Le lieutenant-colonel israélien Uziel Gal est le concepteur de la fameuse mitraillette Uzi, arme la plus largement distribuée au XXe siècle dans le monde occidental. Cette reine du combat rapproché a fait la renommée internationale du matériel militaire israélien.

Gotthard Glas nait en 1923 à Weimar, en Allemagne avant que sa famille ne déménage vivre à Munich. Mais bien­tôt, les parents divorcent. Le garçon reste avec sa mère. La maison de son enfance est remplie d’armes anciennes et de pistolets qui le marqueront.

En 1933, lorsque les nazis arrivent au pouvoir, Gotthard est envoyé en Angleterre avec tous les élèves de l’école juive où il étudie, tandis que son père immigre en Israël avec sa nouvelle famille. En 1936, l’adolescent part le rejoindre au kibboutz Yagour, sur les pentes du Mont Carmel, près de Haïfa. Là, le jeune homme change son nom et devient Uziel Gal. Il étudie à l’école professionnelle du kibboutz où il montre un intérêt précoce pour les armes. A 15 ans, Gal conçoit et fabrique un pistolet automatique de fortune qui tire des flèches. Il rejoint ensuite le Palmach (forces d’infanterie de la Haganah), la milice clandestine juive en Palestine, et son département d’armement.

En 1943, le jeune homme est arrêté par les Britanniques pour détention illégale d’arme à feu et condamné à six ans de détention. A la prison d’Acre, il en profite pour étudier l’ingénierie mécanique. Cependant, il est gracié en 1946, après avoir effectué moins de la moitié de sa peine.

A sa libération, Gal retourne au kibboutz et commence à créer clandestinement des armes pour la Haga­nah. Pendant la guerre d’Indépendance de 1948, il combat en Galilée. À l’été 1949, il suit le cours d’officiers avant de rejoindre la fabrication de munitions dans l’Industrie Militaire israélienne (IMI) où il reste jusqu’à sa retraite 27 ans plus tard.

Au début des années 1950, Tsahal utilise encore un arsenal disparate, ce qui transforme la maintenance et la formation en cauchemar logistique. Pour surmonter ce problème, fournir une arme personnelle fiable à ses soldats et remplacer le Sten Colombie-automatique, l’armée israélienne commande à deux concepteurs de développer une petite sous-mitrailleuse.

Ainsi en 1951, se basant sur sa propre expérience de combat, Gal, alors jeune lieutenant, crée une mi­traillette automatique compacte de petit calibre (9 mm), légère (3,7 kg), maniable (possibilité de tirer d’une seule main), facile à charger, résistante à la chaleur et à la poussière (adaptée pour les opérations dans le désert), stable et précise, même lors de tir en rafale. Son originalité : l’emplacement du chargeur à l’intérieur de la crosse. L’avantage : la facilité de chargement même dans l’obscurité et sa vitesse de tir – 600 balles à la minute. En raison de sa gâchette de sécurité, l’arme se montre aussi moins dangereuse pour l’utilisateur que les modèles précédents et rend pratiquement impossible tout feu accidentel. Les prototypes sont livrés à des unités sélectionnées pour essais rigoureux sur le terrain. Gal ne veut pas que l’arme porte son nom mais sa demande est ignorée. Finalement, il donne son consentement parce que ses supérieurs pensent que cela facilitera sa commercialisation dans le monde entier. En 1955, après quelques réglages, le Uzi entre en service et équipe Tsahal. Adopté avec enthousiasme par les soldats, c’est un succès immédiat.

Peu coûteux à fabriquer, le Uzi s’étend en effet rapidement à d’autres marchés. Il gagne vite en popularité en dehors d’Israël, en servant les militaires, les missions de commandos et les forces spéciales de police à travers la planète. Plus de 1,5 million de Uzi sont fabriqués. Cette réussite  assure des milliards de dollars à Israël grâce à ses exportations. Mais en tant qu’officier de carrière, Gal estime ne pas devoir recevoir de dividendes provenant de son invention parce qu’elles font partie de ses fonctions normales et de sa contribution à la sécurité du pays. Il ne vit que de son salaire de l’Industrie Militaire israélienne.

En 1955, Uziel Gal est décoré par le chef d’Etat Major Moshé Dayan de la médaille de “l’innovation militaire’’ et se voit promu Officier.

Durant la guerre de Suez de 1956, le Uzi prouve sa fiabilité sur le terrain. Deux ans plus tard, plusieurs pays, comme la Hollande et l’Allemagne, achètent les droits de production de l’arme. La même année, Gal est la première personne à recevoir le “Prix de la sécurité d’Israël’’ des mains du Premier ministre David Ben Gourion.

Pendant la guerre des Six-Jours de 1967, d’au­tres amé­liorations sont ajoutées à la mitraillette, lar­gement utilisée. Gal continue à développer l’armement israélien jusqu’à sa retraite de l’armée en 1975.

L’année suivante, il déménage avec sa famille aux États-Unis. Il s’installe à Phila­delphie afin que sa fille handicapée, Tamar, qui a de graves lésions cérébrales, puisse recevoir un traitement médical prolongé. Là, il travaille comme conseiller en armement et sur l’adaptation du Uzi au marché américain. Vu la de­mande pour un modèle plus compact, en 1980 le mini Uzi est lancé. Avec toute la puissance de l’original, la version mini aussi robuste, est em­ployée prin­ci­palement par les forces spéciales secrètes. De son côté, le modèle pistolet tire l’ensemble de son chargeur, soit 20 balles, en seulement 0,95 secondes. La renommée de l’arme est telle qu’Hollywood la choi­sit pour figurer dans des dizaines de films d’action.

Au début des années 1980, Gal aide par ailleurs à la création de la mitraillette Ruger MP9. Il continue son travail en tant que concepteur d’armes à feu aux États-Unis jusqu’à sa mort en 2002. A 78 ans, il succombe à un cancer. Son corps est rapatrié en Israël pour être enterré très sobrement sous les pins du kibboutz Yagour.

Malgré la renommée du Uzi, son inventeur est demeuré une personne modeste et très sociable. Le souvenir d’Uziel Gal reste lié à sa créativité extraordinaire, à sa contribution à la sécurité nationale d’Israël et à son approche humaniste de la vie.

Par Noémie Grynberg

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