Emmanuel Macron à Tourcoing (Nord) le 14 novembre 2017. ( POOL/AFP / FRANCOIS LO PRESTI )

Le courageux discours d’Emmanuel Macron sur les banlieues et le communautarisme ©

Par Maurice-Ruben Hayoun

Suivant un dosage subtil et bien maîtrisé, le président de la République a commencé par rendre hommage silencieusement (et il a bien fait) aux victimes de la barbarie islamiste d’il y a deux ans, avant de se tourner vers les banlieues qu’il entend tirer de leur état d’abandon et d’une déshérence qu’elles vivent très mal.

Et on les comprend. Tout simplement, et ceci représente une nouveauté dans la conduite politique des affaires intérieures, le président a nommé les choses par leur nom, attribuant aux uns et aux autres les responsabilités qui sont les leurs et les devoirs qui leur incombent.

Il a reconnu ce que des journalistes et des sociologues avaient dénoncé depuis des décennies, à savoir l’abandon par la République et ses élus de nombreux territoires tombés sous la coupe de groupes violents et de trafiquants de drogue.

Je me souviens d’un reportage à la télévision où des journalistes se sont vu interdire de filmer certains quartiers nord d’une grand cité méridionale, même en présence d’une sénatrice qui souriait… A partir de cet instant là, tout devenait permis, l’autorité de l’Etat était bafouée publiquement.

Emmanuel Macron a prononcé un long discours, près de 80 minutes, ce qui est rarissime, car la capacité d’attention des auditeurs ne dépasse jamais 20 minutes, même s’il s’agit d’un oracle présidentiel. Mais les plus courageux ont pu entendre que le président français entendait reprendre les choses en main. Indiquant aux uns et aux autres leurs devoirs mais aussi leurs obligations.

On a vu des habitants de ces quartiers se plaindre d’un chômage endémique, d’une désertification administrative, plus de poste de police, plus de bureau de poste, plus rien. Une désolation dans laquelle s’installent aussitôt les Salafistes et les éléments les plus radicalisés (même si je trouve que ce terme est mal choisi, faute de mieux…)

On se souvient du débat entre l’actuel président et l’ancien Premier Ministre au sujet de la genèse des troubles et des attentats qui endeuillèrent la France il y a tout juste deux ans. Manuel Valls ne voulait pas entendre parler d’une sorte de compréhension des attentats alors que son ministre d’alors prônait justement une attitude conciliante mais ferme.

Emmanuel Macron a rétabli l’équilibre hier entre ces deux attitudes opposées.

La question est de savoir si le diagnostic a été posé. S’agit-il d’un problème purement socio-culturel ou socio-économique ? Sommes-nous vraiment en présence d’une négligence de cette nature dont seraient victimes les gens des banlieues ? Après tout, ces banlieues n’existent pas depuis hier… C’est une certaine évolution sociologique qui les a stigmatisées et a fait que les employeurs et les acteurs économiques ont progressivement quitté ces lieux pour des endroits plus calmes…

J’ai entendu des Français de souche dire qu’ils habitent en Seine-Saint-Denis depuis des générations, qu’il y faisait bon vivre et que depuis un demi-siècle environ, les choses ont pris une autre tournure, provoquant la migration des anciennes populations.

A titre d’exemple, citons une ville reliée à Paris par un tramway en moins de vingt minutes et où les officiers canadiens et américains venaient dès 1945/46 en convalescence pour se remettre de rudes périodes passées sur le front : que sont devenues ces mêmes villas aujourd’hui ?

Si l’on veut vraiment peser sur l’évolution des choses, les canaliser et les réorienter, il faut s’assurer d’avoir posé le bon diagnostic : sommes-nous en présence de gens qui veulent devenir de bons Français, même si la France, leur pays d’adoption, est un pays chrétien ou judéo-chrétien ?

Se pose alors la question de leur propre dénomination ou appartenance religieuse.

Vu du point de vue strictement français, la République est laïque et ne reconnaît aucun culte en tant que tel, mais elle garantit à tous la liberté de conscience. Est-ce que nous pouvons offrir de ce principe intangible une formulation compréhensible et acceptable par les partenaires hésitants de la République, ces nouveaux-venus dans le pacte républicain ?

C’est là que se situe le problème, c’est là que gît l’incompréhension. L’injection de milliards d’euros n’y changera rien. Cela a déjà été fait et pourtant rien n’a changé.

Que faire avec des élèves qui ne veulent pas de cours d’histoire sur les croisades et sur la Shoah ? Les exclure, les garder, les isoler ? Voilà où se situe le problème. Il ne faut pas se contenter d’habiter dans un pays, il faut aussi y vivre. C’est-à-dire s’identifier à son histoire et épouser son avenir.

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage: Franz Rosenzweig (Agora, universpoche, 2015)


Nous vous informons que le professeur Maurice-Ruben Hayoun, dont les chroniques sur JFORUM font notre plaisir, va tenir prochainement un cycle de conférences à la Mairie du 16ème arrondissement de Paris, sur le thème « L’Europe, plus une culture qu’un continent – Aux racines de la culture européenne.

Ce nouveau cycle de conférences se penche sur l’humus spirituel et les valeurs premières qui gisent au fondement de ce continent.

Mais l’Europe n’est pas seulement un continent, c’est aussi et surtout une culture, axée autour de courants spirituels et d’écoles philosophiques, qui passent à juste titre pour sa constitution théologico-politique ou éthique.

Les réflexions qui seront exposées dans la salle des mariages de la Mairie du 16ème arrondissement couvrent la critique biblique, la littérature éthique, la philosophie médiévale sous son triple aspect, gréco-arabe, chrétienne et juive au miroir des pères spirituels de l’Europe : Thomas d’Aquin, Maimonide, Averroès et Maître Eckhart.

Le programme est le suivant :

Jeudi 23 novembre – 19h : L’allégorie philosophique d’Ibn Tufayl, Vivant fils de l’éveillé (Hayy ibn Yaqzan)

Jeudi 14 décembre – 19h : Qui était Maître Eckhard?

ENTREE LIBRE – Dans les salons de la Mairie

Mairie du 16e Arrondissement : 71, avenue Henri Martin

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marman68

cela fait plus d’un an que je dois vivre avec 100 euros par mois à la retraite, monsieur vous êtes imcapable de vous occuper de la France et encore moins des Français, CASSEZ-VOUS, et votre poste laissez-le à des gens qui savent, vous voulez vous occuper des immigrés mais vous êtes incapable de vous occuper de ceux qui sont là, vous êtes incapable de vous occuper des vrais problèmes des Français, votre souhait le plus chère c’est de nous mettrent tous dans la merde pour faire avancer l’Europe, pour faire avancer la mondialisation mais, de la France et des Français vous n’en avez rien à foutre, CASSEZ-VOUS,
vous ne m’encourager qu’a voter Front National, quand à ceux qui refusent les lois de la république c’est vous qui les acceptez, NOUS, comme d’habitude on ne fait que subir, j’ai plus de 60 ans et jusqu’à présent vous êtes le plus grand charlot, et vous battez de loin tous les autres

Danielle

Ceux qui refusent les lois de la république doivent aussi refuser la nationalité française.
L’intégration dans un pays passe par la bonne volonté de l’immigrant et le dévouement des accueillants.
On n’accueille pas en disant : voila un logement, un travail et débrouille-toi ? il fallait les encadrer les Arabes.
Et les Français n’ont rien compris à ce type d’immigrants , ils ont donc préféré les abandonner !
N’est pas immigrant en France qui veut !
Voila le résultat en 2017 !