Ouverture prochaine d’une ambassade israélienne….à Riyad

Le 5 juillet 2018, le média saoudien en ligne, Al Khaled, a publié une tribune intitulée « Oui à une ambassade israélienne à Riyad » dans laquelle il est clairement indiqué : « nous serions très contents de voir une ambassade israélienne à Riyad et une ambassade saoudienne dans la capitale israélienne, Jérusalem Ouest ». Effectivement, les rapprochements entre Israël et l’Arabie saoudite ne sont un secret pour personne. La question se pose, désormais, d’une normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays, ce qui constituerait un véritable big bang dans le monde arabo-musulman. L’Arabie saoudite modifie radicalement sa position dans les relations israélo-palestiniennes : elle multiplie les critiques à l’endroit des dirigeants palestiniens (qu’elle est sur le point d’abandonner), et privilégie un rapprochement avec Israël, dans son combat contre l’Iran et la Turquie.

Rappelons que le Prince héritier Mohamed ben Salman a eu des mots très durs à l’endroit des palestiniens, lors de sa rencontre avec des responsables juifs américains (représentants de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), des Fédérations juives d’Amérique du Nord, du Comité des juifs américains, de la Ligue anti-diffamation et de l’Ordre indépendant du B’nai B’rith à New York) le 27 mars 2018 : « Au cours des dernières décennies, les dirigeants palestiniens ont manqué les opportunités, les unes après les autres, et rejeté toutes les propositions de paix qui leur ont été faites. Il est temps que les Palestiniens acceptent les propositions, qu’ils viennent à la table des négociations ou alors qu’ils ferment leur bouche et qu’ils arrêtent de se plaindre. ». Il a également indiqué que « la question palestinienne n’était pas une priorité absolue pour Riyad »

Israël, en quête d’une normalisation avec l’ensemble des acteurs régionaux, accueille très favorablement ce rapprochement : sur le compte twitter en arabe du Ministère israélien des Affaires Etrangères, l’Etat juif a confirmé vouloir tendre sa main pour la paix avec tous les pays de la région. L’Etat juif répondait, en fait, à un journaliste saoudien pour qui « la paix mettra fin aux surenchères nationalistes et dévoilera les mensonges des groupes extrémistes et des mouvements islamiques criminels qui pratiquent le terrorisme, sous couvert de défense de la cause palestinienne ».

D’un côté, Israël mesure l’importance du Royaume saoudien dans la normalisation future de ses relations diplomatiques avec l’ensemble des pays arabes qui l’entourent. De son côté, pragmatique, le Prince héritier Mohamed Ben Salman, n’entend plus occulter la reconnaissance internationale d’Israël, en tant que pays, membre des nations Unies (déjà reconnu par les 5 membres du Conseil de sécurité). Il est donc dans l’intérêt des Saoudiens de sortir de ce déni du monde arabe qui refuse de considérer Israël comme un Etat (doté de la personnalité juridique) au sein des Nations Unies : non seulement Israël est un pays influent dans le monde mais en outre, il participe aux processus d’élaboration des grandes décisions internationales. Ainsi, continuer de faire l’impasse sur Israël devient parfaitement insensé.

Il est vrai que les monarchies pétrolières ont vu d’un très mauvais œil l’éclosion des printemps arabes qui se sont répandus dans les pays arabes limitrophes, à même de bouleverser le mode spécifique de leur fonctionnement étatiques qui assure, aux familles royales, le contrôle du pouvoir politique et des ressources pétrolières. Le mouvement de démocratisation des pays arabes était sur le point de transformer les régimes monarchiques en dictatures populaires islamiques, incontrôlables.

L’Arabie saoudite préfère donc, désormais, se focaliser sur l’axe chiite, à savoir l’Iran, la Syrie, le Hezbollah libanais qui dissimulent leur expansionnisme idéologique derrière, d’une part, leur proximité avec les mouvements terroristes palestiniens Hamas, Djihad islamique, et autres émanations terroristes proches de l’OLP et, d’autre part, la victimisation des palestiniens. Il apparaît plus opportun, pour l’Arabie saoudite, de lâcher les palestiniens et leur combat insensé pour une terre qu’ils n’ont jamais eue ni contrôlée, pour se concentrer sur l’ennemi iranien, qu’il a en commun avec Israël.

Les chiites iraniens cherchent à étendre leur influence idéologique sur la région, tout comme les Turcs voudraient être à la tête d’une forme de khalifat prenant la forme d’une démocratie islamique régionale. Aussi, les Saoudiens se souviennent qu’ils sont, en fin de compte, plus proches des voisins (voire des cousins) juifs que des Perses ou des Turcs.

Israël se réjouit donc de l’adoption de cette position nouvelle : Yossi Melman (commentateur spécialiste de la sécurité et du renseignement israéliens) rappelle à qui veut l’entendre, que l’Iran est à la fois l’ennemi d’Israël et de l’Arabie saoudite. Sans vouloir appliquer l’adage selon lequel « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », il a confirmé la multiplication des contacts téléphoniques, même s’ils sont pour l’heure, entretenus dans le plus grand secret et la plus grande discrétion. De même, le député israélien Yossi Yona a, le 8 juillet 2018, invité le prince héritier Mohamed Ben Salman à visiter Israël et à prononcer un discours à la Knesset.

Mohamed Ben Salman ne semble pas fondamentalement hostile à cette démarche : en mars 2018, il avait déjà déclaré qu’Israël avait le droit de vivre sur ses terres, c’est-à-dire sur son propre territoire. De même, il ne subordonne pas la normalisation des relations diplomatiques avec Israël à l’application du plan du Roi Saoudiien Abdallah, (en 2002), qui préconisait l’établissement de l’Etat de Palestine sur les « frontières (dites) de 1967 avec un partage de Jérusalem ». La normalisation des relations entre Riyad et Jérusalem devrait donc pouvoir s’opérer de façon autonome.

Ce projet de normalisation n’est toutefois pas sans obstacle : la Jordanie voit d’un mauvais œil ce rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite : le Royaume Hachémite fait partie des rares pays arabes qui ont signé la paix avec Israël (en 1994, alors que l’Egypte l’a signée le 26 mars 1979). Aussi, craint-elle qu’un accord de paix avec l’Arabie Saoudite supprime ce qui est absurdement qualifié de « droit au retour des palestiniens ». Le Royaume hachémite serait tenu alors de conserver les palestiniens sur son territoire, qu’il a toujours eu le plus grand mal à gérer.

Le second problème pour MBS tient à la préparation de sa propre population. Elle ne semble pas tout à fait mûre pour modifier son attitude à l’égard d’Israël : accepter qu’Israël devienne un partenaire stratégique (et commercer avec lui comme si les relations avaient toujours été au beau fixe), alors qu’il a toujours été considéré comme l’ennemi éternel du monde de l’Islam n’est pas immédiatement envisageable.

Bon nombre de familles fortunées du Royaume cherchent à quitter le pays pour s’établir sous d’autres cieux, le temps de permettre à MBS de reprendre ses esprits. D’autres, plus vindicatifs ne cachent leur volonté de l’éliminer. Par mesure de rétorsion, le prince héritier a alors demandé aux fuyards d’abandonner tous leurs avoirs en Arabie Saoudite. Si tout n’est pas gagné, l’ouverture prochaine des ambassades croisées dans les deux pays engagera un processus irréversible.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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Tarzoon

Momo arrête….il paraît que ça rend sourd ! Il vaut mieux rejoindre les 77 vierges …ça c est du con- cret….enfin si on peut dire….