La visite de Benyamin Netanyahou aux Etats-Unis a occulté les enjeux économiques des relations entre Israël et les Etats-Unis. En raison du blocage du processus de paix, Israël peut craindre de nouvelles pressions financières américaines. C’est ainsi qu’en octobre prochain, les garanties bancaires que les Etats-Unis ont accordées à Israël en 2003 viennent à expiration.
En Israël, on se demande s’il est opportun de demander leur renouvellement : ce ne sera pas la première fois que les Etats-Unis pourraient utiliser les garanties bancaires comme moyen de pression pour obtenir des concessions de l’Etat d’Israël. En revanche, ces garanties seront indispensables à Israël au moment de l’indépendance de l’Etat palestinien.

Des « garanties » qui ne sont pas garanties

Depuis quelques semaines, un dilemme préoccupe les fonctionnaires du Trésor à Jérusalem: faut-il, ou non, renouveler les « garanties bancaires » américaines qui viennent à échéance en octobre 2011? Israël dispose aujourd’hui d’une garantie américaine pour lever des emprunts jusqu’à un montant de 3,8 milliards de dollars. Il s’agit de la dernière tranche du prêt de 9 milliards de dollars que le Trésor américain avait accordé à Israël en 2003; à l’époque, il s’agissait d’affirmer le soutien de l’Administration américaine au programme de libéralisation lancé par le ministre des Finances de l’époque, Benyamin Netanyahou. En juin dernier, le Trésor américain avait accepté de reporter l’utilisation de la dernière tranche de la garantie américaine jusqu’à la fin 2011; par la même occasion, les Etats-Unis offraient une rallonge de 800 millions de dollars. Autrement dit, Israël dispose aujourd’hui d’une garantie américaine pour lever des emprunts à hauteur de 3,8 milliards de dollars.

L’avantage de la garantie américaine est double. D’une part, elle permet à Israël d’emprunter à moindre coût des fonds sur le marché international en vendant des obligations d’Etat: le risque pour le prêteur est nul puisque le remboursement du crédit est garanti par le Trésor américain. De l’autre, l’octroi d’une garantie, même si elle n’est pas concrètement utilisée, améliore la notation financière d’Israël en renforçant la confiance des investisseurs étrangers. A plusieurs reprises, le ministre israélien des Finances, Youval Steinitz, a déclaré qu’Israël peut se passer des garanties américaines. Sur le plan strictement financier, il a raison: aujourd’hui, Israël détient 75 milliards de réserves en devises, ce qui rend les garanties américaines inutiles.

Sur le plan politique, en revanche, le gouvernement israélien estime qu’il est important pour lui de recevoir des marques publiques de soutien de la part de l’Administration américaine. Aujourd’hui, une autre raison pourrait rendre les garanties américaines indispensables: en cas de paix avec les Palestiniens, elles seront nécessaires pour financer le retrait israélien de certaines parties de la Cisjordanie et pour reloger les 80.000 Israéliens qui seront déplacés.

Une aide militaire indispensable

L’octroi de nouvelles garanties bancaires américaines ne concerne en rien l’aide militaire américaine à Israël. Celle-ci atteint, cette année, les 3 milliards de dollars. Cette manne sert avant tout à acquérir des armes et du matériel « Made in USA » et sa réduction serait un manque-à-gagner important pour les industries américaines. Mais on ne peut oublier que l’aide américaine représente aussi une ressource importante pour le budget militaire d’Israël déjà bien lourd. Par ailleurs, Israël reste dépendant de son allié américain pour toute une série de projets militaires commun. C’est ainsi qu’Israël ne peut vendre du matériel militaire à un pays tiers sans le consentement des Américains. En contrepartie, les exportations militaires vers les Etats-Unis augmentent chaque année: de nombreuses industries israéliennes, notamment dans le domaine de l’électronique civil et militaire, ont réussi à percer le marché américain, comme les Industries aéronautiques, Elbit, Rafael, etc.

Si l’économie israélienne est suffisamment forte pour se passer de l’aide américaine, comme le prétend le gouvernement israélien, pourquoi alors ne pas saisir l’occasion pour affirmer l’indépendance israélienne vis-à-vis de l’Oncle Sam? Peut-être parce que Israël ne peut pas encore se passer totalement du soutien politique et diplomatique des Etats-Unis sur la scène internationale. Dernier exemple en date de l’ambivalence des relations israélo-américaines: à l’issu de la visite de Benyamin Netanyahou à Washington il y a quelques jours, le Pentagone a indiqué que les Etats-Unis aideront Israël à acquérir quatre batteries supplémentaires « Dôme d’acier ». Il s’agit du nouveau système de défense antimissile Kipat Barzel qui vient d’être mis en place dans le Sud d’Israël. L’armée israélienne a déployé deux batteries de ce type mais le gouvernement a l’intention d’en acheter une dizaine pour protéger les localités du sud; or le coût de chaque batterie est de 100 millions de dollars et le prix d’un missile qui est lancé par cette batterie est estimé 50.000 dollars. Décidément, l’aide américaine à Israël a encore un bel avenir devant elle.

Jacques Bendelac

Israël Valley.com

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires