Le chef du Mossad Yossi Cohen a bien rencontré des responsables soudanais – Mais rien ne sert de courir…
Le reportage qu’une réunion s’est bien tenue, intervient au milieu de nombreux rapports de discussions de haut niveau entre des responsables israéliens et soudanais, mais aussi du limogeage du porte-parole Haidar Badawi Al-Sadiq, accusé de porter la parole trop vite, trop loin et de nuire à la nécessaire discrétion.
Le chef du Conseil militaire de transition du Soudan, le lieutenant-général Abdel Fattah Al-Burhan, s’entretient avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed lors de la signature d’un accord de partage du pouvoir à Khartoum, au Soudan, le 17 août 2019
(crédit photo: REUTERS / MOHAMED NURELDIN ABDALLAH)
Le chef du Mossad, Yossi Cohen, a rencontré le vice-président du Conseil souverain soudanais, le général Mohamed Hamdan Dagalo, échange qui a également été médiatisé par des responsables des Émirats arabes unis, selon un rapport du Haaretz vendredi, citant un reportage du journal qatari basé à Londres, Al-Arabi Al-Jadid (ou The New Arab). Il décrit le responsable émirati impliqué dans le processus de médiation comme étant Tahnoun Ben-Zayed, conseiller à la sécurité nationale avec rang de Ministre, et frère du Prince héritier. Le Soudan a nié ce reportage sur cette réunion.
Le Cheikh Tahnoun a reçu Yossi Cohen, le chef de l’agence de renseignement israélienne, Mossad, le 18 août 2020, après le succès de l’accord de paix EAU-Israël
Le Conseil souverain soudanais est un organe militaire et civil conjoint qui supervise le gouvernement de transition, après l’éviction du dictateur de longue date Omar el-Béchir, avec des élections qui devraient avoir lieu en 2020, marquant un pas vers une gouvernance (plus) démocratique.
Selon le reportage, le membre du conseil Mohamed al-Faki a déclaré qu’il n’avait pas connaissance de la réunion et que le conseil ne voulait pas discuter de la question.
Le reportage sur la tenue d’une réunion est intervenu au milieu de nombreux rapports de discussions de haut niveau entre des responsables israéliens et soudanais sur l’établissement de relations normalisées, dans la foulée du récent accord de normalisation EAU-Israël et d’une réunion largement médiatisée entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le lieutenant général Abdel Fattah Abdelrahman al -Burhan, président du Conseil de souveraineté du Soudan et chef de l’armée soudanaise, en février en Ouganda.
De même, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, Haidar Badawi al-Sadiq, a déclaré à Sky News Arabia que le Soudan attend avec impatience un accord de paix avec Israël mercredi, ce qui lui a valu son renvoi sine die.
S’adressant à l’Associated Press, un responsable du gouvernement soudanais, gardant cette fois, prudemment l’anonymat,a indiqué que les pourparlers entre le Soudan et Israël avaient lieu depuis des mois, sous la médiation de l’Égypte, des Émirats arabes unis et des États-Unis.
« Ce n’est qu’une question de temps avant de fermer tous les angles morts », a déclaré le responsable anonyme.
« La décision des EAU nous a encouragés et a rassuré certaines des voix du gouvernement qui craignaient une réaction publique au Soudan. »
On décèle donc que, dans ce processus de changement accéléré, si ce n’est à marche forcée, depuis le mouvement de libération au Soudan, ouvrant la voie à la destitution d’El Béchir et à l’avènement de ce gouvernement militaro-civil de transition, les deux tendances contradictoires persistent. Certains semblent plus pressés que d’autres de conclure, au risque que les seconds évincent les premiers, s’ils précipitent ce processus sensible…
Alla Salah, égérie de la contestation d’Omar El Béchir, à Khartoum le 10 avril 2019.
Côté israélien, l’urgence à conclure semble plus relié aux enjeux de représentation pour l’actuel chef de gouvernement, qui cherche un contrepoids au chaos relatif qui règne, dans plusieurs domaines politiques, économiques, sanitaires,… marqués par l’impasse. Toute nouvelle percée diplomatique, « en pleine lumière », est associée à un succès de prestige, alors que la gouvernance interne duale subit des crises de hoquet marquées…
Dans ces négociations, un pays déjà convaincu de signer, les EAU, intervient comme médiateur, aux côté du négociateur en chef israélien et patron de l’agence d’espionnage…
Tous les atouts et même les plus secrets semblent être mis dans la balance pour parvenir à un résultat. Le temps diplomatique ne correspond pas nécessairement au rythme médiatique, ni à une volonté politique d’enchaîner des succès de cet ordre, à un moment où les deux têtes de l’Etat, visiblement ne s’entendent pas sur la marche à suivre… (Ce qui retarde d’autant les résultats escomptés et ainsi de suite, car qui se laisse convaincre par un gouvernement instable?).
Sur le plan régional, un jeu de rôles du bad cop-good cop s’est mis en place, entre l’Arabie Saoudite, -garante non seulement des Lieux Saints de l’Islam, mais de la « marche à suivre », pour le monde arabo-islamique en général, la Ligue Arabe en particulier – et les Emirats Arabes Unis, fer de lance ultra-modernisatrice d’un ensemble de structures étatiques rigides et vieillissantes. Le pari sur la normalisation avec Israël s’établit donc selon ce système à deux vitesses. Quand les EAU « lâchent les gaz », et accélèrent le programme, l’Arabie Saoudite semble se contenter, à l’interne, de mesurettes symboliques (sur le droit des femmes, par exemple) et prendre le temps de ne voir, en aucun cas, son leadership contester, parce qu’elle irait trop vite en besogne, en « liquidant la cause palestinienne », aux yeux des rues arabes, notamment. La condition de ce changement, c’est aussi que les populations, dans leurs majorités, basculent du « bon côté du manche », au moment voulu.
Qu’il s’agisse du Soudan, du Bahrein ou d’Oman, parmi les plus visées par les cajoleries diplomatiques américano-israéliennes actuellement, les intercesseurs des deux côtés, israélien ou arabo-musulman, fluctuent au rythme de ces hésitations, mais aussi des avantages engrangés au fur et à mesure de ces négociations et des constats observés chez ceux qui sont entrés dans la danse depuis 1979 (Le Caire, Amman et maintenant Abu Dhabi). La question soulevée des systèmes d’armement sophistiqués américains, l’appétit de Trump à sauver son économie, en dépit du marasme de la Covid-19, à trois mois des élections, l’endossement du rôle de facilitateur ou d’obstacle par Jérusalem, dans l’acquisition de ces armes ou avantages, et l’évaluation de tout ce qui peut en découler pour les autres marchés technologiques, de cyberdéfense, etc., à l’avenir, font partie de ces anticipations sur les intérêts réciproques.
Un autre volet déterminant concerne les enjeux pour l’avenir de l’Afrique du Nord, dans le bras de fer sur le gaz, le pétrole et les migrants, tels qu’ils s’orchestrent dans le choc frontal entre Tripoli et Banghazi en Libye, entre Sarraj et Haftar, qui, dit-on, viendraient de parvenir à un cessez-le-feu. Derrière eux s’agitent les parrains turc et égyptien (donc Emirati et Saoudien), qui décident de l’arrêt ou de la poursuite du conflit et selon quels termes.
Bilal Erdogan, l’héritier du trône de l’empire néo-ottoman cofondé avec Daesh, ici avec des commandants djihadistes servant d’intermédiaires en affaires.
Sans la protection des américains et de la CIA les turcs auraient-ils put se permettre tout cela ? Les Américians, enfin les gouvernements américains depuis Lindon B Johnson sont entièrment responsable de ce foutu bordel ! Mais qui tire donc les ficelles ?