Alors que les diplomates de 70 pays discutent à Londres de la façon de lever 9 milliards de $ pour des projets de réhabilitation des réfugiés syriens et la reconstruction de leur pays ravagé par la guerre, son avenir s’est encore assombri de nuages noirs, cette semaine, du fait des divergences exprimées entre ses deux principaux arbitres, la Russie et l’Iran.

Ali Akbar Velayati, conseiller du Guide Suprême Ali Khamenei en matière d’Affaires étrangères, vient de passer trois jours à Moscou, entre le 1er et le 4 février, à haranguer les dirigeants russes, dont le Président Vladimir Poutine qu’il a rencontré deux fois, sur les divergences qui ont surgi au cours de leur longue coopération politique et militaire pour appuyer le régime Assad. 

Le responsable iranien est retourné dans son pays sans avoir pu résoudre ces divergences, révèlent les sources de DEBKAfile. Sont restés en suspend, non seulement les prochaines phases à prévoir dans la conduite de la guerre, mais aussi le destin même du Président Bachar al Assad. 

Velayati a déclaré aux reporters iraniens, qui l’accompagnaient dans son retour par avion : « Nous nous opposons à l’idée de mettre fin à la guerre » et « Cette guerre doit se poursuivre jusqu’à ce que toutes les cellules terroristes syriennes soient éradiquées ».

Il n’est guère entré dans les détails, mais les sources iraniennes et moscovites de Debkafile pointent du doigt qu’il cherchait à souligner les inquiétudes de Téhéran quant aux plans de Moscou concernant le régime Assad, sur lequel l’Iran investit énormément et sur le ralentissement de la campagne aérienne russe contre tout groupe rebelle jusqu’au dernier.

Plus que tout, les dirigeants d’Iran sont décontenancés de découvrir que la Russie, en raison de son intervention militaire proactive, avait modifié sa propre position pour mener le jeu à son profit en Syrie.

Ils sont particulièrement défiants, selon nos sources, à propos des arrangements compliqués qu’élabore Moscou avec Washington, autour de la question syrienne et du dialogue que la Russie entretient avec les Etats du Golfe conduits par l’Arabie Saoudite. Les Iraniens craignent que Poutine ne calibre son offensive contre les groupes rebelles au rythme de ces permutations et qu’il puisse, par conséquent réduire l’intensité des frappes contre les rebelles pro-américains ou « modérés », voire même s’abstenir de les soumettre.

Téhéran regarde d’un oeil désapprobateur l’amélioration des relations que Moscou aménage avec ses rivaux dans la région, Riyad et Abu Dhabi. La semaine dernière, le Ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov s’est rendu en visite dans ces deux capitales arabes afin d’alléger leurs préoccupations pour les groupes rebelles qu’elles soutiennent. Il a promis aux Saoudiens ne ne pas les anéantir, aussi longtemps qu’ils ne se mettent pas en travers du chemin de l’avancée russo-syrienne dans ce pays. 

Etant donnés ces gestes russes, Téhéran perçoit de plus en plus que la guerre en Syrie ne va probablement pas s’achever en faveur du Président Assad.

Lavrov semble avoir confirmé ces inquiétudes iraniennes le 2 février, quand il a déclaré au cours de sa visite à Oman que : « Les frappes aériennes russes ne cesseront pas, tant que nous n’aurons pas réellement vaincu les deux organisations terroristes Daesh et Jabhat al Nusra. Et je ne vois pas pourquoi ces frappes aériennes devraient s’arrêter ».

Les Iraniens ont aussitôt sauté sur cette omission de tous les autres groupes rebelles, exceptés ces deux groupes islamistes, parmi les « ennemis » cités, qui semble confirmer leurs suspicions que Moscou n’agit pas en Yrie que pour son propre compte. C’est la raison de l’élévation de la température, au cours de la deuxième rencontre de Velayati avec le Président russe à Moscou.

Le dirigeant iranien a exigé l’expansion des opérations militaires russes et qu’elle couvre et comprenne plus de cibles rebelles. Poutine a répliqué en disant que si l’Iran veut procéder à une montée en puissance des opérations de guerre, il n’a qu’à envoyer ses propres troupes dans la mêlée – et pas seulement des généraux-conseillers.

Il a touché un point sensible : le Corps des Gardiens de la Révolution d’Iran n’a pas suffisamment de troupes disponibles pour combattre en Syrie. Et c’est ainsi que la mission de Velayati à Moscou s’est achevée sur une note d’amertume.

NDLR : Dernièrement, des observatoires américains ont mentionné l’envoi d’unités iraniennes des forces spéciales de la Brigade Al-Saberin.  

Selon le Général de Brigade Morteza Mirian, ancien commandant de cette brigade, La Saberin a été fondée en 2000, en modelant sa formation sur les fameux SAS britanniques (Service Spécial de l’Air). Le Général-Major Mohammad-Ali Jafari, commandant en chef actuel du Corps des Gardiens de la Révolution a été le premier commandant de la Brigade Saberin. Son chef actuel est le Général de Brigade Mohsen Karimi, nommé le 15 mai 2012. Sa principale mission a consisté à lutter aux marges non-chiites de l’Iran contre les groupes de la rébellion kurde du PJAK, ainsi qu’au Sistan-Baloutchistan contre le Jaish ul-Adl. Certains officiers supérieurs de cette brigade Saberin ont trouvé la mort, dans le Sud syrien à Dera’a, ainsi qu’en région d’Alep. 

 

DEBKAfile Reportage Exclusif 5 Février 2016, 9:06 AM (IDT)

 

Adaptation : Marc Brzustowski

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Ixiane

BRAVO POUTINE , l’IRAN ne sera jamais le Calife du M-O ! Poutine veut l’accès à la Côte méditerranéenne , il veut un pro-russe à la tête de la Syrie !!

JeanD

C’est claire que la Russie ne se bat pas pour les beaux yeux de l’Iran !

Leurs intérêts sont parfois divergents,
et dans ce cas, c’est l’Ours Russe qui commande !