Dans quelques jours, le 27 janvier prochain, ce sera la journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah. Elle donnera lieu à de multiples commémorations collectives, la plus poignante étant celle d’Auschwitz-Birkenau , la plus officielle à New York, au siège des Nations Unies, et la plus proche de nous à l’UNESCO.
Mais, nous individuellement, ne devons-nous pas, en ce 65ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, nous interroger en notre fort intérieur pour savoir si nous avons véritablement pris conscience de la portée de cette catastrophe ? Nous devons nous considérer comme appartenant à la génération dont la mission est de perpétuer la mémoire de la Shoah , car ceux de la génération future n’auront plus aucun contact direct avec les témoins ,aucun langage commun avec les survivants.
Face à Auschwitz, comment se comporter ? Il ne nous est plus possible de vivre, de regarder, de parler comme avant .Après Auschwitz, le monde a changé de face .Nos analyses, notre façon de penser, nos réactions, nos comportements ne sauraient être les mêmes .Néanmoins, suffit-il d’affirmer , haut et fort, que la transmission de la mémoire de la Shoah est un devoir impérieux « afin que nul n’oublie « ? Là encore , suffit-il de se souvenir et de se contenter de communiquer ce message aux générations futures ?
Qu’on me permette de rappeler cette réflexion de mon prédécesseur Emile Touati :
« Après la Shoah, nous aurions dû être vaccinés, surtout nous les juifs, contre toutes les vanités et les hochets liés à la richesse, à la culture, aux titres, au statut social, à la foire médiatique. Nous aurions dû apprendre non pas l’humilité, mais la discrétion, la réserve, une certaine distance à l’égard de ce monde de clinquant et de toc qui nous a trahis. »
Le message d’Auschwitz, c’est aussi le rappel brutal de la condition juive et la nécessaire unité de notre peuple. Dans la souffrance indescriptible, dans les camps de la mort se sont retrouvés partageant rigoureusement le même destin, juifs religieux et agnostiques, hassidim et libéraux, orthodoxes et traditionalistes, enfants et vieillards, riches et pauvres, intellectuels, ouvriers, artistes, sionistes, bourgeois et communistes .Oui, tous ont partagé la même solitude atroce, la totale inhumanité dans un monde vide de sens. Pour perpétuer le souvenir de la Shoah , il convient de l’inscrire dans un rituel, dans une reprise mémorielle et surtout dans un comportement digne, au sein de la famille et du culte collectif qui renvoie chacun à sa responsabilité envers le présent. Chaque marque d’unité fraternelle entre nous est une victoire sur les forces maléfiques d’Auschwitz.

Moise COHEN
Président d’Honneur du Consistoire de Paris

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