
Saint-Jean-de-Luz : le lycéen mis en examen pour assassinat
Le procureur de la République de Bayonne avait estimé que l’adolescent était accessible à une responsabilité pénale.
JUSTICE – Le lycéen suspecté d’avoir tué sa professeure d’espagnol avec un couteau de cuisine mercredi à Saint-Jean-de-Luz a été mis en examen pour assassinat ce vendredi 24 février après avoir été présenté à un juge d’instruction.
Comme le demandait le parquet de Bayonne l’adolescent de 16 ans, qui n’était jusque-là pas connu de la justice et avait de bons résultats scolaires, sauf en espagnol, a été placé en détention provisoire.
Son avocat, Me. Thierry Sagardoytho a indiqué que le jeune homme allait être incarcéré « dans un lieu dont la destination doit être tenue confidentielle », après présentation aux magistrats. « C’est un établissement qui prendra en compte et sa jeunesse, et les soins dont il a besoin », a-t-il précisé.
« Nous parlons d’un jeune inconnu des radars judiciaires et éducatifs, qui est soudainement passé à l’acte, au prix de motivations personnelles que je m’interdis de mettre sur la place publique mais qui ont besoin d’être sondées, appréciées, testées par des psychiatres », a ajouté l’avocat. Ces évaluations devraient notamment permettre de déterminer si son discernement était « entier », ou « au contraire aboli, ou éventuellement altéré ».
« Il faudra aller bien au-delà de l’examen sommaire », a précisé l’avocat qui s’est dit « effaré de lire le compte rendu » fait à la presse du premier examen psychiatrique dont a fait l’objet l’adolescent en garde à vue.
Une « petite voix » entendue par l’adolescent avant les faits
Jeudi, le procureur de la République de Bayonne Jérôme Bourrier avait indiqué que le garçon avait « mis en avant une petite voix qui lui parle (…), qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat ». Toujours selon le magistrat, le premier examen psychologique de l’adolescent avait révélé « une forme d’anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement » et « des éléments de dépression évoluant depuis une année ».
Malgré cela, rien n’indiquait en l’état qu’il souffre d’une « maladie mentale de type schizophrénie », d’« état maniaque », de « mélancolie », de « retard mental » ou de « décompensation psychiatrique aiguë », selon Jérôme Bourrier. « L’adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises qui devront être ordonnées et d’une possible altération de son discernement », avait ajouté le procureur.
« Ce n’est pas une expertise digne de ce nom, c’est un avis », a protesté Me Sagardoytho pour qui « les vérités d’aujourd’hui risquent fort de ne pas être celles de demain ».
« Je ne veux pas brosser le portrait d’un jeune homme dont je n’ai pas la compétence pour dire de quoi il souffre (…) mais beaucoup de ceux qui le connaissent devinent qu’il y a une problématique », a poursuivi l’avocat, évoquant « une sorte de noyade, de souffrance intime qui a pu mener à l’irréparable ». Selon lui, les parents du jeune homme sont « abasourdis » et « écrasés ».