Par Manfred Gerstenfeld
Norvège : une meilleure configuration électorale ne freinera pas la poussée antisioniste et antisémite.
Ces dernières années, le gouvernement de Norvège s’est, probablement, livré à plus d’incitation anti-israélienne que n’importe quel autre pays occidental. La défaite de la coalition du Premier Ministre travailliste Jens Stoltenberg, constituée de trois partis, la semaine dernière, offre une occasion idéale d’exposer plusieurs facettes que peut prendre cette haine et d’évaluer comment on peut s’attendre à ce qu’elle évolue, à présent.
Il était symptomatique de voir que, quand Stoltenberg a manifesté de la reconnaissance envers des gens pour leur soutien, au cours de sa campagne, il a tout spécialement remercié les dirigeants du syndicat LO et l’organisation de jeunesse du parti travailliste, l’AUF. Ces deux mouvements ont joué un rôle central dans la diabolisation d’Israël.
Les dirigeants des syndicats ont calomnié Israël de manière incessante. Le paroxysme, dans leur promotion de la haine, a été atteint le Jour de la fête du Travail, le 1er mai. Il est rare qu’un de leurs responsables s’affiche, durant ces rassemblements, pour traiter de questions internationales hors-sujet. Or, presque tous ont appelé au boycott, ou ont fait de l’incitation contre Israël, d’une manière ou d’une autre. Déjà, en 2002, Gerd Liv- Valla, le dirigeant du syndicat LO, appelait au boycott d’Israël. Stoltenberg s’est exprimé en diverses occasions, lors des manifestations du 1er mai et a toujours feint d’ignorer la haine d’Israël qui s’y donnait libre cours.
L’AUF a été propulsé sous les projecteurs des médias mondiaux, lorsque le criminel Anders Breivik a tué 69 adolescents dans un de ses camps d’été, sur l’île d’Utoya, en 2011. Un effet secondaire de l’énorme attention médiatique consacrée à l’évènement a révélé, à grande échelle, de quelle façon des adolescents de 14 ans et plus y ont été endoctrinés à haïr Israël. Un certain nombre de survivants d’Utoya étaient candidats du Parti Travailliste, pour les élections du 9 septembre.
Jonas Gahr Stoere est, indéniablement, le chef d’orchestre du Parti travailliste, dans l’incitation contre Israël. L’homme a été Ministre des affaires étrangères, jusqu’en 2012. Son successeur, Jespen Barth Eide, a produit des déclarations moins incendiaires, tout en poursuivant, néanmoins, une ligne politique tout-à-fait identique. Un peu plus tôt dans le cours de cette année, il a reconnu que Stoere a délibérément menti, par deux fois, sous la foi du serment, au Parlement, en démentant que la Norvège finançait indirectement des assassins palestiniens subventionnés par le contribuable, dans les prisons israéliennes.
Stoere a, aussi, ouvertement nié, en janvier 2012, lors d’une émission de TV2, qu’il s’adressait directement au Hamas. Mais, l’animateur du programme a coupé court et lui a rétorqué qu’Ismaïl Haniyeh lui avait parlé de leurs chaleureuses conversations. Dans une interview avec le
Stoere a été pris en photo au camp d’Utoya en 2011, devant une banderole appelant au boycott d’Israël. Il a déclaré, sur place, qu’il était, néanmoins, opposé à ce boycott. Peut-être que son acte anti-israélien le plus extrémiste a consisté à rédiger le commentaire de quatrième de couverture de :
En 2012, Stoere a écrit dans le
Au cours du mandat de Stoere, l’Ambassadeur de Norvège en Israël, Svein Sevje a suggéré que les meurtres de Breivik étaient totalement incompréhensibles pour les Norvégiens, contrairement aux meurtres de civils israéliens, que les Palestiniens comprenaient très bien. Les remarques iniques et assez médiatisées de cet « ambassadeur » ont probablement provoqué plus de dégâts sur l’image de la Norvège en Israël que n’importe qui d’autre auparavant.
En 2010, l’Ambassadeur de Norvège en Syrie à l’époque, Rolf Willy Hansen, a fait l’éloge public de « l’artiste » Hakon Gullvag, dont l’exposition de peintures anti-israéliennes à Damas était cofinancée par son ambassade. En 2009, le gouvernement Stoltenberg a dépensé 20 millions de $ pour l’hommage, une année durant, à l’écrivain Knut Hamsun, pour le 150ème anniversaire de sa naissance. Hamsun avait dédié son prix Nobel de littérature au Ministre allemand de la propagande nazie, Joseph Goebbels.
Le partenaire du Parti travailliste dans la défaite de leur gouvernement, le Parti de la Gauche Socialiste, a fait de l’incitation anti-israélienne un credo encore plus criant. Le troisième partenaire de cette coalition, le Parti Centriste, veut interdire la circoncision. Un rapport de l’OSCE de 2012 a sévèrement critiqué le gouvernement norvégien pour son attitude discriminatoire, tant envers le Juifs que les Musulmans.
A quoi peut s’attendre Israël, de la part des partis conservateur et du Progrès, les deux partis les plus représentés du Centre-Droit, qui seront, probablement, les courants dominants du prochain gouvernement? Ils auront besoin du soutien, soit des Chrétiens-Démocrates soit des Libéraux pour bénéficier d’une majorité parlementaire. Les Conservateurs manifestent peu d’intérêt pour la politique étrangère. Le Parti du Progrès, sous la férule de son dirigeant Siv Jansen, est résolument pro-Israélien et c’est aussi vrai pour la plupart des députés Démocrates-Chrétiens. On devrait ainsi enregistrer une amélioration perceptible dans l’attitude officielle de la Norvège envers Israël.
Les principaux medias norvégiens, cependant, continueront à promouvoir la haine d’Israël. La même chose prévaut, en ce qui concerne les syndicats, plusieurs chefs de l’Eglise Luthérienne, les ONG les universitaires et les leaders d’opinion au sein de la société civile. Le Roi Harald V pourra continuer de décerner ses médailles royales aux antisémites les plus remarqués, tout comme il l’a fait tout au long du règne Stoltenberg.
En 2011, une étude de la municipalité d’Oslo a découvert qu’un tiers des élèves juifs des lycées sont victimes de harcèlement physique ou/et verbal, au moins deux à trois fois par mois voir Lycée Pailleron, en France Article original« >Article original. Leurs camarades de classe ne vont probablement pas interrompre leurs pratiques traditionnelles au seul motif que le gouvernement Stoltenberg a bu la tasse. L’une des nombreuses requêtes cruciales qu’Israël devrait transmettre au nouveau gouvernement norvégien serait qu’il mandate une enquête indépendante et détaillée, pour révéler qui sont ceux qui ont semé dans l’opinion publique norvégienne la croyance ahurissante, partagée par 1, 5 million d’adultes norvégiens consentants, qu’Israël se comporte comme l’Allemagne nazie.
Adaptation : Marc Brzustowski.