Le Fatah et le Hamas islamiste, qui gouverne la bande de Ghaza, temporisent dans la mise en oeuvre de leur réconciliation, afin de servir leurs propres intérêts, selon des experts.

La Commission électorale centrale (CEC) a rouvert mercredi ses bureaux à Gaza, après en avoir reçu l’autorisation du Hamas avec des semaines de retard. Elle attend encore un décret du président Abbas pour réviser ses registres à Gaza, lesquelles remontent au dernier scrutin, en janvier 2006, remporté par le mouvement islamiste.

Ces délais compromettent la tenue des élections présidentielle et législatives en mai, comme le prévoit l’accord de réconciliation conclu le 27 avril 2011 au Caire entre le Fatah et le Hamas, qui contrôlent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et Gaza. Parallèlement, des commissions de réconciliation travaillent sans relâche sur la question des détenus des deux mouvements rivaux, la diffusion de la presse dans l’ensemble des Territoires palestiniens et la délivrance de passeports aux habitants de Gaza, sans parvenir à des améliorations concrètes.

«On nous dit qu’ils sont proches sur les prisonniers politiques, que les questions des passeports et des journaux vont être réglées», remarque Moukhaïmer Abou Saada, professeur de science politique à l’Université Al Azhar de Gaza. «Tous les jours, nous entendons de nouvelles promesses». Selon Omar Chaabane, directeur du groupe de réflexion Palthink à Gaza, «ils ont toujours leurs propres calculs: Abou Mazen (Mahmoud Abbas) pense encore pouvoir tirer quelque chose des discussions avec Israël et le Hamas compte sur les Frères musulmans égyptiens, ils veulent attendre».

«Les discussions n’ont toujours pas commencé sur la formation du gouvernement, ce qui donne le sentiment que les échéances n’ont aucune valeur», a déploré le député indépendant Moustapha Barghouthi, en référence à l’exécutif provisoire non partisan censé organiser les élections, qui devait être annoncé à la fin du mois.

Bien que crédité par les sondages d’intentions de vote favorables aux législatives, le Fatah redoute de s’engager dans une présidentielle sans candidat incontestable, souligne Mahdi Abdelhadi, directeur du centre de réflexion Passia, à Jérusalem.

«Abbas a eu beau leur dire qu’il ne se représentera pas, ils n’arrivent pas à le croire, ni à trouver une alternative, ou un autre candidat», affirme-t-il. Quant au Hamas, «il y a un fossé entre Haniyeh et Mechaal», ajoute-t-il, en référence au chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, et le numéro un du mouvement, en exil à Damas, Khaled Mechaal, accusé d’avoir accepté trop de concessions pour la réconciliation. «Il y a une lutte pour le pouvoir au Hamas entre Gaza et Damas.

A présent, Amman invite Mechaal et Téhéran invite Haniyeh», note-t-il. Khaled Mechaal est attendu demain pour sa première visite officielle depuis 1999 en Jordanie, pays médiateur dans les tentatives de reprise du dialogue israélo-palestinien, alors qu’Ismaïl Haniyeh doit se rendre à la fin du mois en Iran, hostile à tout compromis avec Israël.

Sur la réconciliation, «le Hamas a fait davantage de concessions qu’Abou Mazen», rappelle Moukhaïmer Abou Saada. En outre, le Hamas s’inquiète d’une répétition du scénario électoral de 2006, dans laquelle il se retrouverait frustré des bénéfices de sa victoire par la poursuite du boycottage international, et il recherche donc des garanties, selon les spécialistes.

L’EXPRESSIONDZ.COM Article original

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