« Au cours des prochaines élections, Kadima disparaîtra de la scène politique israélienne ! » C’est ce que déclarait l’ancienne ministre des Affaires étrangères et député de Kadima, Tsipi Livni, dans une conférence à Herzliya la semaine dernière.
Elle affirmait qu’en 2013, Kadima n’existerait plus. Un peu plus tard, sur la radio de l’armée, la leader du parti travailliste Shelly Yachimovich déclarait qu’elle jugeait « exacte » son analyse, ajoutant que Kadima « s’est écrasé », car il n’a jamais fourni une alternative idéologique au gouvernement de Netanyahou.
Il ne pourrait s’agir que de vagues opinions politiques et de ressentiments d’une Tsipi Livni largement battue par Mofaz et qui, après sa défaite, a démissionné de son poste de député. Mais ce serait oublier d’où vient Kadima.
Créé par Ariel Sharon en 2005, la raison d’être de Kadima à ses débuts, fut la décision de son premier président, alors premier ministre, de se retirer de la bande de Gaza. Face à l’opposition de nombreux cadres du Likoud, Sharon créa un nouveau parti.
Mais ce parti était au pouvoir. En 2009, Tsipi Livni ne parvenait pas en revanche à former une coalition et Netanyahou devint premier ministre d’une coalition dite de droite. Mais alors, Kadima a pris la place, dans les faits, du parti travailliste, décimé aux élections législatives de 2009.
De fait, Kadima, considéré comme le centre, est devenu le grand parti d’opposition à la droite du Likoud ; de fait Kadima est devenu l’allié de la gauche. Et le leadership de Tsipi Livni a tout fait pour, en s’opposant clairement à la droite de Netanyahou sur des points politiques et idéologiques.
Mais la base de Kadima a montré par son vote son mécontentement et Shaul Mofaz a pris la tête du parti et son opposition idéologique à Netanyahou, est moins forte. Par ailleurs, la raison d’être de Kadima à ses débuts – le retrait de Gaza – n’est plus. Car personne aujourd’hui, ne réclame plus, du moins à court terme, de retour israélien à Gaza. En entrant au gouvernement sur la base des mandats obtenus en 2009, 28 députés, Shaul Mofaz s’est évité une déroute électorale et sans doute une fin précipitée du parti. Mais la différence idéologique entre Kadima et le Likoud n’est plus sensible. Kadima semble être devenu un allié centriste du Likoud, il pourrait n’être bientôt qu’un courant centriste du Likoud, réintégrant le Likoud.
Il y a quelques semaines, au lendemain de la victoire de Mofaz, la 10e chaîne israélienne annonçait que sept députés proches de Tsipi Livni envisageaient de quitter Kadima pour créer un nouveau parti sous la direction de Tsipi Livni. Bien qu’ils aient immédiatement nié toute volonté de quitter le parti, l’idée est dans l’air.
Le député Kadima Haïm Ramon ne s’y trompait pas lorsqu’il déclarait que Kadima « n’existe plus, dans un sens idéologique ». De même le Vice-Premier ministre Likoud Dan Meridor lorsqu’il appelait Kadima à joindre ses forces au Likoud pour la prochaine élection et déclarait qu’il n’y avait plus beaucoup de différence entre le Likoud et Kadima sur les questions diplomatiques.
En 2009, Kadima s’apprêtait à faire disparaître le parti travailliste, parti héritier de l’Internationale socialiste du 20e siècle, qui regroupe la plupart des partis socialistes, travaillistes et sociaux-démocrates dans le monde occidental. Livni était sur le point d’y arriver en prenant sa place à gauche. Elle échoua finalement à le faire.
Depuis 2011, le parti travailliste renaît et reprend sa place à gauche, tandis que Mofaz, en 2012, plus fidèle à Sharon que Livni, choisit une autre tactique et risque de le faire disparaître en tant que tel, même si la coalition actuelle rencontre le succès, et peut-être d’autant plus si elle rencontre le succès.
S’il s’agit de faire une comparaison à la politique française, le Kadima de Shaul Mofaz ressemble plus au Nouveau Centre d’Hervé Morin, allié de l’UMP mais qui n’eut pas de candidat à la présidentielle, qu’au Modem de François Bayrou, qui crie son indépendance mais qui bascule à gauche, et qui s’est fait écrasé dimanche dernier.
Misha UZAN – Jforum.fr Israël
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