut seulement tester (nisah) Abraham. Qu’en fait il n’a vraiment jamais eu l’intention de voir Abraham tuer son fils. Le but de l’histoire se centre sur « test ».

Carmy Shalom et David Shatz du Département d’études juives et de philosophie à l’orthodoxe Yeshivah University, à New York, écrivent que:

– « Dans sa brillante “lyrique dialectique « Crainte et tremblements,” le philosophe danois du dix-neuvième siècle, Søren Kierkegaard a suggérée une lecture du “sacrifice d’Isaac (l’Akedah, telle qu’elle est appelée en hébreu) qui a dominé depuis, les interprétations de l’épisode

– Abraham est le « chevalier de la foi », dont la grandeur consiste à obéir à Dieu…

– Abraham était prêt à commettre un acte dont la description religieuse est ‘sacrifice’, même si sa description éthique est « assassinat. »…

– Kierkegaard reconnaît la possibilité d’un conflit entre commandements divins et la morale, et affirme la suprématie de la foi religieuse dans toutes ces situations.

Emmanuel Kant, largement considéré comme l’un des personnages centraux, et le plus influent des penseurs dans la philosophie moderne, a pris une position plus audacieuse en affirmant que :

– ‘Il y a certains cas dans lesquels un homme peut être convaincu que ce n’est pas la voix de Dieu qu’il entend : lorsque la voix lui ordonne de faire ce qui est opposé à la loi morale’

Kant est convaincu que cet ordre de tuer ne peut pas venir de Dieu, car Dieu ne peut contredire Sa propre loi morale qui exhorte à ne pas tuer.

Faisant écho à ces réflexions philosophiques, le rabbin conservateur Elliot N. Dorff, professeur de théologie juive à l’Université américaine juive en Californie reconnaît que:

– « … Certains passages de la Bible sont moralement ambigus au meilleur des cas et carrément immoraux dans le pire des cas, textes tels que le commandement de Dieu d’attacher et probablement tuer Isaac [Genèse 22″>Article original, … »

Sans crainte, Kant ne perd plus de temps, il soutient que la bonne réponse d’Abraham à la voix du ciel aurait dû être:

– « Que je ne doive pas tuer mon fils est tout à fait vrai ; que cette apparition soit Dieu,de cela je n’en suis pas certain et je ne pourrais jamais l’être….. »

En signalant que

– ‘Notre mécontentement avec certains récits bibliques et des mandats ne se limitent pas à la sensibilité moderne. Les sages de l’antiquité ont aussi senti le même mécontentement profond.  »

Rabbi Harold M. Schulweis, le chef spirituel de la synagogue Valley Beth Shalom à Encino, en Californie, demande: ‘Qu’est-ce que les rabbins ont fait face à un mandat biblique ou rabbinique manifestement injuste? »

« Les rabbins, » répondit-il, et j’ajouterais les rédacteurs du TaNakh, « même s’ils n’ont pas supprimé la loi biblique, ils ont interprété ingénieusement l’injonction troublante hors d’existence. »

Bien que Abraham est loué dans le texte biblique, le fait demeure qu’il a échoué au test de reconnaître que son cas n’a pas été différent de celui où il interpelle Dieu dans la Genèse, chapitre 18 sur la justice de détruire Sodome et Gomorrhe.

Ce qu’enseigne la littérature fondamentale du peuple juif finalement c’est qu’il y a une éthique à laquelle Dieu lui-même doit se soumettre, car s’il ne le fait pas, il serait coupable d’injustice.

Moshe Pitchon

Moshe Pitchon est professeur à la retraite de la littérature biblique et la philosophie juive. Il vit dans le sud de la Floride.

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WillyMe

La métaphysique est une science complètement biaisée… Personne n’a le recul de D. pour savoir ce qui est « Juste » et ce qui ne l’est pas…

Lorsque D. s’adresse à Abraham en disant qu’il va détruire Sodome et Gomorrhe, il ne lui demande pas de le faire lui même et ne lui demande donc pas d’agir.
Abraham se pose alors comme spectateur et intervient auprès de D. en tant que témoin et non en tant qu’exécutant.

Le sacrifice est différent, il est l’ordre de D. pour Abraham d’être l’acteur et non le spectateur.

Si le général vous demande d’agir, vous le faite car c’est votre devoir..
Si le général vous fait par de ses plans, quelque part, il est naturel de lui donner votre avis….