Le président Donald Trump a déclaré lundi qu’il prenait de l’hydroxychloroquine, le médicament antipaludique controversé dont l’utilisation pour lutter contre le COVID-19 a été largement préconisée par un médecin hassidique du nord de l’État de New York.

Le médecin, Vladimir Zelenko, qui a exprimé son soutien à Trump sur les réseaux sociaux, a envoyé une lettre à la Maison Blanche en mars au sujet de ses premiers résultats dans l’utilisation du médicament pour traiter les cas présumés de Covid en ambulatoire. S’adressant aux journalistes après une réunion avec des dirigeants de restaurants à la Maison Blanche lundi, le président a déclaré qu’il avait commencé à prendre le médicament après avoir reçu une lettre d’un médecin de New York qui traitait ses patients avec, bien qu’il n’ait pas nommé le médecin.

« Il ne voulait rien », a déclaré Trump à propos du médecin. «Il vient de dire: ‘Monsieur, j’ai des centaines de patients et je leur donne de l’hydroxychloroquine, je leur donne du Z-pak, qui est de l’azithromycine, et je leur donne du zinc. Et sur des centaines de patients, plusieurs centaines de patients, je n’en ai perdu aucun. Il a dit: « Continuez à m’appuyer, monsieur. » »

Trump a déclaré qu’il prenait de l’hydroxychloroquine et un supplément de zinc, mais pas l’antibiotique azithromycine.

Dans une conversation téléphonique immédiatement après les commentaires télévisés de Trump à l’échelle nationale, Zelenko a refusé de dire s’il avait déjà su que Trump prenait ce médicament. Il a déclaré qu’il n’avait jamais parlé directement avec le président, ni été consulté par quiconque à la Maison Blanche pour déterminer le traitement que devrait ou non prendre Trump.

En mars, Zelenko a envoyé une lettre avec les résultats autodéclarés de sa pratique de soins primaires – en dehors de l’enclave hassidique de Kiryas Joel, NY – qui n’a montré aucun décès et seulement quelques hospitalisations sur des centaines de personnes traitées avec le régime d’hydroxychloroquine. Mark Meadows, chef de cabinet de Trump, a ensuite communiqué avec Zelenko au sujet des résultats, qui n’avaient pas fait l’objet d’un examen par les pairs.

Zelenko a déclaré dans l’interview lundi qu’il avait envoyé des messages texte à Meadows au cours du mois dernier au sujet de recherches émergentes sur l’hydroxychloroquine, et avait discuté de l’hydroxychloroquine avec Rudy Giuliani, l’avocat personnel de Trump, et le sénateur Ron Johnson, du Wisconsin. Lorsqu’on lui a demandé s’il savait si l’une de ces personnes avait suggéré à Trump de prendre le médicament, Zelenko a refusé de commenter.

Les chercheurs disent que l’hydroxychloroquine est, dans l’ensemble, un médicament sûr. Il est utilisé depuis des décennies comme antipaludéen et comme traitement de la polyarthrite rhumatoïde, et les effets secondaires sont rares. Les médecins prescrivent le médicament à des patients en soins intensifs atteints de COVID-19 depuis le début de la pandémie, et certains agents de santé et leurs familles l’ont également pris à titre prophylactique pour empêcher la survenue du virus.

Cependant, les principaux responsables de la santé publique ont fait preuve de prudence concernant l’utilisation à grande échelle du médicament pour traiter le COVID-19, car il n’y a aucune preuve d’études contrôlées cliniquement attestant de son efficacité ou de sa sécurité pour cette utilisation. En avril, la Food and Drug Administration a mis en garde contre l’utilisation du médicament pour traiter COVID-19 en dehors d’un établissement hospitalier ou d’une étude cliniquement contrôlée, car le médicament peut provoquer des rythmes cardiaques anormaux, et elle a noté que ces risques sont accrus lorsqu’ils sont prescrits avec de l’azithromycine, qui peut avoir un effet secondaire similaire. On craint également que la prescription excessive pour un traitement non testé de COVID-19 puisse entraîner des pénuries de médicament pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde qui en dépendent.

Dans un tweet au début du mois, le Dr David Boulware, qui dirige un essai cliniquement contrôlé d’hydroxychloroquine à l’Université du Minnesota, a déclaré que son équipe préparait actuellement sa première série de résultats – et que le médicament était globalement sans danger pour les patients externes et l’usage prophylactique.

Zelenko se prépare actuellement à publier ce qu’il a dit être une analyse par les pairs de plus de 1000 de ses patients à qui il a prescrit son régiment d’hydroxychloroquine.

Trump a déclaré lundi qu’il avait suggéré à son médecin à la Maison Blanche de lui donner le médicament, puis qu’il lui a été prescrit. Il a dit qu’il avait commencé à prendre le médicament il y a environ une semaine et demie. Dans une déclaration publiée lundi soir, le médecin de la Maison Blanche, le Dr Sean P. Conley, a déclaré qu’après discussion avec Trump, les deux « ont conclu que les avantages potentiels du traitement l’emportaient sur les risques relatifs« .

« Tout ce que je peux vous dire, c’est que jusqu’à présent, je semble aller bien », a déclaré Trump.

Trump a déclaré qu’il ne prenait pas le médicament parce qu’il avait été exposé à quelqu’un ayant contracté le Covid-19, mais, comme certains agents de santé, à le faire à titre prophylactique.

« Je veux que les gens de cette nation se sentent bien », a déclaré Trump. «Je ne veux pas qu’ils soient malades. Et il y a de très bonnes chances que cela ait un impact. »

Zelenko a déclaré qu’il prend lui-même le médicament et que si Trump avait été son patient, il l’aurait prescrit, en raison de facteurs de risque tels que l’âge du président – 73 ans – et le nombre élevé de personnes avec lesquelles il doit interagir.

« Trump est un être humain comme tout le monde, et je traite tout le monde sur un pied d’égalité », a déclaré Zelenko. «J’aurais certainement recommandé à quelqu’un comme le président Trump de le prendre à titre prophylactique.»

Ari Feldman est rédacteur au Forward. Contactez-le à feldman@forward.com ou suivez-le sur Twitter @aefeldman