Le soutien des Etats-Unis à l’Etat palestinien, en dépit du fait que les Palestiniens approuvent le terrorisme, génère une contradiction flagrante, entre la politique menée au seul bénéfice des Palestiniens et les autres politiques américaines contre l’Islam radical.

Il est évident que, d’ici à la fin du mois, l’échec de l’initiative de paix Obama-Kerry sera consommé. Alors que ces efforts peuvent bien avoir été sincères, le manque de compréhension historique et de lecture des signes annonciateurs de poursuite du conflit, portent ombrage à ces efforts depuis le tout début.

Historiquement, ce qui prévaut, chez les décideurs américains en politique étrangère, c’est la vision que les deux camps, Israéliens et palestiniens, sont égaux dans les négociations. Par conséquent, ils seraient également responsables de l’échec et à blâmer, l’un comme l’autre, pour rester équitable. En soi, c’est une lecture brouillonne du conflit arabo-israélien. Au lieu de quoi, on doit partir du fait que la majorité du monde arabo-musulman a toujours perçu l’existence de l’Etat juif comme une abomination.

Le célèbre éducateur et philosophe John Dewey décelait que l’espoir d’une société meilleure est une composante essentielle de la démocratie américaine, où la théologie et la loi deviendraient secondaires, et passeraient après le libre-arbitre des gens, alors prêts à s’engager dans une politique pragmatique. Au fil des ans, de nombreux médiateurs de paix sont tombés dans ce piège, en voulant exporter cette sorte d’espoir et la greffer dans la mentalité arabe qui, s’il était adopté, ferait aimer l’Amérique et conduirait au partage des bonnes valeurs américaines de la Pax Americana. Une relecture honnête de l’histoire désapprouve chacune de ces tentatives.

Le rapport Mitchell de 2000 est un cas d’école parfait, qui correspondait au fruit de la réflexion d’une commission dirigée par l’ancien Sénateur américain George Mitchell. Il avait reçu le mandat de superviser les négociations israélo-palestiniennes. Trois ans plus tôt, Mitchell avait réussi à conclure un accord de paix en Irlande du Nord et il cherchait à dupliquer cette même réussite au Moyen-Orient. Qui plus est, il identifiait des similitudes substantielles entre les deux conflits.

Comme l’écrit Mitchell : “On m’a souvent demandé quelle leçon tirer de l’Irlande du Nord, pour d’autres conflits, particulièrement au Moyen-Orient. Je vais essayer, maintenant, de répondre à cette question. Je commence en restant prudent. Chaque être humain est unique. Chaque société humaine est unique. Il s’en suit, donc, logiquement, que deux conflits ne sont pas identiques. Même si on le voulait, il n’existe pas de formule magique qu’une fois qu’on l’a découverte, on puisse l’utiliser pour mettre fin à tous les conflits. Mais il y a certains principes que je pense universels pour atteindre ce but. Ils se sont imposés, quelles que soient mes propres convictions, et ont été validés, pour moi, par mon expérience en Irlande du Nord. Je les nomme les principes de la paix. D’abord, je pense qu’il n’existe pas de conflit auquel on ne puisse mettre un terme. Ils sont générés et poursuivis par des êtres humains. On peut y mettre fin grâce aux êtres humains. Peu importe à quel point le conflit est ancien, ou à quel point il est nourri de haine, la paix peut prévaloir ».

Les conclusions de Mitchell reflètent l’état d’esprit de Dewey, mais va plus loin en exigeant une paix qui, malgré ses déclarations d’unicité de la question, manque totalement de compréhension de l’environnement réel, au Moyen-Orient.

Des contrastes saisissants.

Obtenir un accord de paix, fondé sur une répudiation pragmatique et libre de la culture locale et de l’histoire fait partie intégrante de la démocratie américaine et de son style de négociation. Mitchell a travaillé, depuis le début, en pensant qu’on pouvait obtenir des accords qui faciliteraient le compromis, librement, entre les parties en conflit, tout comme on l’a fait en Amérique. Le défi, pour lui, cela dit, consistait à convaincre toutes les parties que les idéaux démocratiques qu’il proposait étaient bien supérieurs aux détails du conflit et qu’ils en faciliteraient la réussite. Mais ce n’est pas arrivé.

L’héritage de Mitchell, mis en œuvre par l’équipe Obama-Kerry, reposait sur le principe de permettre aux Israéliens et aux Palestiniens de discuter sur la base des Mesures devant Bâtir la Confiance (CBM). Comme beaucoup d’autres, elle pensait que créer les conditions de la paix requérait de construire la confiance, aussi bien en Irlande qu’en Israël, et on a préféré oublier de répondre à la question de la responsabilité ou des fautes commises. Ainsi, l’une des plus grandes réussites en Irlande du Nord ne repose pas sur l’accord de paix lui-même, mais dans le dépassement de la rivalité entre Catholiques et Protestants, s’agissant de leurs complexes de victimisation. Malheureusement, le sentiment victimaire est le cœur de l’identité palestinienne, faisant de la création d’Israël le péché originel à la racine du conflit.

Il existe des contrastes saisissants entre Mitchell et Kerry-Obama, principalement dans la conviction que la seule confiance qu’ils aient besoin d’obtenir se trouve du côté palestinien, quitte à leur faire de plus en plus de concessions. A la grande différence de Mitchell, Obama et Kerry ont fait comprendre clairement qu’Israël est le « véritable » obstacle à la paix. Mais le soutien américain à la création d’un Etat palestinien, malgré la justification évidente et accablante du terrorisme, chez les Palestiniens, a mis la politique américaine envers les Palestiniens en porte-à-faux complet avec les autres politiques envers l’Islam radical. Aller plus loin, après ce dernier échec des négociations, consisterait à relier la politique palestinienne et la politique américaine globale envers le conflit israélo-arabe, en une même vision cohérente des objectifs américains plus larges de stabilité et de développement régional.

Le rejectionnisme palestinien du simple concept d’Etat juif transforme en farce tout le sens de la soi-disant équivalence dans les responsabilités, telle qu’on l’entend à Washington et telle qu’on l’a poursuivie jusqu’à présent. Cela montre aussi à quel point Washington est sous-informé, concernant l’identité nationale palestinienne, fondée sur le fait de chercher à gagner la lutte contre le Sionisme, dans un jeu à somme nulle, et non sur la vision d’un Etat à construire par soi-même. Avec un tel manque radical de la moindre empathie, il n’y a que peu d’espoir de changement sociopolitique.

En définitive, il incomberait à Washington de faire un sérieux examen de la réalité telle qu’elle est, concernant ses amis et ses ennemis, avant de commencer à s’engager dans une nouvelle tentative de paix vouée à l’échec.

Asaf Romirowsky

Publié le : 25. 04.14, 00:41 / Israel Opinion

Asaf Romirowsky est un expert invité du Middle East Forum et le co-auteur de « Religion, Politics, and the Origins of Palestine Refugee Relief. »

ynetnews.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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