Le 11 juillet 1947, un bâtiment battant pavillon panaméen, le Président-Warfield, quittait le port de Sète (France) à destination de la Colombie. Les 4500 passagers émigrants que le cargo transportait, auraient tous été en règle avec des passeports visés.

Après 5 jours de navigation, et hors des eaux territoriales françaises, le Président-Warfield devient l’Exodus 47, le drapeau d’Israël remplace le pavillon panaméen et le soir même des avions de reconnaissance survolent le navire qui approche des eaux territoriales britanniques. Le commandant américain de l’Exodus 47 lance un message codé pour la Haganah à Tel-Aviv et continue sa route.

Le 18 juillet au matin à l’entrée des eaux territoriales de la Palestine, un croiseur et cinq contre-torpilleurs apparaissent, mais le navire Exodus 47 refuse de s’arrêter et d’obtempérer à la demande des autorités. Il est cependant arraisonné à seulement 27 kilomètres des côtes. Le commandant tente de s’enfuir pour s’échouer sur Rafah, et en dépit de la résistance à la pénétration, des marins britanniques, celle-ci communique dans la matinée du 18 juillet que : La marine britannique a intercepté de bonne heure ce matin le Président-Warfield avec 4500 immigrants illégaux à bord, le navire est attendu à 13 heures.

Avec l’affaire de l’Exodus 47 et le problème de l’immigration clandestine, l’affaire prend une autre tournure et, au lieu d’interner les prisonniers à Chypre, la Grande-Bretagne décide de les renvoyer à leur point de départ. Les passagers prisonniers embarqués sur trois navires britanniques, l’Océan Vigour, l’Empire rival, et le Runnymede Park, véritables bateaux-cages où les passagers étaient enfermés, hormis deux passagers tués lors de l’abordage et le capitaine emprisonné.

Le 29 juillet, les bateaux stoppent devant Port-de-Bouc, mais devant le refus des prisonniers de débarquer et les pourparlers franco-britanniques qui s’éternisent, ceux-ci demeurent inertes jusqu’au 23 août. Le gouvernement français communique : Le gouvernement français fait savoir aux immigrants de l’Exodus 47 qu’avec leur consentement, il leur sera donné asile sur le sol français où ils jouiront de toutes leurs libertés.

75 passagers épuisés acceptent la proposition française, les autres refusent catégoriquement et répliquent : Nous désirons nous rendre en Palestine, on ne nous débarquera ici que morts. Convaincu, le gouvernement de sa majesté donne l’ordre aux trois navires de rallier Hambourg via Gibraltar. La flottille appareille le 23 août et aperçoit l’estuaire de l’Elbe le 6 septembre, le débarquement commençant le 8 septembre par le premier navire, l’Océan Vigour. Tout est prévu sur le quai n°29 pour accueillir les prisonniers : forces militaires et policières, lances à incendie, grenades lacrymogènes et ambulances de la Croix-Rouge, cette opération étant baptisée Oasis.

Le 8 septembre au matin, les haut-parleurs diffusent une sommation, les malades sont débarqués, les soldats pénètrent dans les cales pour l’expulsion manu militari et l’embarquement dans des trains spéciaux. Le lendemain, le débarquement de l’Empire rival se déroule presque sans difficulté, mais une bombe à retardement prévue au quartier général de la Royal Navy avait été placée dans le navire pour éclater l’après midi. Au débarquement du troisième navire, le Runnymede Park, c’est le drame, les immigrants refusent de descendre, et le plan Oasis est appliqué, les soldats chargent sous des projectiles de toutes sortes, les lances à incendie sont en action et les prisonniers s’organisent dans le refus et le combat. Les passagers sont tout de même débarqués, mais le bilan s’est soldé par 27 blessés dont trois britanniques et 50 arrestations. Les trains bondés d’immigrants se dirigent vers les camps allemands de Poppendorf et d’Amstau, près de Lübeck, mais les prisonniers immigrants résistent, certains s’échappent, d’autres tentent de recommencer l’exode. La presse du monde entier et en particulier britannique se déchaîne en termes violents, en faisant le parallèle avec les camps allemands. Le Manchester Gardian écrit le 10 septembre : On ne s’attendait pas à une telle conduite de la part d’un gouvernement britannique encore moins d’un gouvernement travailliste.

L’affaire Exodus 47 bouleverse l’opinion mondiale et beaucoup d’émigrants gagnèrent finalement Israël après la création de l’État. Cette affaire aura un poids considérable dans le partage de la Palestine vers la fin de l’année 1947.

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Carola

Cet article me remémore la chanson d’Edith Piaf « Exodus » dans laquelle i est dit « ils ont retrouvé le chemin de leur mémoire »………
Je ne peux l’écouter sans être profondément touché