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L’incroyable histoire de l’expulsion en Roumanie de quatre journalistes (dont trois italien et un français) par le gouvernement turc racontée par l’un d’entre eux, Giuseppe Acconcia, journaliste du quotidien Il Manifesto, cueilli à la sortie de l’avion, en Italie, pour Le Peuple breton.

Le gouvernement turc a peur de l’autonomie démocratique pratiquée par les Kurdes du Rojava. C’est l’impression que l’on a en écoutant Giuseppe Acconcia, journaliste italien du quotidien Il Manifesto, le récit de son expulsion du territoire turc, juste après ses reportages réalisés à Kobane et Tall Al-Abyad au Kurdistan syrien (exemples désormais rarissimes de véritable journalisme).

Il y a dix jours, Acconcia avec deux collègues italiens et un collègue français (Samuel Forey, envoyé spécial du Figaro), a franchi illégalement la frontière entre Turquie et Syrie à la hauteur de Soruc. Ils avaient attendu en vain un visa pour la Syrie.

Pendant une semaine ils ont relaté l’expérience extraordinaire d’autonomie démocratique du Rojava, ont raconté la libération de Tall Al-Abyad (la colline blanche), une ville libérée par les forces kurdes YPJ et YPG, après presque un an et demi sous le contrôle de Daesh.

« Il s’agit d’une société en mouvement, qui essaye de se redresser, mais elle est assiégée. Le gouvernement d’Ankara a peur d’une liaison entre les cantons de Kobane et Cizire. En fait le conseil des ministres turc a décidé de fermer la frontière, en empêchant les refugiés syriens de sortir. Même pour les aides humanitaires, le passage de la frontière est interdit » dit Giuseppe Acconcia à son arrivé en Italie.

Les pires craintes d’Ankara sont devenues réalités après la victoire des Kurdes à Tall Al Abyad. « D’après le premier ministre turc, Erdogan, les Kurdes sont des terroristes, bien pires que les militants de Daesh. Il les accuse, sans aucune preuve d’ailleurs, d’épuration ethnique contre les arabes et les turkmènes », continue le journaliste.

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« Au moment de partir du Rojava, nous avons décidé de nous rendre au poste de police à la frontière turque. On s’attendait à une amende, mais pas à ce qui nous est arrivé. Nous avons dû signer un procès verbal et nous avons étés transportés dans un hôpital, pour vérifier notre condition de santé. Ensuite, nous avons étés mis en garde à vue dans une prison de haute surveillance. Là, il y avait des refugiés syriens qui attendaient depuis des mois d’être expulsés. Nous avons passé la nuit dans une cellule avant de recevoir l’ordre d’expulsion en Roumanie au matin. Au début, ils avaient pensé à d’autres pays. La justice turque nous a aussi infligé une amende et interdit de rentrer en territoire turc pendant 24 mois (même plus d’après leur avocats). Nous avons essayé à plusieurs reprises de demander un interprète, qui nous a été refusé. Toutes les procédures se sont déroulées en langue turque. »

Les quatre journalistes ont étés escortés par un policier jusqu’à l’aéroport d’Istanbul, d’où ils ont étés expulsés à Bucarest. Dans la capitale roumaine, ils étaient libres, enfin.

Selon le journaliste, son expulsion se situe d’une manière générale « dans l’action de répression de la presse mis en place par le gouvernement. Il suffit de penser aux révélations du journal Cumhuriyet à propos des fournitures d’armes par la Turquie aux militants de Daesh, qui ont couté au directeur de la publication la requête de condamnation à la perpétuité. »

« De l’autre coté, conclut Giuseppe Acconcia, la situation est fortement tendue au Kurdistan turc après la victoire du parti kurde HDP et les attentats survenus (quatre victimes et des centaines de blessés dans un meeting du HDP juste avant les élections du 7 juin) pour lesquels les leaders kurdes ont directement accusé Daesh. »

En ligne de mire, il y a les difficiles discussions pour la formation d’un gouvernement suite aux élections législatives. Si elles n’aboutissent à rien, comme le parti d’Erdogan l’espère, il faudra retourner aux urnes…

Actualité 22/06/2015 à 01:57 | 

Source : lepeuplebreton.bzh

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