French President Emmanuel Macron delivers a speech to set out plans for reforming the European Union at the Sorbonne in Paris, France, September 26, 2017. REUTERS/Ludovic Marin/Pool

Même ceux qui ont fait allemand LV1 ne comprennent pas tout de suite ce que cela signifie. Mais Emmanuel Macron sait parfaitement ce qui se cache derrière l’expression « spitzenkandidat ». D’ici les élections européennes de mai 2019, elle pourrait même hanter quelques-unes de ces nuits.

Le président de la République qui rêve de transposer l’an prochain au parlement européen le big bang qu’il a imposé à la classe politique française en 2017 se heurte pour l’heure aux réticences de ses homologues et des dirigeants des grands partis européens, à commencer par Angela Merkel. Et ce vocable germanique fréquemment utilisé à Bruxelles et Strasbourg est l’incarnation de ces difficultés. Il en sera encore question au cours d’un conseil européen informel qui se tient ce vendredi 23 février dans la capitale belge.

La mise en garde de la Sorbonne

Le chef de l’Etat aimerait rompre avec la règle selon laquelle le chef de file du parti arrivé en tête des élections européennes est propulsé à la tête de la Commission européenne. C’est ainsi qu’en 2014, le Parlement européen avait fait de Jean-Claude Juncker (le « spitzenkandidat » du PPE, le parti de droite) le patron du gouvernement de l’Union européenne.

« Je ne laisserai pas à ces grands partis européens le monopole du débat sur l’Europe et les élections européennes », avait lancé Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne qui avait fixé en septembre dernier son ambition pour l’Europe. A cette occasion, il avait confirmé son idée de listes transnationales qui aurait permis de remédier au problème en donnant plus de poids aux citoyens.

Constituées sur le contingent britannique laissé libre par le Brexit, ces listes auraient permis aux citoyens de tous les Etats de voter directement pour celui qui, dirigeant la liste constituée par le parti avec des candidats de plusieurs nationalités, aurait eu vocation à diriger la Commission européenne. Idée rejetée par le Parlement européen, qui a infligé au Président français un vrai camouflet.

A un peu plus d’un an des élections, il se retrouve en plein dilemme. Issu d’un parti non affilié à l’une des grandes forces européennes, Emmanuel Macron n’a pas de candidat naturel.

Barnier aurait le profil, mais…

En théorie, le nom de Michel Barnier pourrait coller avec les ambitions macronistes. L’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy est actuellement le Monsieur Brexit de la Commission et sa mission devrait être achevée après le scrutin du printemps 2019. Mais celui-ci ne pourrait pas briguer le poste s’il n’est pas investi par le PPE. Seulement, le chef de l’Etat pourrait avoir des difficultés à soutenir officiellement le candidat d’un mouvement de plus en plus marqué à droite qui accueille en son sein non seulement Angela Merkel (Allemagne) et Mariano Rajoy (Espagne), mais aussi l’Autrichien Sebastian Kurz (allié à l’extrême droite locale) ou le Hongrois Viktor Orban à la tête de l’un des régimes les plus autoritaires d’Europe.

Logiquement, c’est donc vers un candidat issu de la famille centriste-libérale (ADLE) qu’Emmanuel Macron pourrait se tourner. Problème, celle qui tient la corde (la Danoise Margrethe Vestager) est issue d’un pays non membre de la zone euro.

Le président de la République se simplifierait donc la vie s’il arrivait à faire émerger une personnalité transpartisane consensuelle; s’il s’agissait d’un Français, cela lui faciliterait encore la donne.

Par Alexandre Boudet

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