Question espionnage industriel, la France n’aurait pas vraiment de leçons à donner au reste du monde. Notre réputation en ce domaine égalerait celle de la Russie et de la Chine.
L’empire du Mal, c’est nous. Selon des câbles diplomatiques collectés par Wikileaks et partiellement publiés en janvier dernier par un journal norvégien, la France, qui se plaint si fort d’être espionnée, serait, en fait, championne d’Europe du pillage industriel. Selon les Américains et surtout si l’on en croit nos amis Allemands, nous serions à peine moins néfastes que les Chinois et que les Russes. L’origine de ce qui ne peut être qu’un affreux malentendu pointe une des techniques les moins pittoresques d’appropriation des découvertes d’autrui. Un grand groupe industriel fait semblant de négocier un partenariat avec une entreprise innovante et profite des conversations pour lui voler des secrets de fabrication. C’est comme çà qu’un constructeur allemand de satellites a préféré s’allier aux Américains pour élaborer le GPS européen.

Réputation épouvantable

Et de nous faire une réputation épouvantable : formation à l’espionnage financée par le gouvernement sous couvert de sensibilisations aux menaces étrangères, barbouzes officielles opérant pour le compte d’entreprises privées sous prétexte de lutte anti-terroriste… L’ambassade des États-Unis à Berlin est formelle : le renseignement économiquement exploitable serait aux entreprises et à l’État français ce que la passion de la photographie technique était aux touristes japonais dans les années soixante. Bon, c’est vrai qu’un fameux équipementier automobile ne serait pas devenu une brillante multinationale tricolore s’il n’avait pas dépouillé un concurrent britannique de ses procédés de fabrication exclusifs. Mais çà, c’était au début du XXe siècle. Depuis, les Français font comme tout le monde : ils ne s’intéressent aux progrès de leurs concurrents et néanmoins amis que pour économiser des dépenses en Recherche et Développement. Comme le bricoleur soviétique qui repartait chez lui avec les plans d’un train d’atterrissage qui semblait solide sur Concorde mais que Tupolev avait du mal à mettre au point. Aujourd’hui, la France accepte de délicats transferts de technologies pour vendre des bateaux de guerre à la Russie.

Missiles perdus au bord d’une route

D’ailleurs, les Français sont aussi vulnérables que les Allemands. Un peu moins, quand même, que les Anglais dont les savants oublient leurs ordinateurs portables dans les taxis. Ils font réparer leurs ordinateurs sans vider les disques durs; ils perdent leurs clés USB ; ils publient les failles d’un nouveau blindage sur leur site web en croyant qu’un mot de passe suffira à éloigner les curieux ; ils perdent des missiles au bord d’une route. Et surtout, ils sont terriblement bavards dans les restaurants autour des salons internationaux. Un responsable de la sécurité d’une grande entreprise aurait soupiré: « Il est plus facile de faire parler un Japonais que de faire taire un Français ».

Alain Joannès

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Ratfucker

Compte tenu du pitoyable niveau en langues des ingénieurs français, je vois mal comment nos James Bond pourraient s’infiltrer dans les dispositifs de recherche industrielle étrangers sans l’aide d’un traducteur.